Clients floués, fausses déclarations, pratiques trompeuses… Un garagiste installé à Albi vient d’être condamné par la justice pour toute une série d’infractions relevées par les services de l’État. Il devra également indemniser deux clients qui lui avaient acheté des véhicules présentant des défaillances majeures.
Il était dans le viseur des services de l’État depuis plusieurs années. Le gérant du garage Auto Passion 81 a comparu ce jeudi 2 octobre devant le tribunal correctionnel d’Albi pour une longue liste d’infractions : tromperie sur une marchandise, encaissements en espèces, fausses déclarations, pratiques commerciales trompeuses, absence de déclaration préalable à la préfecture et de registre unique du personnel…

Sur le banc des parties civiles, un ancien client floué par le garagiste a témoigné de sa mésaventure. Il lui avait acheté une voiture d’occasion fin 2022, une Suzuki Vitara, pour un peu plus de 5 000 €. Le contrôle technique présenté à l’acheteur semblait normal mais ce dernier a vite déchanté. “Quand je l’ai prise, ça chassait à gauche et à droite. Je suis allé voir mon carrossier pour qu’il vérifie la voiture : il y avait des trous gros comme le poing dans le plancher ! Il m’a dit qu’elle devait être classée épave… Depuis je l’ai mise au garage et je n’y touche plus”.
“Je ne l’ai jamais revu”
L’homme a tenté de se faire rembourser par le garagiste, en vain, avant de porter plainte. “J’y suis allé au moins cinquante fois mais il n’était jamais là. Je ne l’ai jamais revu…” La même chose est arrivée à une autre cliente après avoir acheté une Seat Leon d’occasion. Là aussi le contrôle technique semblait normal. Pourtant, quelque temps plus tard, cette salariée en boulangerie est tombée en panne à 4h du matin en se rendant à son travail. Une visite chez un concessionnaire de la marque lui a appris que les deux injecteurs étaient hors d’état. Elle a tenté des réparations puis à fini par revendre le véhicule pour pièces…
Le garagiste, Xhafer K., 48 ans, est soupçonné d’avoir entré de fausses dates de contrôle technique dans le système d’immatriculation des véhicules (SIV), lui permettant ainsi de récupérer les cartes grises. Lorsque son habilitation a été retirée en 2023, c’est son épouse, pourtant novice dans ce secteur, qui a pris le relais en créant une autre société à son nom.
Les contrôles effectués par les services de l’État ont par ailleurs permis de constater l’absence de mention, dans les documents commerciaux du garage, des garanties légales de conformité. Le gérant proposait aux clients ses propres garanties, payantes et moins avantageuses…
Pas de mauvaises intentions selon la défense
Face aux magistrats, Xhafer K. s’est confondu en excuses, assurant qu’il ne connaissait pas toutes les obligations réglementaires liées à son activité. Ce qui n’a pas convaincu la représentante du ministère public : “On a affaire à un professionnel de la vente de véhicules qui exerce depuis des années”.
Sa précédente société a fait l’objet d’une liquidation judiciaire et Auto Passion 81 est elle-même actuellement en redressement. En défense, Me Amélie Deltell a décrit le garagiste comme étant “un peu dépassé par l’évolution de la réglementation”, assurant qu’il n’avait pas d’intention malhonnête.
Le tribunal a suivi en partie les réquisitions du ministère public en condamnant le garagiste, pour les délits reprochés, à 4 mois de prison avec sursis, 4 000 € d’amende dont 2 000 € avec sursis, une interdiction de gérer une société pendant 3 ans ainsi que l’affichage et la diffusion du jugement, le tout avec exécution provisoire. Xhafer K. écope aussi d’amendes pour les infractions contraventionnelles et devra en outre dédommager les deux clients lésés à hauteur de 15 000 €. Me Deltell indique que son client va faire appel de la décision.