October 18, 2025

"Un compagnon de travail idéal" : les chevaux de trait font leur retour dans les campagnes et renouent avec leurs racines paysannes lors d’un concours atypique

l’essentiel
À Mirande, un événement atypique célébrait, ce samedi 18 octobre, la passion, la tradition et l’agriculture. Un concours lors duquel les stars étaient des chevaux de trait. Reportage.

C’est un drôle de concours de beauté qui a attisé la curiosité du côté de Mirande. Ici, pas de paillettes ni de tapis rouges, mais des sabots cirés et des crinières tressées et décorées. Dans la commune, le samedi a résonné au pas lourd mais tranquille de près de 130 chevaux de trait venus des quatre coins de l’Occitanie.

Au total, quatre-vingts éleveurs ont participé à une compétition régionale atypique, mais désormais incontournable pour les passionnés de ces races qui ont façonné jadis le paysage rural.

Le cheval de trait est apparu au XVIIIe siècle et a été créé par croisements pour tracter les équipements.
Le cheval de trait est apparu au XVIIIe siècle et a été créé par croisements pour tracter les équipements.
DDM – SEBASTIEN LAPEYRERE

Dans les allées, des familles souvent venues avec leurs enfants croisent des Bretons, des Ardennais, des Percherons ou encore des Comtois, brossés, nattés, impeccables. Des chevaux évidemment, mais quelle est leur fonction aujourd’hui ?

Le retour du cheval utile

La question est posée à Didier Incamps, éleveur en Ariège. Il est venu présenter Opaline du Réveillon, une jeune pouliche comtoise d’un an, née en Haute-Saône. À l’origine, le cheval de trait qui fait son apparition au XVIIIe siècle a été créé par croisements pour des besoins militaires. Il sert ensuite dans le tractage de charrues et de véhicules hippomobiles notamment.

133 bêtes étaient présentes à l’événement.
133 bêtes étaient présentes à l’événement.
DDM – SEBASTIEN LAPEYRERE

“Aujourd’hui, le cheval de trait revient dans beaucoup de domaines : les vignes, le maraîchage, le débardage… Le Comtois, en particulier, a un caractère très pacifique, ce qui en fait un compagnon de travail idéal”, raconte-t-il avec passion.

Selon la fédération nationale du cheval, ce sont près de 500 exploitations françaises qui utilisent la traction animale pour des travaux agricoles, le cheval de trait étant bien représenté.

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L’Ariégeois, qui possède vingt-cinq équidés, soutient que les chevaux de trait participent à la renaissance d’un usage agricole ancestrale. “Autrefois, c’était un cheval de viande, c’est la boucherie qui a sauvé la race. Mais aujourd’hui, on le remet au travail. Dans les forêts, il passe là où les machines ne peuvent pas aller, sans abîmer le sol. Dans les serres ou les vignes, il permet un travail plus respectueux de la terre”, explique Didier.

Une passion avant tout

Seulement, le retour du cheval de trait dans les champs n’est pas qu’un effet de nostalgie. Il s’inscrit aussi dans une réflexion sur les pratiques durables dans l’agriculture comme l’a rappelé Didier. “C’est aussi une manière de se diversifier”, souligne Benoît, éleveur.

Jacques Péré est président de l’association des éleveurs des chevaux de trait des Hautes-Pyrénées.
Jacques Péré est président de l’association des éleveurs des chevaux de trait des Hautes-Pyrénées.
DDM – SEBASTIEN LAPEYRERE

Et, au-delà des usages, les éleveurs défendent également l’aspect humain de la pratique. “Être éleveur de chevaux de trait, c’est avant tout une histoire de passion. Personne ne fait cela pour en vivre. On le fait parce qu’on aime ces animaux, parce qu’ils représentent une partie de notre identité.”

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Ainsi, pour l’association des éleveurs de chevaux de trait des Hautes-Pyrénées, qui organise l’événement, il ne s’agit pas que d’un simple concours. “Cela fait plus d’un an que nous travaillons sur ce projet, explique Jacques Péré, président de l’association. Nous avons connu plusieurs refus avant que le département du Gers et le lycée agricole de Mirande ne nous ouvrent leurs portes. C’est un vrai symbole, plusieurs éleveurs ici ont été formés dans ce lycée. Aujourd’hui, ils reviennent pour transmettre à leur tour leur passion.”

Le concours s’est déroulé au lycée agricole de Mirande.
Le concours s’est déroulé au lycée agricole de Mirande.
DDM – SEBASTIEN LAPEYRERE

Durant toute la journée, chaque bête est présentée pour un concours “modèle et allure”, où sont jugées la morphologie, la prestance et la qualité du déplacement. Des mannequins à l’allure impressionnante, qui, au lendemain du défilé, troqueront les rubans et les brosses pour un repos mérité à travers les prairies.

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