Manifestation dans les rues d’Amsterdam, le 5 octobre 2025. KOEN VAN WEEL / AFP
Drapeaux palestiniens, keffiehs et une foule qui crie « Free Palestine » : des centaines de milliers de personnes ont défilé ce week-end du 4 et 5 octobre en Italie, en Espagne ou encore aux Pays-bas pour réclamer la fin de la guerre à Gaza. Ces mobilisations font notamment suite à l’interception par Israël de la flottille internationale d’aide pour le territoire palestinien.
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D’autres mobilisations, certes plus modestes, ont eu lieu au Royaume-Uni et en France. La pression populaire dans le monde pour dénoncer les massacres à Gaza s’accentue.
• Près de 250 000 personnes à Amsterdam, selon les organisateurs
Plusieurs dizaines de milliers de personnes se sont mobilisées dimanche 5 octobre à Amsterdam pour réclamer la fin de la guerre à Gaza, habillées de rouge et scandant dans les rues « Libérez la Palestine » et « Stop au génocide ». Selon les organisateurs de la manifestation dite de la « ligne rouge » (Rode lijn), près de 250 000 personnes ont défilé dans la capitale néerlandaise, réclamant des actions du gouvernement néerlandais à l’encontre d’Israël.
« J’attends qu’il impose des sanctions à Israël, qu’il cesse tout commerce, qu’il reconnaisse l’État palestinien », a déclaré à l’AFP Sebastiaan Poos, 68 ans, venu exprès depuis Eindhoven, ville du sud des Pays-Bas. « J’ai profondément honte de ce que fait le gouvernement, de la position qu’il adopte », a déploré l’artiste vêtu d’un béret rouge.
Pour Suzanne, éditrice de 33 ans, la question de Gaza est très présente dans son esprit, notamment à l’approche des élections le 29 octobre prochain. « Il y a beaucoup de problèmes importants aux Pays-Bas, mais c’est un sujet qui me préoccupe tout particulièrement », explique-t-elle à l’AFP.
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Des mobilisations similaires avaient eu lieu en mai et juin 2025 à La Haye, rassemblant respectivement entre 100 000 et 150 000 personnes, selon les organisateurs. Contrairement à d’autres pays européens tels que la France et la Belgique, les Pays-Bas n’ont pas reconnu la Palestine en tant qu’Etat.
• Des manifestations à Madrid et Barcelone
A Madrid, les manifestants étaient près de 92 000 à marcher pour Gaza, selon la délégation du gouvernement à Madrid. « C’est nous, ceux dont la vie n’est pas en danger, qui devons lutter pour ceux qui souffrent véritablement », a avancé à l’AFP Marcos Pagadizabal, un étudiant de 19 ans.
Même chose à Barcelone. C’est derrière une immense banderole rouge sur laquelle on pouvait lire « Arrêtons le génocide en Palestine. Halte au commerce d’armes avec Israël », que quelque 70 000 manifestants, selon la police municipale, ont défilé dans les rues du centre-ville.
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« C’est la seule chose qui peut donner un peu de courage à la population palestinienne : voir que le monde entier se mobilise pour leur témoigner sa solidarité », estime Jordi Bas auprès de l’AFP, un enseignant de 40 ans. Pour rappel, une cinquantaine d’Espagnols figurent parmi les membres de la flottille Global Sumud – quelque 45 navires et des centaines de militants à bord – détenus en Israël, selon Madrid.
• Une marée humaine et des heurts à Rome
Dans la capitale italienne, encadrée par un important dispositif de sécurité, une marée humaine – « un million » de manifestants selon les organisateurs, 250 000 selon la préfecture de police – a défilé dans le centre-ville, scandant « Stop au génocide ».
« D’habitude, je n’apprécie pas les manifestations de grande ampleur mais aujourd’hui, je n’ai pas pu me résoudre à rester chez moi », confie Donato Colucci à l’AFP, chef scout de 44 ans.
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Samedi 4 octobre, en début de soirée, des heurts ont éclaté entre manifestants et forces de l’ordre qui ont fait usage de bombes lacrymogènes et de canons à eau pour répliquer au jet de bouteilles et de pétards. Onze personnes ont été arrêtées, selon l’agence Ansa.
Des manifestations très suivies se tiennent chaque jour dans plusieurs villes italiennes depuis le début de l’interception de la flottille internationale d’aide pour Gaza par les forces israéliennes mercredi soir.
• Une mobilisation jusqu’à Istanbul
Dimanche 5 octobre à Istanbul, des dizaines de milliers de manifestants ont aussi défilé de la mosquée Sainte-Sophie, a constaté un photographe de l’AFP.
« En ce moment, il y a du monde partout. Nous sommes ici, nous soutenons la Palestine. Nous sommes Gaza », a déclaré Mehmet Emin Durgun à l’AFP, enseignant âgé de 38 ans.
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« Ce processus n’a pas commencé le 7 octobre 2023 ; nous parlons d’un génocide qui dure depuis quatre-vingt ans. Quand on réfléchit à ce que l’on peut faire contre ce génocide, on peut certainement boycotter et soutenir les flottes qui partent », a exhorté auprès de l’AFP Meryem Azra Korkmaz, étudiante âgée de 22 ans.
• D’autres rassemblements plus modestes en Europe
Des rassemblements plus modestes ont eu lieu à Dublin ou encore à Londres, où un millier de personnes ont manifesté malgré les appels du gouvernement à s’en abstenir par solidarité avec la communauté juive, après l’attaque jeudi à Manchester devant une synagogue. Les manifestants londoniens se sont rassemblés à Trafalgar Square pour soutenir le groupe Palestine Action, classé « terroriste » par le gouvernement début juillet à la suite d’actes de vandalisme.
En France, des manifestations étaient également organisées ce week-end pour soutenir la flottille d’aide à Gaza et demander à Emmanuel Macron des « sanctions » contre Israël afin de lever le blocus imposé au territoire palestinien. A Paris, les manifestants – 10 000 selon les organisateurs, 5 000 selon la police – ont défilé sous une forêt de drapeaux palestiniens, aux cris de « Vive la flottille ! », « Gaza, Paris est avec toi ! ».