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Le Nouvel Obs avec AFP
Des manifestants défilent dans les rues d’Athènes dans le cadre d’une grève nationale, le 14 octobre 2024. ARISTIDIS VAFEIADAKIS/ZUMA/SIPA
La Grèce est en grève générale ce mardi 14 octobre, deux semaines après un premier mouvement, pour protester contre une réforme du gouvernement conservateur qui instaure la possibilité, sous certaines conditions, d’une journée de travail de 13 heures.
Métros, trams, trains de banlieue ne fonctionnent qu’à certaines heures tandis que selon la police, quelque 13 000 personnes se sont rassemblées à Athènes et à Thessalonique (nord), à la veille du vote prévu au Parlement de ce projet de loi controversé.
Les syndicats et l’opposition de gauche sont vent debout contre cette réforme « digne du Moyen Age », comme l’ont scandé des syndicalistes lors d’une première grève générale le 1er octobre.
« Ce n’est pas une marchandise, ce sont nos vies ! »
Le projet de loi prévoit notamment que, moyennant rémunération supplémentaire de 40 %, un employé puisse travailler jusqu’à 13 heures par jour pour un seul employeur.
Cette disposition ne sera valable que « jusqu’à 37 jours par an » et sur la base du volontariat, a assuré la ministre du Travail et de la Sécurité sociale, Niki Kerameus.
« Le temps de travail n’est pas une marchandise, ce sont nos vies ! », proclame une affiche dans le centre d’Athènes, sous le slogan : « Non aux 13 heures ! »
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Dans le cortège à Thessalonique, Sofia Georgiadou, 29 ans, employée dans un magasin, a fustigé « une nouvelle tentative de légaliser l’esclavage moderne ». « Trouvez-moi une seule personne qui veuille travailler 13 heures par jour ! C’est révoltant qu’on piétine nos droits tout en se moquant de nous », a-t-elle ajouté.
A Athènes, Maria, 46 ans, employée dans une société de construction craint de devoir travailler davantage. « Dans le privé, tu ne peux pas vraiment refuser [de travailler plus]. Ils [les employeurs, NDLR] trouvent toujours les moyens d’imposer ce qu’ils veulent », assure cette femme qui n’a pas souhaité donner son nom.
« Jusqu’à 37 jours par an »
Dans un pays où l’économie s’est redressée depuis la crise financière mais reste fragile, la possibilité de travailler 13 heures par jour existe déjà mais uniquement si un employé dispose de deux employeurs ou plus.
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La Confédération des Travailleurs grecs (GSEE) assure que beaucoup d’employés n’auront guère la possibilité de refuser de travailler 13 heures, « compte tenu du rapport de force déséquilibré entre employeur et salarié, renforcé par la précarité qui prévaut sur le marché du travail », selon une lettre adressée à la ministre fin septembre.
Pour la ministre du Travail, parler de « la journée de 13 heures » est « incorrect et trompeur ». Car ce terme « laisse entendre que nous allons tous travailler 13 heures par jour, toute l’année », a-t-elle martelé sur la chaîne de télévision privée Skaï.
« Est-ce vrai ? […] Non. Cela peut se faire jusqu’à 37 jours par an, soit en moyenne trois jours par mois », a-t-elle précisé.
La durée légale du temps de travail quotidien en Grèce est actuellement de huit heures, avec la possibilité d’effectuer jusqu’à trois heures supplémentaires. En Grèce, le temps de travail hebdomadaire, de 39,8 heures, est supérieur à la moyenne des 27 pays de l’Union européenne (35,8 heures), selon Eurostat.
Seul le parti du Premier ministre Kyriakos Mitsotakis, Nouvelle Démocratie (ND), au pouvoir depuis 2019, devrait voter le texte en raison de l’opposition de tous les autres partis au Parlement.