Au gymnase de la Croix-de-Fer, à Cahors, chaque mardi soir, une quinzaine de femmes suivent un cours de self-défense pas comme les autres. Encadrées par deux professeures, elles apprennent à reprendre confiance en elles et à riposter en cas d’agression.
Tous les mardis soir de 19 h à 20 h, au gymnase de la Croix-de-Fer à Cahors, la salle de sport se transforme en un espace de combat entre femmes. Depuis dix ans, le club Shizendo, à l’origine spécialisé dans le karaté, propose un cours de self-défense entièrement dédié aux femmes.
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Aux commandes, Céline Llaves et Nathalie Pallase, deux expertes en arts martiaux qui ont senti le besoin de créer un espace adapté aux réalités que vivent les femmes dans l’espace public : “Le karaté ne me suffisait pas, confie Céline. Je voulais un moyen de me défendre, pas de me battre.”

Déconstruire, libérer, et s’autoriser
Dans cette discipline hybride entre karaté et krav-maga, l’objectif est clair : reprendre possession de sa puissance, parfois étouffée par l’éducation. “On est une espèce prédatrice nous aussi, explique Nathalie. Mais on nous apprend à sourire, à croiser les jambes, à ne pas faire de vagues. Ici, on récupère cette force qu’on a en nous.”
Les deux professeures insistent sur un point : il ne s’agit pas d’apprendre à livrer un combat contre un homme, mais de sortir de l’attaque, de choquer, et de fuir. “Une agression contre une femme, c’est souvent une saisie, une tentative de contact ou de vol. On travaille donc sur ces situations spécifiques.”
Un entraînement physique et mental
Le cours se déroule en deux temps : une première partie de renforcement musculaire (abdominaux, cuisses, coups de pied latéraux, cardio), puis la partie technique. On y apprend les bons réflexes : comment porter un coup de poing sans se blesser, comment viser les points vitaux chez un homme (gorge, yeux, plexus, parties génitales), comment se dégager d’une saisie.

Les mises en situation sont régulières, avec une élève jouant l’agresseur. Et au-delà du corps, la voix aussi est travaillée : un cri puissant, basé sur la respiration, qui permet de sortir de la sidération et d’alerter autour de soi. “Certaines femmes n’ont jamais crié comme ça de leur vie. Ici, elles s’autorisent à le faire.”
“Je me sens plus forte dans la rue”
Dans le groupe d’une quinzaine de participantes, plusieurs viennent chercher à la fois de l’assurance et des outils concrets. Laura, 34 ans, ancienne pratiquante de karaté, y voit une continuité logique : “C’est important pour moi de me sentir capable de réagir car je me sens en danger dans la rue. Et ça crée de la cohésion entre femmes. “

Mélinda, 28 ans, ancienne boxeuse, voulait quelque chose de plus adapté aux réalités du quotidien : “La boxe, c’est bien, mais ce n’est pas ce qu’on vit dans la rue. Ici, c’est plus réaliste, plus utile.” Toutes deux disent se sentir plus rassurées et confiantes depuis qu’elles suivent les séances.
Une pratique qui vise aussi les plus vulnérables
Céline et Nathalie souhaiteraient aller encore plus loin, en ouvrant leurs cours à un public trop souvent invisible : les femmes victimes de violences conjugales ou sexuelles. “Elles n’osent pas s’inscrire, et pourtant ce serait tellement utile pour elles. On veut leur tendre la main.”
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Au-delà de la technique, c’est une reconstruction personnelle qui s’opère ici. “Une femme qui a confiance en elle, ça se voit quand elle marche dans la rue. Et ça peut dissuader une agression.”