October 4, 2025

ENTRETIEN. "Cette volonté de rester fidèle au clan et à sa famille" évoque l’ancien rugbyman Philippe Spanghero dans un livre sur les "fils ou filles de"

l’essentiel
Consultant en rugby, entrepreneur, conseiller pour le groupe Fiducial et conférencier, Philippe Spanghero (40 ans) est aussi le fils de Guy Spanghero. Dans un livre intitulé “Au nom du clan”, il a recueilli des témoignages de “fils de” pour évoquer l’héritage, la transmission avec en toile de fond la loyauté.

On doit avouer qu’on est un peu surpris, parce qu’on attend un livre sur les fils du rugby et, qu’au final, on découvre avec plaisir beaucoup d’autres univers, et pas seulement sportifs…
En fait, ce projet, il fait suite à une interview que j’avais faite pour L’Équipe, où le sujet était justement sur la filiation dans le rugby. C’est vrai qu’il y a eu un concentré de “fils de” qui est arrivé d’un coup. Et donc, suite à cet article, cela a déclenché pas mal de réactions de gens qui m’ont raconté leurs histoires, etc. Et je me suis dit que si je voulais vraiment aborder le thème de la filiation, si je restais dans le rugby ou le sport uniquement, on allait penser que ça réduirait le champ de lecture, alors qu’en vrai c’est un truc universel. Donc j’ai voulu ouvrir le plus large possible, tout en voulant garder quand même le sport. Ainsi, il y a les Karabatic, il y a Marie Tabarly, il y a Laurent Tapie qui indirectement ramène à l’histoire de son père. Mais j’ai voulu sortir de ça aussi pour explorer le sujet largement.

Consultant, entrepreneur, auteur… Philippe Spanghero a plusieurs vies.
Consultant, entrepreneur, auteur… Philippe Spanghero a plusieurs vies.
PHOTO ANNE FLAGEUL CRÉHAN

Alors, on découvre que ce n’est pas si facile qu’on l’imagine d’être un “fils de”…
Non, non, mais en fait, si vous voulez, l’objet du livre et c’est important aussi de le préciser pour les gens qui ont vu ça de loin, c’est que je l’aborde par le thème d’enfants qui ont eu, entre guillemets, un supplément de contraintes. C’est pour ça que je l’aborde un peu par le biais de “fils de”. Mais le sujet de l’héritage et de la transmission, c’est un thème vraiment universel aussi. Au fil du livre, on comprend que c’est un sujet universel, qui touche tout le monde, qui n’est pas un truc de “fils de”. Mais c’est vrai qu’une approche de “fils de”, cela permet d’illustrer encore plus fortement à quel point les enjeux de loyauté sont forts.

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Oui, le terme loyauté, il revient très souvent dans le livre. C’est même, vous le dites, un enjeu envers la famille.
Oui parce qu’à des moments de vie, on ne veut pas trahir notre clan. On fait des choix à des moments. On ne sait pas si on les fait pour nous ou pour faire plaisir à nos parents. Et en fait, c’est de la loyauté pure. C’est de la loyauté familiale, cette volonté de rester fidèle au clan et à sa famille.

“Un mot d’origine écossaise”

Vous évoquez, dès le titre, ce mot clan ; c’est un mot fort tout de même ?
C’est volontaire, parce que je regardais l’étymologie des mots. Et en fait, le mot clan, il n’a jamais changé de définition. C’est un mot d’origine écossaise. Et, associé vraiment au mot clan, il y a cet enjeu de fidélité. Et donc, je trouvais que le mot clan nous permettait d’illustrer encore plus fortement le sujet de fidélité à nos familles, à nos parents.

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Au final, c’est traiter de la difficulté à écrire sa propre histoire entre transmission, héritage et fidélité ?
C’est exactement ça, la vraie question, en fil rouge. Dans notre époque, le sujet de l’héritage de façon générale, il est un peu dur à aborder. Moi, je pense que c’est hyper-important d’affronter son héritage. Des fois, il y a des choses pas agréables. Il y a des choses qu’on reproche à ses parents. Il y a des choses qui sont difficiles. Mais au moins, tu peux décider de le transmettre tel quel. Tu peux décider de le changer. Mais, vraiment, l’idée, c’est de faire les choses en conscience et de se dire : la loyauté familiale, elle a des bons côtés, elle peut en avoir des mauvais parfois parce qu’on est enfermé dans des schémas qui ne sont pas les nôtres. Et la vraie question, c’est de savoir comment trouver une forme d’équilibre et de sérénité en connaissant son histoire, mais en ayant son libre arbitre.

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Ce livre, c’est parce que vous avez fait face à tous ces questionnements, personnellement ?
Oui, il y a eu deux étapes dans ma vie. Il y a la première période où tu dois faire le constat que, sportivement, tu ne peux pas arriver là où tu voulais être. Et c’est un peu douloureux parce que je me suis construit en me disant que si je voulais avoir ma place dans cette famille, il fallait que j’ai un niveau sportif que je n’ai pas eu. Et donc, j’ai mis un moment à me dire que je pouvais quand même avoir une place dans ma famille même si je n’étais pas un grand joueur. Cela, c’est la première étape. Et la deuxième étape, ce fut la perte de ma mère qui a été un peu brutale et là ça t’amène à te poser des questions que tu ne te poses pas forcément à cet âge-là, aux alentours de 30 ans. Quel était le sens de tout ça, comment on pouvait en faire quelque chose de positif, comment cela pouvait être négatif parfois…

“Au nom du clan”, par Philippe Spanghero ; Éditions Alisio ; 160p., 17€.

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