Le vice-président américain J. D. Vance à son arrivée à Tel-Aviv, en Israël, le 21 octobre 2025. NATHAN HOWARD/AFP
Les tractations et efforts diplomatiques se poursuivent ce mardi 21 octobre afin de consolider le cessez-le-feu en vigueur dans la bande de Gaza, alors que l’accord entre le Hamas et Israël est plus que fragile et que les menaces s’intensifient autour de l’enclave palestinienne. Dimanche 19 octobre, l’Etat hébreu a largué « 153 tonnes de bombes » au-dessus du territoire côtier, tuant 45 Palestiniens, après la mort de deux soldats israéliens, dans les violences les plus importantes depuis l’entrée en vigueur de la trêve le 10 octobre. Ce mardi, alors que les appels à sauver le cessez-le-feu se multiplient de la part de l’ONU ou du président français Emmanuel Macron, le vice-président américain J. D. Vance est en visite en Israël.
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Ce mardi, Donald Trump a assuré que ses alliés au Moyen-Orient et autour étaient prêts à envoyer, à sa demande, des troupes dans la bande de Gaza pour « redresser » le Hamas si le mouvement islamiste palestinien ne mettait pas fin à ses violations de l’accord de cessez-le-feu.
« Nombre de nos désormais grands alliés au Moyen-Orient, et dans les zones alentour, m’ont explicitement et fermement […] informé qu’ils accueilleraient favorablement l’occasion, à ma demande, d’entrer à Gaza en force et “redresser” le Hamas s’il continuait à mal se conduire, en violation de leur accord avec nous », a indiqué le président américain sur sa plateforme Truth Social.
En fin de journée, le vice-président américain JD Vance a contredit Donald Trump en assurant lors d’une conférence de presse qu’« il n’y aura pas de troupes américaines sur le terrain à Gaza ».
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La veille, le locataire de la Maison-Blanche avait pourtant averti le Hamas qu’il serait « éradiqué » s’il ne respecte pas l’accord conclu avec Israël. « Nous avons passé un accord avec le Hamas selon lequel ils vont bien se tenir et si ce n’est pas le cas, nous allons les éradiquer, si nécessaire », avait-il dit à la presse.
Le négociateur en chef du Hamas, Khalil al-Hayya, avait alors assuré que le mouvement islamiste palestinien restait « engagé » dans l’accord de cessez-le-feu. « Nous sommes déterminés à récupérer les corps de toutes les personnes détenues » malgré des « difficultés pour les extraire », a-t-il affirmé ce mardi sur la chaîne égyptienne Al-Qahera News.
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• Les tractations politiques se poursuivent
Le vice-président américain J. D. Vance a atterri à la mi-journée en Israël, où il a été accueilli par le vice-Premier ministre israélien Yariv Levin. Sa visite intervient au lendemain de la venue de Steve Witkoff et Jared Kushner, émissaires de la Maison-Blanche pour la région. Selon le « New York Times », citant des officiels américains, l’administration Trump craint que le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou ne se retire l’accord soutenu par les Etats-Unis.
« Nous nous en sortons très bien » pour l’instauration du cessez-le-feu dans la bande de Gaza, a estimé le vice-président américain JD Vance lors d’une conférence de presse en fin de journée « Chaque fois qu’il y a un acte de violence, il y a cette tendance à dire : “oh, c’est la fin du cessez-le-feu, c’est la fin du plan de paix” », a déclaré lors d’une conférence de presse JD Vance en faisant référence aux bombardements israéliens survenus dimanche. « Ce n’est pas la fin. C’est en fait exactement comme cela doit se passer lorsque vous avez des personnes qui se détestent, qui se sont combattues pendant très longtemps. Nous nous en sortons très bien », a ajouté le dirigeant américain.
