Plus de 60 victimes ont assisté au procès de Thomas R., gérant de la société de cours de soutien Math’s Aventuras. Ce Toulousain de 28 ans risque une lourde peine de prison pour avoir abusé des parents par des pratiques commerciales trompeuses.
Dans la salle d’audience numéro 7 du tribunal judiciaire de Toulouse, ce lundi 6 octobre, les bancs étaient remplis, les allées aussi. Près de 60 personnes attendaient les explications d’un jeune homme de 28 ans. Directeur de la société de cours de soutien Math’s Aventuras, il comparaissait pour des faits d’escroquerie, pratiques commerciales trompeuses et dissimulation d’identité.
Entre le 8 octobre 2023 et le 31 mars 2025, plusieurs dizaines de plaintes ont été enregistrées. Ces 85 victimes répertoriées sont des parents qui ont voulu aider leur enfant à progresser grâce à des cours particuliers de mathématique. Elles racontent toutes avoir été abusées par une mécanique bien huilée qui se termine par la conclusion d’un contrat sans en connaître les conditions de vente et surtout de rétractation. Pour certaines familles, le préjudice dépasse les 4 500 €.
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À la barre, Thomas R., t-shirt violet et étoiles tatouées dans le cou, répond poliment. Avec une assurance peu appréciée des parties civiles. “Je n’ai jamais voulu escroquer personne. J’ai voulu protéger ma société des changements d’avis des clients et des annulations de dernière minute”, pose ce titulaire d’un master en management.
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Utillise-t-il des faux profils comme leurres sur leboncoin ? “Je me trouve à côté de deux grosses résidentes étudiantes où je me rends pour faire la promotion de ma société et proposer à des étudiants d’en faire pour moi. Ils peuvent utiliser des photos qui ne sont pas les leurs”, répond Thomas R. qui explique avoir choisi Enzo comme nom commercial en ajoutant, “je ne pensais pas que c’était illégal d’utiliser un autre prénom pour exercer mon métier”.
“Ils n’ont pas compris l’offre ou n’ont pas posé toutes les questions”
Thomas R. assure aussi que toutes les personnes sont bien informées des conditions générales de vente, affichées au mur. “Toutes les personnes ici n’ont donc rien compris ?”, questionne la présidente. À la même interrogation du procureur, le prévenu ose : “Souvent, en effet, ils n’ont pas compris l’offre de base ou n’ont pas posé toutes les questions”.
Pour les cours, qui finalement ne sont pas individuels, le gérant de Math’s Aventuras (devenu ensuite Math’s Aventuras Group) joue sur les mots. “Mon concept, je l’ai créé, c’est du coaching personnalisé. On peut travailler avec deux ou trois élèves en simultané en proposant un cours personnalisé pour chacun. À 17€ de l’heure le cours, je ne peux pas faire autrement”.
“Une vraie souffrance”
Vient le tour des contrôleuses de la DDPP (Direction départementale de la protection des populations). Elles expliquent avoir constaté des allégations trompeuses sur le site internet de la société, des conditions générales de vente alambiquées, de nature à tromper le consommateur, l’illisibilité de l’affichage et avoir relevé cinq numéros de téléphone différents reliés aux profils sur leboncoin… “La première fois, en 2023, on avait choisi de lui demander des mesures correctives, on pensait avoir affaire à un jeune entrepreneur de bonne foi. Mais là, nous sommes obligés de constater qu’il y a une pratique trompeuse de A à Z”, expliquent les agents de la DDPP.
Après plus d’une heure et quart de passage des parties civiles pour chiffrer les demandes de dommages matériels et le préjudice moral, le procureur a souligné un dossier qui a causé “une vraie souffrance et de réels dommages. Ces parents ont eu la sensation de s’être fait duper, ils en ont honte. Ils portent aussi un sentiment d’échec, celui de n’avoir pas réussi à aider leur enfant. Ce monsieur est un escroc et un bonimenteur qui a réponse à tout, même quand il est pris la main dans le sac. Et il semble continuer, c’est inquiétant”. Le procureur, souhaitant “le mettre hors d’état de nuire”, requiert une peine de deux ans ferme, assortie d’une exécution provisoire avec mandat de dépôt à effet différé et, entre autres interdictions, celle de gérer toute activité.
“Un beau discours oui, mais il vend un produit”
Pour la défense, Me Guillaume Conry, souligne que Thomas R. présente un casier judiciaire vierge et rappelle que “maintenir le flou ou omettre des informations ne constitue pas une manœuvre frauduleuse”. Pour l’avocat, bon nombre des victimes “savaient en rentrant dans les locaux qu’elles étaient dans une entreprise. Mon client a peut-être un beau discours mais il vend un produit. Aujourd’hui, on est tellement habitué à signer des contrats tout le temps qu’on ne lit plus les conditions de vente, par manque d’envie ou de temps”, plaide Me Conry qui demande que ce “gamin de 28 ans soit sanctionné pour pratiques commerciales trompeuses” mais sans passer par de la prison ferme et sans interdiction de gérer une activité.
Le jugement a été mis en délibéré, la décision sera rendue le 3 novembre prochain.