Après les révélations des frais de déplacement et représentation d’Anne Hidalgo, l’ensemble des dépenses des maires de Paris sont scrutés et provoquent la polémique.
La bataille des municipales (15 et 22 mars 2026) a commencé dans la capitale. Bien que les élections soient programmées dans quelques mois, les protagonistes s’attaquent déjà par médias interposés au sujet des notes de frais des uns et des autres. La polémique a été déclenchée par les révélations de Médiapart concernant le train de vie d’Anne Hidalgo qui a affirmé que ses frais de déplacement et de représentation s’élevaient à au moins 75 000 euros sur quatre ans, notamment pour des dépenses vestimentaires, tout en restant dans le cadre légal.
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L’élue socialiste a décidé de déposer plainte pour “dénonciations calomnieuse”, tandis que la mairie de Paris a rendu public, le 2 octobre, l’ensemble des frais de représentation de tous les maires d’arrondissement dans un souci de “transparence”. Ces frais sont censés couvrir les dépenses que les élus n’auraient pas engagées sans leur fonction. Depuis, elles sont scrutées à la loupe et certaines apparaissent étonnantes, voire grotesques.
“Je ne vais pas les inviter au Mcdo”
Robes Dior, dîners à 150€, lampes antiodeurs ou encore bols à prénom… Dans les documents publiés le 2 octobre, aucune étiquette politique n’est épargnée. Pêle-mêle : Emmanuelle Pierre-Marie, maire écologiste du 12e, a acheté des bols personnalisés à Cherbourg ; Francis Szpiner, maire (LR) du 16e, des lampes contre les odeurs de tabac. Jean-Pierre Lecoq, élu (LR) du 6e, a même fait passer des factures d’achats effectués à New York et Londres.
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D’autres, comme Philippe Goujon, maire (LR) du 15e, ont demandé le remboursement de repas “avec menus enfants”. “J’invite essentiellement des élus ou des personnalités de mon arrondissement, avec qui il faut être agréable et que je ne vais pas inviter au McDo”, s’est-il défendu auprès de Libération. De son côté, la maire du 8e arrondissement, Jeanne d’Hauteserre (LR), a dépensé près de 36 000 euros en vêtements entre 2020 et 2024. “Je suis maire du 8e, je me dois d’être bien habillée”, a-t-elle expliqué sur BFMTV, ajoutant qu’elle “remercie les concitoyens qui [lui] permettent d’avoir ces indemnités”.
Plus de 35.000 euros de notes de frais en cinq ans pour Jeanne d’Hauteserre, maire du 8e arrondissement de Paris: elle détaille ses dépenses sur BFMTV pic.twitter.com/PjPmY3Y1Ml
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Vers une fin de cet avantage ?
Si ces frais choquent, ils restent légaux. Le plafond annuel est fixé à 19 720 euros pour la maire de Paris et à 11 092 euros pour un maire d’arrondissement, selon le code des collectivités territoriales. “Depuis 2001, ces frais ont baissé de près de 10 000 euros”, a rappelé Patrick Bloche, premier adjoint d’Anne Hidalgo, assurant qu’ils servent de “garde-fou contre la corruption”.
Polémiques sur les notes de frais des élus à Paris : “Il faut les supprimer. Il y a une demande d’exemplarité des élus”, estime la sénatrice Agnès Evren, porte-parole de LR pic.twitter.com/LR1YLFfeA4
— franceinfo (@franceinfo) October 4, 2025
Mais en ces temps d’austérité, dans lesquels la majorité des Français se serrent la ceinture pour terminer le mois, ces frais sont-ils toujours nécessaires ? Certains bénéficiaires jugent qu’il faut tourner la page. “Dans la situation actuelle, je pense qu’il faut qu’on supprime tous ces privilèges”, a reconnu Jeanne d’Hauteserre. La sénatrice Agnès Evren, porte-parole de LR, a elle aussi plaidé pour “mettre fin aux notes de frais, il y a une demande d’exemplarité”, tandis que l’élu communiste Ian Brossat, candidat à la mairie de Paris dans les prochains mois, réclame de “supprimer totalement les frais de mandat”.