Le chef des renseignements égyptiens, Hassan Rachad, s’est également rendu ce mardi dans le territoire hébreu pour rencontrer Benjamin Netanyahou et des officiels israéliens, sur fond d’efforts diplomatiques pour maintenir le cessez-le-feu dans la bande de Gaza, a indiqué le bureau du Premier ministre israélien. Le rôle d’Hassan Rachad dans les négociations ayant conduit au cessez-le-feu avait été publiquement loué par Donald Trump.
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Lors de leur rencontre « au bureau du Premier ministre à Jérusalem », Benyamin Netanyahou et son équipe ont discuté avec Hassan Rachad « de l’avancement du plan du président Trump [pour Gaza], des relations entre Israël et l’Egypte et du renforcement de la paix entre les deux pays, ainsi que d’autres questions régionales », a indiqué le bureau du chef du gouvernement.
Hassan Rachad doit également rencontrer l’émissaire américain Steve Witkoff, arrivé lundi à Jérusalem, selon Extra News, une télévision égyptienne liée à l’Etat.
• Des appels pour sauver le fragile cessez-le-feu
« Le maintien du cessez-le-feu est vital. C’est vraiment le seul moyen de sauver des vies et de lutter contre la famine dans le nord de Gaza », a annoncé devant la presse à Genève Abeer Etefa, porte-parole du Programme alimentaire mondial (PAM) de l’ONU. Le respect du cessez-le-feu sur le long terme et de façon « intégrale permettra au PAM d’intervenir à l’échelle requise pour cette crise et de soutenir efficacement tous les partenaires et les distributions sur le terrain », a-t-elle ajouté.
« Dimanche, nous n’avons pas pu acheminer de nourriture à Gaza par les points de passage en raison des combats. Nous savons que ce cessez-le-feu est fragile. L’essentiel est qu’il dure et que les gens, ainsi que nos équipes sur le terrain, gardent espoir », a-t-elle insisté. Abeer Etefa a indiqué que depuis l’entrée en vigueur du cessez-le-feu, 530 camions du PAM étaient entrés dans l’enclave palestinienne, apportant plus de 6 700 tonnes de nourriture, ce qui, selon elle, « suffit pour nourrir près d’un demi-million de personnes pendant deux semaines ».
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De son côté, le président français Emmanuel Macron a appelé à la réouverture des points d’entrée vers le territoire, « une urgence absolue », pour faire entrer l’aide humanitaire. « La situation demeure très fragile et nous le savons. Il importe que le Hamas respecte pleinement les engagements qu’il a pris […] et que la pression demeure pour que le cessez-le-feu soit pleinement observé », a-t-il dit lors d’une conférence de presse à Ljubljana, en Slovénie. Il faut « passer tout de suite, et c’est l’urgence absolue, à la réouverture des ponts humanitaires et des différentes routes humanitaires pour que l’aide, l’alimentation et les soins de première nécessité puissent être apportés à la population », a-t-il ajouté.
Emmanuel Macron a aussi insisté sur la nécessité qu’une résolution soit prise « dans les meilleurs délais » au Conseil de Sécurité des Nations unies afin d’avoir un « cadre international à la fois [pour] la gouvernance et la sécurité » future de Gaza.
• 15 corps de Palestiniens rendus à Gaza
En parallèle, les échanges entre prisonniers palestiniens et otages israéliens se poursuivent. Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) a déclaré ce mardi « avoir effectué le transfert de corps de Palestiniens décédés aux autorités de Gaza, en tant qu’intermédiaire neutre […] les autorités sanitaires locales de Gaza ont confirmé que le nombre de dépouilles reçues aujourd’hui s’élève à 15 », a-t-il indiqué dans un communiqué.
En vertu de l’accord de cessez-le-feu à Gaza, Israël doit remettre les corps de quinze Palestiniens pour chaque otage israélien décédé restitué. L’Etat hébreu a indiqué ce mardi avoir identifié la treizième dépouille de captif rendue par le Hamas la veille au soir.
Le mouvement islamiste devrait rendre deux nouvelles dépouilles d’otages – sur les quinze qui sont encore dans l’enclave – ce mardi en début de soirée, aux alentours de 21 heures (heure de Paris).