À Narbonne, l’école élémentaire Anatole-France mène un projet éducatif original. L’enseignante Virginie Bouvier vient à l’école avec son chien : Snow, un border collie croisé husky, n’a pas son pareil pour apprendre aux enfants à canaliser leurs émotions et recèle bien des vertus pédagogiques.
L’école élémentaire Anatole-France s’est dotée d’une nouvelle mascotte. Elle se déplace à quatre pattes, elle est particulièrement poilue, et déborde d’affection pour les élèves. Il s’agit de Snow, un chien croisé border collie et husky de 6 ans, dont Virginie Bouvier, professeur des écoles, est la maîtresse. Depuis l’an dernier, Snow accompagne l’enseignante en classe et fait le bonheur des enfants comme de l’équipe pédagogique.

Ce projet inédit se nomme “Un chien à l’école”. “L’idée première était de faire profiter les élèves de tous les bénéfices que peut apporter un animal dans une famille. Les enfants ont des besoins primaires que le chien comble par sa seule présence : le besoin d’affection, de complicité, de réconfort… Les enfants vont vers le chien de façon naturelle et c’est un plaisir pour eux d’avoir Snow dans la classe. Ils peuvent aller le voir librement, à n’importe quel moment de la journée, pour faire une pause, lui parler et le câliner. Certains enfants lui racontent des histoires à la bibliothèque, d’autres n’ont même pas besoin d’utiliser le langage, c’est très tactile”.
“Apprendre à gérer ses émotions et être à l’écoute de l’autre”
Quand Virginie Bouvier a lancé le projet “Un chien à l’école”, “le bien-être animal apparaissait tout juste dans le programme de l’Éducation nationale et j’ai sauté sur l’occasion”, explique l’enseignante. Snow a beau être un chien “il sait parfaitement s’exprimer, même auprès des enfants. Quand il en a assez et que c’est trop pour lui, il s’éloigne pour dire stop et les élèves le comprennent parfaitement. À force d’être à son contact, ils sont capables de respecter ce que veut le chien et de gérer leur frustration. Ils apprennent aussi à ressentir quand quelqu’un a besoin d’attention, d’affection ou d’être réconforté : tous ces sujets ont pu être abordés à travers la présence de l’animal”.
Faire profiter les élèves de tous les bénéfices que peut apporter un animal
Au-delà de la joie de côtoyer une boule de poils à l’école, les enfants ont beaucoup à apprendre du chien Snow : “Il existe de nombreux objectifs autour de la présence d’un animal en classe. D’abord le développement des compétences scientifiques. On a travaillé tout un volet avec la morphologie, l’alimentation, la reproduction… ainsi qu’une part d’éducation morale et civique autour du bien-être animal. Depuis que le projet est étendu à toutes les classes de l’école cette année, le bénéfice le plus important porte sur la gestion des émotions. C’est devenu un point clef de notre projet d’école : on s’est rendu compte que de plus en plus, les enfants ont du mal à contenir leur colère, leur tristesse, leur anxiété. On voit des élèves stressés qui peuvent avoir des crises assez importantes et qui deviennent virulents verbalement ou physiquement. Dans ce cadre, la présence d’un animal est un vrai outil qu’on utilise quand on se sent démuni. Il suffit de faire entrer Snow dans la pièce et il apaise la situation : l’enfant se blottit contre le chien, tout se passe naturellement et c’est magique”.
Adopté à l’unanimité par les petits et les grands
Quant à Snow, il est ravi d’aller à l’école. “Je lui pose la question chaque matin avant de partir : il saute dans la voiture et c’est un moment de plaisir pour lui. Il sait que tout le monde l’attend”. Il faut avouer que Snow est bon élève : intelligent, obéissant et attentif, il est aussi extrêmement doux et patient. “Lors des récréations, il est sollicité par des centaines d’enfants. Mais on peut facilement l’éduquer, il apprend très rapidement et il joue le jeu. Son caractère et son comportement permettent de l’intégrer dans la classe. Je pense en effet que tous les chiens ne peuvent pas participer à ce projet”, reconnaît Virginie Bouvier.
L’animal a tout de même reçu son premier avertissement cette semaine, pour avoir chipé un reste de poulet dans la poubelle de la salle des profs. Toute l’école lui pardonne ce petit écart tant Snow a été adopté à l’unanimité. “Je savais que le projet fonctionnerait avec les enfants. Mais ce qui m’a le plus étonnée, c’est combien il a été accueilli avec grand bonheur par les adultes : ça a créé un contact entre nous tous”, souligne la professeure des écoles. La directrice Muriel Flores confirme et ajoute que la présence de Snow “a fédéré les équipes”.
À tel point que la mascotte figure cette année sur la traditionnelle photo de classe. Désormais, les petits et les grands n’envisagent plus un jour d’école sans le chien Snow. “Et quand les enfants viennent avec plaisir, on a gagné, tout s’ouvre derrière”.