Danielle Amouroux, conseillère municipale de Montauban (Tarn-et-Garonne), a été reconnue coupable d’abus de faiblesse sur un homme âgé de presque 98 ans au moment de son procès, mardi 14 octobre 2025. Elle a écopé de 6 mois de prison avec sursis probatoire et une obligation de rembourser le préjudice financier à hauteur de 56 154,38 euros.
Le coup de théâtre s’est produit vers 18h40 dans la salle d’audience du tribunal judiciaire de Montauban (Tarn-et-Garonne), mardi 14 octobre 2025. La présidente Emmanuelle Yvert appelle à la barre le dossier Danielle Amouroux. Mais du côté de la défense, seul son conseil est présent. L’élue municipale de la cité d’Ingres s’est fait porter pâle.
Surprise de la magistrate. “Elle ne vient pas s’expliquer sauf qu’elle conteste”, s’étonne Mme Yvert à l’avocate. “Non, les faits sont reconnus”, glisse cette dernière. L’élue fait machine arrière. Elle qui a toujours réfuté le terme d’abus de faiblesse, concédant simplement un “abus de générosité” selon les termes lus par la présidente, avoue désormais les faits reprochés entre 2018 et 2023.
La victime présente à bientôt 98 ans
Au premier rang, sa victime, Egidio, bientôt 98 ans, est bien présente. Le nonagénaire, accompagné de son petit-fils Matthieu et de son conseil Me Élodie Cipière, ne perd pas une miette du procès qui le reconnaîtra victime. Il patiente là depuis plus de 4 heures. L’avocate, elle, s’étrangle durant sa plaidoirie.
“Je regrette son absence parce que nous aurions aimé avoir des réponses à nos nombreuses questions. Mais je suis soulagé que les faits soient reconnus lors de l’audience”, explique Me Cipière.
56 154,35 euros de préjudice
Dans son résumé, Emmanuelle Yvert revient sur le mécanisme mis en place par Mme Amouroux pour profiter de la faiblesse de l’épouse d’Egidio dans un premier temps. Puis, après son décès, de son mari. Le procédé est bien rodé. Sur la période, elle encaisse 41 chèques pour un préjudice total de 56 154,35 euros.
Parfois, c’est le nonagénaire qui signe. Pour 23 d’entre eux, c’est Mme Amouroux qui a apposé sa signature. Il faudra finalement le signalement d’une conseillère bancaire après un rendez-vous où la prévenue demande un chéquier pour que l’alerte soit donnée.
“Il y a une volonté de profiter de son patrimoine financier”
“Mon client a construit des économies en travaillant toute sa vie. Il n’aurait jamais pensé qu’elle servirait à une tierce personne. On a une dame qui, en tant que curatrice, abusait d’un couple. Il y a une volonté de profiter de Monsieur et de son patrimoine financier”, insiste la partie civile.
Elle rappelle la situation familiale de son client : épouse décédée, fils en Ehpad, petit-fils qui travaille loin de Montauban… “Elle profite de tout cela pour vider les comptes pour agrémenter son quotidien !” Me Cipière sollicite le remboursement des 56 154,38 euros, un préjudice moral de 5 000 euros et 2 500 euros de frais d’avocat “pour une procédure longue”.
“Elle a un comportement fuyant”
La procureure Alice Gardair évoque d’abord la politique de la chaise vide. “Elle est absente aujourd’hui, argue des raisons médicales en mars pour solliciter un renvoi, on aurait pu penser qu’elle voulait s’expliquer mais non.” Après avoir dépeint une “personnalité atypique”, la parquetière tonne : “Elle ne craint que la justice, mais elle a un comportement fuyant.”
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Elle revient sur les nombreuses tentatives pour faire étouffer l’affaire, auprès de la victime, de son petit-fils, “des tentatives de pression sur le parquet et, finalement, son absence aujourd’hui. Elle se dérobe et se fait représenter”, souligne Alice Gardair, amère. Elle requiert 6 mois de prison avec sursis probatoire pendant 2 ans, les obligations de travailler et de réparer les dommages et une interdiction de contact “symbolique”.
“Elle reconnaît qu’elle a abusé”
La défense se dit “l’avocat du diable. Je ne suis pas médecin, j’ai un certificat médical d’un psychiatre. Elle reconnaît les faits et assume les conséquences. Elle présente ses excuses. Elle reconnaît qu’elle a abusé et perdu le contrôle, même s’il n’y a pas de dépenses exorbitantes. J’insiste sur le casier vierge de ma cliente et l’âge – plus de 70 ans – auquel les faits ont été commis.”
Mais l’avocate ne parvient pas à adoucir la sanction. Le tribunal prononce les réquisitions, le remboursement des 56 154,38 euros volés, 1 500 euros de préjudice moral et 600 euros de frais d’avocat à payer.