"J’ai toujours cherché à fédérer autour de l’agriculture" : Jérôme At, l’homme derrière les 30 concours bovins

Fils d’éleveurs de Crespin et parmi les derniers nés, en 1968, à la maternité de Naucelle du docteur Loubière, Jérôme At possède l’élevage ancré dans le sang. « C’est ma passion ». Il ne se force pas pour le dire. Il a aussi la bosse du commerce et depuis tout petit il allie les deux. « À la ferme, ma mère avait développé la vente directe de volailles, de lapins, de légumes. Mon père élevait des veaux », se souvient-il. Il aidait ses parents, et en même temps, il faisait du bois de chauffage qu’il vendait. Il n’avait que 17 ans.

Cela ne l’empêchait pas de pratiquer le sport cycliste pour lequel il présentait de grosses aptitudes. Dans une course de jeunes, il a même battu Laurent Jalabert. Après un bac B (sciences économiques) obtenu au lycée Sainte-Marie à Rodez, il s’oriente vers un BTS Tradicopa (Transformation, Distribution, Commercialisation des Produits Agricoles) au lycée François Marty à Monteils, près de Villefranche-de-Rouergue. Son BTS en poche, Jérôme At rentre chez des fabricants d’aliments du bétail : Balsa, Garrigues, où il développe des partenariats avec des éleveurs.

En 1998 il est engagé par Bovi Plateau Central comme technicien d’élevage. Puis il s’oriente dans le domaine de la viande, devenant en 2004 responsable commercial à Carmaux de Gauthier puis de Bovi Viande.

Un entrepreneur dans l’ame

En 2007, il s’investit dans l’abattoir de Villefranche-de-Rouergue, avec Jean-Jacques Davy, puis en 2010 il devient responsable de la partie viande en gros de Languedoc Lozère Viande à Marvejols. Entrepreneur dans l’âme, Jérôme At fonde en 2011 Ségala Bétail, en parallèle de son activité dans la viande.

Il achète des bêtes qu’il met en pension chez des agriculteurs, puis il les revend à des engraisseurs. « J’ai remplacé le bois par des génisses », s’amuse-t-il. En 2012, après avoir quitté son poste à Marvejols, il démarre une nouvelle société Occitanie Viande, installée à Albi et à Montpellier (Le Goût du Bœuf). Ses deux entreprises, dont les sièges sociaux sont situés à Naucelle, emploient une dizaine de personnes.

Une belle réussite. « J’ai toujours débuté à zéro et je ne me décourage pas vite », relève-t-il. Avec toujours un travail en partenariat avec les éleveurs. « C’est ma conception du commerce », note celui qui est devenu aussi exploitant agricole. « Un rêve que j’avais depuis l’âge de 15 ans. »

Son 30e concours

Jérôme At est à l’origine du concours des Bœufs de Pâques de Baraqueville. Il raconte. « Nicolas Andrieu, un éleveur de Manhac voulait mettre en place une vitrine pour les éleveurs. Cela correspondait à ce que j’avais en tête. L’idée, soutenue par Michel Pons, un chevillard de la région de Béziers, prend corps. Le maire de Baraqueville, Denis Jaudon, est séduit. Et nous met une secrétaire de mairie à disposition, Michèle Couffin. Nous associons le syndicat des bouchers et la première édition a lieu en 1999 avec 67 bêtes présentées. L’année d’après nous en avons 120 et ensuite ce nombre ne fera que croître pour arriver à 400. »

En 2005, il deviendra concours national. En 2006, Jérôme At démarrera, avec l’appui du conseiller général Joël Fouillade et d’une solide équipe, un deuxième concours d’animaux de boucherie sur le Ségala, en l’occurrence à Naucelle, celui des Bœufs de Noël. Il sera avancé au début octobre en 2010 et deviendra le Festibœuf, et porte aussi le label national.

Cette année, Jérôme At organise son 30e concours, 10 à Baraqueville (jusqu’en 2010) et 20 à Naucelle. « Ces concours ont pour but de réunir le monde de l’élevage et amènent de la notoriété en drainant des acheteurs de l’extérieur », explique-t-il. « J’ai toujours cherché à fédérer autour de l’agriculture », résume celui qui se pose en défenseur du milieu rural.