October 9, 2025

ENTRETIEN. Stade Toulousain-UBB : "On s’est un petit peu parlé dans la bouche" lâche l’un des capitaines bordelais avant l’affiche de Top 14

l’essentiel
Bastien Vergnes, le troisième ligne international de l’UBB (28 ans ; 1 sél.), natif d’Auterive et passé par Colomiers, évoque le choc au sommet qui se présente ce dimanche, face au Stade Toulousain, dimanche 12 octobre, à l’occasion de la 6e journée de Top 14 (21h05). Il revient également sur son évolution en Gironde et son départ programmé à l’issue de la saison.

Le succès face à Lyon samedi dernier a-t-il vraiment lancé la saison de l’UBB ?

Oui, forcément. Après la débâcle qu’on a connue au Stade Français, on s’est un petit peu parlé dans la bouche. On s’est dit les vérités et ce qui n’allait pas, notamment sur l’état d’esprit. On a essayé de remettre les pendules à l’heure et ça a été chose faite contre Lyon. Même si ça a été compliqué, ça s’est décanté sur la fin. Dans l’intensité et sur ce qu’on a voulu mettre en place, on est assez satisfaits du match.

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Beaucoup de “cadors” connaissent comme vous un début de saison poussif. À quoi l’attribuez-vous ?

En ce qui nous concerne, je pense que c’est un petit peu de satisfaction en interne. La saison dernière a été riche en émotions, on a joué le plus de matchs possibles et je pense qu’il y a eu un petit relâchement. Il faut se dire que ce n’est pas parce qu’on est l’UBB que tout va se faire tout seul. Il faut repartir de l’avant sur une nouvelle saison parce qu’on est attendus et que les équipes à domicile vendent crânement leur peau. C’est dur pour tout le monde d’aller à l’extérieur. On voit que La Rochelle a du mal, Toulouse aussi… Les équipes qui nous reçoivent nous préparent bien. C’est à nous d’essayer de les contrer, en mettant l’intensité et en ayant un bon état d’esprit. C’est un peu le défaut sur ces premières journées de Top 14.

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En quoi les matchs contre Toulouse sont désormais si particuliers ?

Par le fait qu’on a joué une demi-finale (Champions Cup 2025, succès 35-17, NDLR) et deux finales (Top 14 2024 et 2025, perdues 3-59 et 33-39 a.p.) contre eux ces dernières années. C’est l’équipe qu’on joue le plus. C’est spécial aussi parce qu’il y a beaucoup de joueurs qui se connaissent entre eux, parce que ce n’est pas loin. Donc il y a ces petites choses-là qui font que c’est devenu effectivement un match assez spécial que les gens et les journalistes attendent. Et on le prépare aussi, on va dire, spécialement.

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Votre succès de la saison dernière à Ernest-Wallon (16-12) avait-il servi de déclic après la claque en finale ?

Oui, forcément. C’était la 4e journée et on n’avait pas trop parlé de résultat dans la semaine. On s’était dit qu’on allait être jugés, évalués, sur l’état d’esprit. Donc le fait de ramener la victoire a été un peu formateur pour nous. On avait lancé cette saison en voyant qu’on était capables maintenant de rivaliser avec la meilleure équipe du championnat et on s’était dit que tout était possible d’autant plus qu’on avait une équipe un petit peu remaniée.

Il semblerait que Yannick Bru a prévu d’en faire de même dimanche. Là encore, allez-vous plus parler de contenu que de résultat ?

Je pense qu’il n’y a pas une équipe dans le Top 14 qui dirait qu’elle vient pour gagner à Toulouse. On va essayer de mettre des ingrédients, on en a parlé, qui nous faisaient défaut depuis le début du championnat : avoir une certaine forme d’agressivité, la conquête. Mais aussi des choses où on essaie de se retrouver : l’état d’esprit, les jeunes qui vont arriver dans le groupe, pour essayer de faire le meilleur match possible.

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Comment vit-on à l’intérieur d’un groupe le fait de voir un petit peu partout que l’UBB fait tourner ?

Déjà, ce n’est pas vrai. Il y a deux mecs, je crois, ou trois, qui vont peut-être être au repos. Mais pas plus. L’équipe, vous la verrez (samedi à 18 heures, NDLR), mais je pense qu’elle est compétitive.

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Quand on vient à Ernest-Wallon après une lourde défaite du Stade Toulousain, à quoi s’attend-on ?

J’ai dit aux gars que la dernière fois qu’il s’est passé ça, à Montpellier, Castres a lourdement chuté. Donc on est préparés, on sait comment ils ont préparé la semaine et on sait aussi qu’ils ont la recette pour gagner contre nous comme on l’a vu en finale. C’est l’une des meilleures équipes du championnat, donc on va être concentrés sur ce qu’on fait et, surtout, il ne faudra pas oublier les bases. Parce que si on commence à reculer, à les attendre, à les regarder, ça va être très une très longue soirée.

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Vous parliez de la défaite en finale au mois de juin. Est-elle effacée et êtes-vous passés à autre chose ?

Honnêtement, oui. Avec notre premier titre après une saison très longue, c’est plus facile d’effacer celle-ci que celle où on en avait pris 60 il y a deux ans. On est repartis sur de nouvelles bases. Après, c’est un peu contradictoire parce que le fait d’en avoir pris 60 nous avait permis de vraiment nous remettre en question. C’est peut-être aussi ça qui a fait qu’on a réalisé la saison qu’on a fait la dernière et qui nous a un peu manqué dans l’état d’esprit sur ce début de saison.

