Ce lundi 6 octobre à Cahors, un large front syndical et des élus locaux ont manifesté contre la suspension de l’abattage des porcs à Saint-Céré. Une décision qui fragilise un outil central pour l’agriculture de proximité dans le Lot.
Ils étaient venus en nombre : éleveurs, agriculteurs, élus et responsables syndicaux, réunis dès 10 heures ce lundi matin devant la préfecture du Lot, à Cahors. En ligne de mire : la suspension temporairement de l’activité d’abattage des porcs de l’abattoir de Saint-Céré et le risque que le dernier outil multi-espèces public du département, jugé “indispensable à la souveraineté alimentaire locale” par les manifestants, ne ferme dans les prochains jours.

Ce matin, une intention de suspension de l’agrément sanitaire a été notifiée à l’abattoir, s’appuyant sur le récent rapport de la force d’intervention nationale des abattoirs (FINA). L’établissement avait déjà été mis en demeure en avril pour des problèmes de traçabilité, de maintenance et de bien-être animal. En mai, une dérogation à l’abattage sans étourdissement des bovins pour la production de viande halal avait été suspendue. Mais cette fois, l’impact est bien plus lourd.

Une unité syndicale au service de l’abattoir
Face à cette décision, les réactions sont vives. “Ce n’est pas seulement un outil qui est en danger, ce sont des dizaines de fermes qui risquent de ne plus pouvoir vivre”, alerte Pierre-Hugo Remy-Ballester, éleveur et membre de la Confédération paysanne. “On parle d’un équipement public, construit et entretenu avec de l’argent public. On ne peut pas abandonner cet outil sans envisager de véritables alternatives.”



Les syndicats agricoles du département – FDSEA, JA, Confédération paysanne, Coordination rurale – ont répondu à l’appel. Une unité syndicale inhabituelle, qui témoigne de l’urgence de la situation selon les manifestants. “Quand on voit tous les syndicats, toutes les sensibilités réunies, on comprend à quel point cet outil est essentiel. Il ne s’agit pas de défendre un abattoir, mais un modèle agricole à taille humaine, enraciné dans les territoires”, souligne Clément Desport, co-président de la Coordination rurale du Lot.
Communauté de communes Cauvaldor, Région et Département se sont aussi mobilisés, malgré certaines dissensions dans la communauté de communes. “Dès vendredi, une cellule de crise s’est mise en place. Nous sommes prêts à adapter les protocoles, à financer les travaux urgents si besoin. Ce que nous demandons, c’est un délai raisonnable”, explique Vincent Labarthe, vice-président en charge de l’agriculture à la Région. “Il faut du temps, de l’appui technique et un vrai partenariat avec l’État.”

Le soutien des élus est massif et s’exprime à tous les niveaux, avec une alerte forte sur les conséquences économiques et la peur de la fin de l’outil de Saint-Céré : en cas de fermeture, les volumes seraient reportés sur des abattoirs plus éloignés, avec un surcoût logistique et un risque pour la vente directe.
Pressions et négociations
En coulisses, les tractations s’accélèrent, traduisant la pression croissante sur les autorités. Initialement prévue à 11 h 30 à la Maison de l’Agriculture, une conférence de presse de la FDSEA et des JA a été annulée à la dernière minute, pour faire de la place à une audience anticipée en préfecture. “Nous avons besoin de garanties concrètes : un allongement des délais, des engagements sur les financements et une méthode de travail claire”, insiste Christophe Bonnet, co-président de la FDSEA.

La préfète, Claire Raulin, va recevoir une délégation dans la fin de matinée. C’est sans doute à l’issue de cette réunion que se jouera l’avenir immédiat de l’abattoir. À la clé, de futures annonces très attendues par tous les manifestants, qui, pour certains, menacent déjà de durcir leur mobilisation si aucune avancée significative n’est obtenue. “Nous maintiendrons notre présence sur la place avec les tracteurs aussi longtemps que nécessaire”, prévient déjà Clément Desport pour la CR46.