De la fumée s’élève dans le ciel à la suite d’une frappe militaire israélienne dans la ville de Gaza, vue depuis le centre de la bande de Gaza, le 2 octobre 2025. ABDEL KAREEM HANA/AP/SIPA
Le Hamas s’est dit prêt vendredi 3 octobre à des négociations immédiates en vue de la libération des otages israéliens retenus à Gaza et de la fin de la guerre, dans le cadre du plan proposé par Donald Trump qui a appelé Israël à « arrêter immédiatement les bombardements ».
Mais ses avancées inédites, saluées par les dirigeants du monde entier, n’ont pas permis de faire taire immédiatement les armes. Le pilonnage israélien violent et meurtrier continue dans la bande de Gaza ce samedi 4 octobre, selon la Défense civile gazaouie.
• Le Hamas prêt à des discussions sur le plan Trump
A Gaza, des cris de louange à Allah ont éclaté depuis les tentes du camp d’Al-Mawasi, près de Khan Younis (sud), à l’annonce vendredi du Hamas sur des prochaines négociations, a constaté un correspondant de l’AFP. Le Hamas s’est dit prêt à négocier immédiatement en vue de la libération des otages, de la fin de la guerre et du retrait israélien de Gaza.
Après la réponse du mouvement, le haut responsable Mahmoud Mardawi a toutefois déclaré à l’AFP que « la proposition américaine (était) vague (et) ambiguë », et nécessitait par conséquent « des négociations par l’intermédiaire des médiateurs ». Sous couvert d’anonymat, un cadre du Hamas a confirmé ce samedi à l’AFP que son mouvement est « prêt à commencer immédiatement la mise en œuvre de l’échange » des otages retenus à Gaza contre des prisonniers palestiniens, « dès la conclusion d’un accord pour préparer les conditions sur le terrain ». L’Egypte accueillera un « dialogue inter-palestinien sur l’unité palestinienne et l’avenir de Gaza, incluant la question de l’administration de la bande de Gaza ».
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Sur son réseau Truth Social, Donald Trump a jugé que le mouvement islamiste palestinien « était prêt pour une paix durable » après deux ans de guerre. « Israël doit arrêter immédiatement les bombardements à Gaza, pour que nous puissions faire sortir les otages rapidement et en toute sécurité », a ajouté le président américain.
Israël a de son côté pris acte de la réponse du mouvement palestinien et dit ce samedi se préparer « pour la mise en œuvre immédiate de la première étape du plan Trump pour la libération de tous les otages », sans évoquer à ce stade d’autres aspects du plan.
• Israël poursuit son offensive à Gaza-ville
Mais les déclarations ne se sont pas traduites en actes : la Défense civile locale a fait état d’un pilonnage israélien violent et meurtrier dans la bande de Gaza ce samedi. Le porte-parole de la Défense civile, Mahmoud Bassal, a affirmé que « la nuit a été très violente, avec des dizaines de frappes et de tirs d’artillerie israéliens sur la ville de Gaza et d’autres zones de la bande de Gaza, malgré l’appel de M. Trump à mettre fin aux bombardements ».
Mahmoud Bassal, dont l’agence opère sous l’autorité du mouvement islamiste Hamas, a ajouté que 20 maisons avaient été détruites. « La situation est très grave à Gaza-ville (nord) ». Un hôpital de cette ville a dit avoir reçu quatre morts et un hôpital de Khan Younès (sud) a indiqué avoir les corps de deux enfants.
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L’armée israélienne, qui contrôle environ 75 % de la bande de Gaza, veut s’emparer de Gaza-ville qu’elle présente comme le grand bastion du Hamas dans le territoire palestinien assiégé. Elle y a lancé le 16 septembre une offensive majeure poussant des centaines de milliers de personnes à la fuite. « Les troupes israéliennes mènent toujours des opérations dans la ville de Gaza, et il est extrêmement dangereux d’y retourner. Pour votre sécurité, évitez de retourner dans le nord ou de vous approcher des zones où les troupes sont actives, y compris dans le sud de la bande de Gaza », a déclaré ce samedi le colonel Avichay Adraee, porte-parole de l’armée en langue arabe, sur X.
« La demande du président Trump de mettre immédiatement fin à la guerre est essentielle pour éviter que les otages ne subissent des atteintes graves et irréversibles, a déclaré le Forum des familles d’otages retenus à Gaza dans un communiqué ce samedi. Nous appelons le Premier ministre (Benyamin) Netanyahou à entamer immédiatement des négociations efficaces et rapides afin de ramener tous nos otages à la maison. »
• Plusieurs points du plan Trump non évoqués
Le Hamas a réaffirmé son accord pour confier la gestion de la bande de Gaza à une instance palestinienne composée de « technocrates » indépendants, tout en précisant que les autres questions concernant l’avenir du territoire devraient être discutées dans un cadre palestinien « auquel le Hamas participera et contribuera de manière responsable ».
Israël, qui a promis de détruire le Hamas, a toujours refusé tout rôle dans l’après-guerre pour le mouvement palestinien, qui s’est emparé du pouvoir à Gaza en 2007.
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Le Hamas ne mentionne pas en revanche la question de son désarmement, réclamé avec force par Israël, ni de l’exil de ses combattants dans des pays tiers, deux points clés du plan présenté lundi par Donald Trump.
Celui-ci prévoit un cessez-le-feu, la libération dans les 72 heures des otages retenus dans la bande de Gaza, le désarmement du Hamas et le retrait par étapes de l’armée israélienne. La proposition prévoit également la mise en place d’une autorité de transition chapeautée par Donald Trump et le déploiement d’une force internationale.
• Les dirigeants internationaux saluent l’annonce du Hamas
De nombreux dirigeants internationaux ont salué l’annonce du Hamas. La libération des otages et un cessez-le-feu sont « à portée de main », a notamment jugé le président français Emmanuel Macron, le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, se disant « encouragé ».
« La volonté affichée par le Hamas de libérer les otages et de s’engager sur la base de la récente proposition du président américain est encourageante », a écrit la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen sur X. « Il faut saisir cette occasion. Un cessez-le-feu immédiat à Gaza et la libération de tous les otages sont à portée de main », a-t-elle ajouté.
Le Qatar, pays médiateur, « salue l’annonce du Hamas selon laquelle le plan du président Trump a son agrément », a déclaré le porte-parole de la diplomatie qatarie, Majed al-Ansari, qui a également appuyé l’appel de Donald Trump à un cessez-le-feu immédiat. L’Egypte, second pays médiateur, se félicite-t-elle d’une « évolution positive » et espère qu’en conséquence les deux parties « s’engageront à appliquer le plan du président Trump sur le terrain et à mettre fin à la guerre », selon son ministère des Affaires étrangères sur Facebook.
Le chancelier allemand Friedrich Merz a jugé que « l’accord de principe » du Hamas représente la « meilleure chance » de mettre fin à la guerre. Le Premier ministre britannique Keir Starmer a salué « un pas en avant significatif » qui « nous rapproche de la paix plus que jamais auparavant » et a appelé les différentes parties à mettre en œuvre le plan « sans délai ».