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Vous allez affronter Jack Willis, qui vient d’être élu meilleur joueur du Top 14. En tant que troisième ligne, on imagine que vous n’avez pas dû être surpris du résultat…

Je pense que tout le monde sait que Jack Willis, pour le coup, est un des meilleurs troisième ligne du championnat et peut-être du monde. Il a un registre particulier de gratteur qui sait aussi porter les ballons. Donc, forcément, c’est une arme redoutable pour les Toulousains. Je pense qu’il a pris beaucoup de leadership aussi, parce qu’il est capitaine sur les dernières sorties. C’est quelqu’un qui, je pense, a vite appris la langue et qui s’est bien intégré au groupe. Et quand on voit les matchs qu’il fait, et qui plus est la finale, oui, forcément, c’est quelqu’un qui compte beaucoup. Il ne faut pas être un expert pour voir que c’est un grand joueur.

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Vous êtes aussi un des capitaines de l’UBB. Avez-vous l’impression d’avoir, comme ce groupe, passé les étapes une à une et grandi avec lui ?

Oui, c’est vrai que quand je suis arrivé (de Colomiers en 2021, NDLR), j’étais plutôt timide, assez réservé on va dire. Au fur et à mesure des années, j’ai sympathisé avec beaucoup de gars. Le fait de jouer aussi, d’être souvent dans le groupe, ça amène des discussions et un peu plus de confiance en soi. Et c’est vrai que petit à petit, les gars m’ont fait confiance. Yannick avait décidé l’année dernière de mettre capitaine à Pau. J’ai eu la chance que ça se passe bien et maintenant, j’alterne un peu plus. Surtout quand il n’y a pas des deux Max (Lucu et Lamothe, NDLR). C’est un rôle que j’aime bien. Ça me donne un peu plus de responsabilités et ça me met un peu plus tôt dans mon match. Je le prends positivement et j’espère que ce sera de bon augure pour la suite.

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Vous avez connu votre première sélection cet été en Nouvelle-Zélande. Qu’est-ce que cela change ?

Pas grand-chose. Mais le fait que cela ait été dans un pays où le rugby est une religion, c’est forcément de la fierté. Mon premier match, c’était un super moment, de supers émotions. Mais après, comme je disais aussi, il faut se remettre dans le droit chemin et retravailler dur pour essayer, pourquoi pas, d’y revenir une nouvelle fois.

Il y a la perspective d’une Coupe du monde dans deux ans, elle a forcément dû devenir un objectif, non ?

C’est un objectif, oui, que j’avais perdu de vue pendant une saison où je n’avais pas trop eu de nouvelles. C’est vrai que pour le coup, maintenant, c’est quelque chose que j’ai vécu. Ce n’est pas une fin en soi, mais si j’ai l’occasion d’y revenir, je reviendrai avec plaisir. On peut aussi se dire qu’il faut jouer pour être en équipe de France. Il faut d’abord être dans le groupe en club et si ça doit arriver, ça sera mécaniquement par les performances qu’on y fait. Mais forcément, ça donne de l’appétit et ça donne envie d’y revenir. Mais les titres aussi donnent de l’appétit.

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Qu’est-ce que le sacre en Champions Cup a changé ? A-t-il fait sauter des verrous ?

Ça a changé qu’on s’est surtout sentis capables de gagner un titre. On l’a montré et on se dit que c’est possible une nouvelle fois cette année. Un peu plus négativement, je pense qu’il y a eu un peu d’autosatisfaction et il ne faut se dire que c’est parce qu’on a gagné un titre que tout va se faire tout seul. Je pense que c’est un petit peu ça qui a germé sur le début de l’année mais on a remis le débat sur la table et on a bien discuté surtout la semaine dernière. On s’est dit ce qui n’allait pas et pour remettre un petit peu les pendules à l’heure, notamment sur l’état d’esprit. Gagner un titre rend l’année incroyable mais ça donne aussi l’envie, comme pour l’équipe de France, d’y revenir.

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À titre personnel, vous êtes en fin de contrat et ne serez a priori pas conservé pour des raisons budgétaires liées au salary cap. N’est-ce pas frustrant quand on a votre statut ?

Ce n’est pas un scoop maintenant. Oui, effectivement, c’est ma dernière année à Bordeaux. Honnêtement, j’avoue que je ne m’y attendais pas du tout et que je n’ai pas tout compris sur le coup. Mais c’est le sport, c’est comme ça, la vie ne s’arrête pas. Le président doit gérer effectivement une entreprise. Pour des raisons financières et économiques, d’équilibre budgétaire, ils ont choisi de ne pas me faire de proposition. J’ai été forcément déçu sur le coup, je ne vais pas dire l’inverse, surtout avec la saison qu’on a passée, et puis cette tournée aussi. Mais maintenant, c’est digéré. Je vais profiter de ma dernière année à Bordeaux, des mecs qui nous entourent et des amis que je me suis créés ici.

Vous ne devriez pas rester longtemps sur le marché…

Les clubs aussi ont besoin d’en savoir plus sur leurs joueurs en fin de contrat dans leur effectif. Ce n’est pas si évident que ça. On va voir comment évolue la situation.

Est-ce perturbant ?

Sur le coup, oui, forcément. Maintenant, mon but est de jouer avec Bordeaux, de faire les meilleurs matchs possibles. Et la suite, c’est un peu comme l’équipe de France. Si je fais des bons matchs, je pense que j’aurai des opportunités dans d’autres clubs. Forcément, si j’en fais des moins bons, ce sera un peu plus compliqué mais ça, ce sera de ma faute, on va dire.

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