Donald Trump et Benyamin Netanyahou, à la Knesset, ce lundi 13 octobre. EVELYN HOCKSTEIN / AFP
Comme à son habitude, le président américain Donald Trump, qui s’exprimait devant le Parlement israélien ce lundi 13 octobre, jour de libération des otages après la signature d’un accord de cessez-le-feu, ne s’en est pas tenu à son script. Il a toutefois commencé son discours par évoquer, après l’accord entre Israël et le Hamas signé jeudi dernier, « l’aube historique d’un nouveau Moyen-Orient ». « Après tant d’années de guerre et de dangers incessants, le ciel est aujourd’hui calme, les armes et les sirènes se sont tues, le soleil se lève sur une terre sainte enfin en paix. Une terre et une région qui, si Dieu le veut, vivront en paix pour l’éternité », a-t-il ajouté.
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« Ce n’est pas seulement la fin d’une guerre, c’est la fin d’une ère de terreur et de mort (…) Et le début d’une grande concorde et d’une harmonie durable pour Israël et toutes les nations de ce qui sera bientôt une région véritablement magnifique. J’en suis profondément convaincu : c’est l’aube historique d’un nouveau Moyen-Orient », a-t-il ajouté. Avant d’enchaîner les digressions lors d’un discours de plus d’une heure.
• Dédicace à Steve Witkoff, Jared Kushner, Ivanka Trump et Marco Rubio
Face aux députés de la Knesset, il a loué longuement son « ami » Steve Witkoff, l’un de ses envoyés spéciaux, en racontant longuement ses négociations de plusieurs heures avec le président russe Vladimir Poutine – sans mentionner que les relations entre les Etats-Unis et la Russie se sont dégradées. « C’est un grand homme d’affaires. Mais je connais beaucoup de grands hommes d’affaires. Lui est un grand négociateur et un type en or », a loué Donald Trump. « Tout le monde l’adore », a assuré le président américain, qui a présenté son envoyé spécial comme un « Henry Kissinger qui ne divulgue rien ». Kissinger, conseiller à la sécurité nationale puis secrétaire d’Etat sous Richard Nixon et Gerald Ford, était un brillant négociateur et un maître de la fuite d’informations pour servir son intérêt.
Donald Trump a ensuite évoqué Jared Kushner, son gendre « qui adore Israël à tel point que [s]a fille s’est convertie », ainsi qu’Ivanka Trump. « Ils sont si heureux. Enfin, je pense qu’ils sont heureux », a-t-il vanté devant les députés de la Knesset. « Jared a été très utile », a conclu le président américain à propos du rôle de son gendre comme envoyé spécial lors des négociations.
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Donald Trump a poursuivi sa liste de remerciement avec Marco Rubio, un homme « affûté » et « respecté » qui, selon lui, entrerait dans l’histoire comme « le plus grand secrétaire d’Etat » américain. Le républicain a même fait l’éloge de Pete Hegseth, le secrétaire à la Défense, avant d’expliquer pourquoi il a changé le titre de Hegseth en « secrétaire à la Guerre ». « Il est encore meilleur que ce qu’on aurait pu imaginer », a assuré Donald Trump.
• Hommage à Netanyahou
Donald Trump a rendu un hommage appuyé à Benyamin Netanyahou, le qualifiant de « partenaire », puis ajoutant : « Ce n’est pas l’homme le plus facile à gérer, mais c’est ce qui le rend formidable ». « Merci beaucoup Bibi, bon boulot », a-t-il lancé au Premier ministre israélien depuis la tribune. Interpellant le président israélien Isaac Herzog, Donald Trump a ensuite suggéré qu’une grâce soit accordée au Premier ministre, poursuivi dans son pays pour corruption.
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« J’ai une idée. Monsieur le président [Isaac Herzog, NDLR], pourquoi ne pas lui accorder une grâce ? Ce passage n’était pas prévu dans le discours (…) Mais j’aime bien ce monsieur », a dit le président américain dans son allocution. « Qu’on le veuille ou non, il a été l’un des plus grands présidents en temps de guerre, vraiment l’un des plus grands. Et les cigares et le champagne, franchement, qui s’en soucie ? ». « Je vois à quel point vous êtes populaire, vous êtes un homme très populaire, et vous savez pourquoi ? Parce que vous savez gagner », a encore dit le président américain en s’adressant à Benyamin Netanyahou.
• Biden et Obama dénigrés
Le président Trump a profité de son discours devant la Knesset pour dénigrer ses deux prédécesseurs démocrates, Joe Biden et Barack Obama, sous quelques applaudissements. Il a accusé l’administration Biden de ne pas avoir réussi à s’appuyer sur les accords d’Abraham, deux traités de paix entre Israël et les Emirats arabes unis d’une part et entre Israël et Bahreïn. Il a ensuite blâmé Barack Obama pour avoir signé l’accord sur le nucléaire iranien, omettant de noter que l’Iran respectait largement cet accord lorsque Trump s’en est retiré en 2018. A l’Iran, il a déclaré : « Nous sommes prêts quand vous le serez » à négocier.
• Deux députés communistes évacués pendant le discours
Deux députés du parti communiste Hadash, Ofer Cassif et Ayman Odeh, ont été escortés hors de la Knesset pour avoir brandi des pancartes « Reconnaissez la Palestine ! » pendant le discours de Donald Trump. Les forces de sécurité les ont rapidement encerclés et évacués de la salle principale du Parlement alors que les autres députés applaudissaient pour détourner l’attention de l’incident. Après avoir été invité à poursuivre, Trump a pincé les lèvres avant de déclarer : « C’était très efficace. »
Ayman Odeh, l’un des deux députés, a écrit sur les réseaux sociaux que les discours prononcés à la Knesset n’absoudraient pas le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou « des crimes contre l’humanité commis à Gaza ». Il a ensuite ajouté : « Il y a deux peuples ici, et aucun des deux ne partira. »