Hier à Bagnères, les obsèques de l’ancien centre, mort à l’âge de 75 ans, jeudi dernier, ont réuni plus d’un millier de personnes. Un dernier adieu entre hommage et émotions.
L’église Saint-Vincent de Bagnères-de-Bigorre était trop petite pour accueillir les centaines de personnes venues rendre un dernier hommage à Roland Bertranne, le « petit taureau furieux ». Et pour prendre place dans l’église, il fallait arriver bien tôt dans la cité thermale. Car à 13 h 30, le peu de places non réservées dans l’église affichait déjà quasiment complet. Alors, ils étaient plusieurs centaines, sur le bord de la route, sur le trottoir ou devant l’église, à assister à la cérémonie avec les baffles installés à l’extérieur.
Reste que l’église Saint-Vincent était presque réservée dans son intégralité. Une partie pour la famille, venue en très grand nombre, une partie pour les chanteurs montagnards et enfin une très grosse partie inscrite au nom de « rugby » sur les bancs de l’église.
Une deuxième famille qui avait commencé à rendre hommage plus tôt dans la journée à l’ancien centre international. Et ils étaient plus de 40 à s’être donné rendez-vous dans un restaurant en plein cœur de Bagnères pour déjeuner ensemble et porter un dernier toast à leur ami. « J’étais aux côtés de Roland ces derniers jours et je lui avais transmis vos amitiés », expliquait Jean-Michel Aguirre, verre de vin à la main. « On est là pour lui faire un dernier hommage, mais de façon sobre », avait conclu l’ancien demi de mêlée avant de lancer un « pour Roland hip hip hip », auquel les anciens avaient répondu « Houra ».
Des retrouvailles amicales mais ternies par la disparition d’un des leurs. « C’est bien qu’on se retrouve comme ça, c’est juste dommage qu’on ne le fasse que lors des occasions tristes comme ça », regrettait Jean-Claude Skrela au milieu des centaines de gens en attendant l’arrivée du cercueil.
Un cercueil qui a finalement remonté la rue Maréchal Foch, devant le cortège familial et dans un silence plus que pesant. Paralysant ainsi une partie du centre-ville de Bagnères, interrogeant les passants pas vraiment au fait de l’événement. « Qu’est-ce qu’il se passe ici ? Il y a l’enterrement d’une personne connue ? », s’étonne l’une d’elles. « Ah oui Bertranne, ça me parle, même si je ne connais pas vraiment le rugby, ce nom me dit quelque chose », répondait la retraitée à l’explication de la régulation du trafic et du monde présent devant l’église.
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Une église qui s’est remplie avec l’arrivée de la famille et du cercueil de Roland Bertranne. Entouré de sa famille, et habillé d’un drap confectionné aux couleurs du XV de France, avec un maillot frappé du coq, un des Barbarians et une gerbe de fleurs noires et blanches aux couleurs du Stade Bagnérais, ses trois amours. « C’était toute sa vie le rugby, alors on a eu l’idée de faire ça en récupérant des anciens maillots et après en avoir discuté avec sa famille », confie Jean-Michel Aguirre, qui a accompagné le cercueil porté par ses coéquipiers de toujours : Claude Srutos, Omar Derghali, Pierre Domec, Jean-François Gourdon, Pierre Rispal et Serge Landais.
Une dernière vague d’applaudissements
Arrivé sous les chants des chanteurs montagnards d’Alfred Roland, le cercueil de Roland Bertranne a trôné au milieu de l’église, et Sylvain Pebay, le président de l’association « les Amis de Roland », a démarré le bal des discours en rendant hommage à « l’une des plus belles pages du rugby français. »
Patrice Padroni a ensuite salué la mémoire du petit taureau furieux, qui « venait toujours voir les jeunes de Bagnères jouer et qui, à Cazenave, se comportait comme simplement Roland, et pas Roland Bertranne l’international français. »
Claude Cazabat a pris la relève du président du Stade Bagnérais pour dire adieu à « un ambassadeur de la ville de Bagnères qui a permis de faire reconnaître le club partout. »
Derrière le maire de Bagnères-de-Bigorre, Franck et Davina, les enfants ont clôturé le bal des discours, larmes aux yeux et voix tremblante, par un message pour leur « petit papa » qu’ils ont plus que largement salué.
Après presque une heure et demie de cérémonie, le cercueil de Roland Bertranne a quitté l’église Saint-Vincent à travers une haie d’honneur des jeunes du Stade Bagnérais, et porté par les applaudissements du millier de sympathisants venus rendre un dernier hommage à l’enfant d’Ibos.