La scène, glaçante, s’est produite alors que l’équipe était en train de s’entraîner. Le père de famille a été sauvé par ses amis et peut aujourd’hui témoigner de sa reconnaissance.
Mercredi 24 septembre 2025, le soleil tombait sur la pelouse du stade Eugène-Lallinec, à Saint-Quay-Portrieux (Côtes d’Armor), quand la soirée a viré au drame.
En plein entraînement du club amateur du FC Goëlo, Yannick Le Manchec, 56 ans, père de cinq enfants, s’est soudain effondré. “Ils ont cru que je faisais mes lacets… mais non, c’était une crise cardiaque”, raconte aujourd’hui à nos confrères d’ICI Armorique, d’une voix encore émue, celui qui doit sa vie à la réactivité de ses amis.
Sur le terrain, ses coéquipiers n’ont pas attendu les secours pour agir. Julien Riou, gardien de but, président du club et marin-pêcheur de métier, est le premier à se précipiter. “Je prends le pouls au niveau de la gorge, je ne vois pas de gonflement du ventre… Alors je commence le massage cardiaque”, se souvient-il. Autour de lui, deux autres joueurs formés aux premiers secours se relaient pendant de longues minutes.
Vingt minutes d’effort, d’angoisse et d’espoir. Un pompier, alerté par un bénévole, finit par arriver, suivi du SAMU. Mais pour les joueurs, le temps semblait suspendu. “C’est une situation très compliquée… On a des espoirs, on se demande s’il respire. Il change de couleur”, confie Julien.
“Je me suis réveillé et j’ai vu mes petits loups autour de moi…”
Transporté d’urgence au centre hospitalier Yves-Le Foll, à Saint-Brieuc, Yannick est entre la vie et la mort. Les heures qui suivent sont critiques : plusieurs arrêts cardiaques, un cœur qui hésite à repartir, une famille plongée dans l’inquiétude.
Mais, contre toute attente, le vendredi matin, il ouvre enfin les yeux. “Je me suis réveillé et j’ai vu mes petits loups autour de moi… C’était un moment fort”, souffle-t-il, encore bouleversé.
Deux jours plus tôt, ce père de cinq enfants n’avait que très peu de chances de survie. “J’ai eu la chance d’avoir trois gars extraordinaires autour de moi. Ils m’ont sauvé la vie”, dit-il, la voix serrée. Et de rendre hommage à ceux qu’il appelle désormais “ses anges gardiens”.
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Pour Julien, ce sauvetage n’a rien d’un acte héroïque. “On n’a pas fait ça pour la gloire… mais pour sauver un copain. Mes formations de marin-pêcheur, ça a servi. Et ça prouve surtout l’intérêt de se former à ces gestes qui sauvent”, insiste-t-il.
Yannick, lui, n’a pas oublié le choc, ni la leçon. Il espère désormais sensibiliser le plus grand nombre à l’importance des formations de premiers secours. “Ça sauve des vies. En tout cas, ça a sauvé la mienne”, répète-t-il avec le sourire de ceux qui ont frôlé l’irréversible.
Dans quelques jours, il quittera l’hôpital et retrouvera ses coéquipiers, ceux qui ont refusé de le laisser partir. Sur le terrain du FC Goëlo, la prochaine accolade vaudra bien plus qu’une victoire : elle célébrera la vie.