Plus complexe, moins généreuse et encore trop floue, MaPrimeRénov’ne convainc ni les professionnels du bâtiment, ni les particuliers qui ne comprennent pas les nouvelles modalités du dispositif. Témoignages.
Usine à gaz
“Personne n’y comprend rien, peste Guy Sorbadère, le président de la Capeb (Confédération de l’artisanat et des petites entreprises du bâtiment). Le dispositif ne pourra servir que 13 000 dossiers pour de la rénovation globale. Pour les rénovations poste par poste, par exemple uniquement la chaudière, on aura entre 50 000 et 60 000 dossiers. Et l’enveloppe générale est limitée à 1,2 milliard d’euros.” Problème : rien n’est définitif. Les arrêtés n’ont pas été publiés par les ministres de tutelle, avec la démission du gouvernement Bayrou. “On est repartis à zéro sur les discussions…”
Le président de la Capeb reçoit les doléances des artisans du bâtiment qui appellent à l’arrêt pur et simple de MaPrimeRénov’. “Certains me disent qu’il faut revenir en arrière : à quoi bon préparer des dossiers quand ils sont refusés ? Sans compter que les clients ne savent pas s’ils doivent attendre ou pas…”
Demande forte et coup de rabot
Les particuliers sont toujours en attente de cette aide à la rénovation. Mardi, à la réouverture du service en ligne, le serveur de MaPrimeRénov’a explosé, saturé par les demandes d’accès. Pourtant, seuls les logements E, F ou G peuvent obtenir ces subventions désormais.
Outre le nombre fixe de dossiers retenus, il concerne en priorité les ménages aux revenus très modestes avec une subvention maximale réduite à 32 000 € au lieu de 63 000 €. Le plafond des travaux, lui, est passé de 70 000 € à 40 000 €. “On peut se demander qui verra son dossier retenu, vu le nombre des demandes déposées avant juin”, observe Geoffrey Langlois.
Allers-retours
Le programme MaPrimeRénov’a été lancé en 2020. Mais face à l’explosion des fraudes et escroqueries, le gouvernement l’a interrompu en juin 2025 pour les rénovations d’ampleur. Mais pas pour les rénovations ciblées. Jusqu’à l’annonce de la reprise au 1er septembre. Mais sous d’autres formes et avec d’autres conditions.
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“Avant, il y avait le crédit d’impôt, rappelle Geoffrey Langlois, directeur commercial à Sud-Ouest Habitat. L’État ne faisait pas d’avance, les aides étaient reversées au propriétaire sur l’année fiscale suivante. MaPrimeRénov’a attiré les escrocs en tous genres !”
Épargne en hausse, travaux en berne
Entre l’instabilité politique et les incertitudes internationales, les Gersois préfèrent épargner plutôt que rénover : le taux d’épargne des ménages français atteint 18,8 % du revenu disponible brut au premier trimestre 2025, un niveau historiquement élevé, proche des records de 1976 en plein choc pétrolier : 15 %. Un comportement peu propice au lancement de travaux coûteux.
Perte d’activité
L’absence de lisibilité et de visibilité sur le dispositif a un lourd impact pour les artisans du bâtiment. “On a 60 à 70 % de l’activité des PME du bâtiment qui dépend de MaPrimeRénov’, confie Guy Sorbadère. Dès qu’on touche à une partie du bâtiment, la clientèle hésite. Soit le chantier ne se fait pas, parce qu’il est mis en attente, soit il est annulé.”
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Dans cette séquence très floue, certaines entreprises du bâtiment vivent des moments difficiles dans le Gers. “On a pu conserver tous nos effectifs, analyse le directeur commercial de Sud-Ouest Habitat, mais toutes les entreprises n’ont pas cette capacité.”