Implantée dans le Gers depuis dix ans et spécialisée dans les médailles religieuses, l’entreprise familiale Anne. K se distingue en étant l’une des rares en France à maîtriser tout le processus de production.
On a l’habitude d’entendre dire que ce qui est rare est cher. Ce n’est pas le credo de la famille Kirkpatrick. Rare, son activité de médailleur l’est pourtant bel et bien, et ce depuis plusieurs décennies.
Après avoir connu son apogée avant la Première Guerre mondiale, cet artisanat s’est en effet essoufflé tout au long du XXe siècle, au point de s’éteindre quasiment dans les années 70. “On estime qu’il y a eu au moins 40 ans sans nouvelle création ou gamme complète renouvelée”, souligne Bruce Kirkpatrick, dirigeant de l’entreprise familiale Anne. K, qui porte le nom de sa mère.
“Plus de ventes qu’Arthus Bertrand”
Native du Gers, où elle a grandi, Anne Kirkpatrick est ainsi à l’origine de cette formidable épopée familiale lancée à la fin des années 90. Ancienne institutrice à Bagnères-de-Bigorre (Hautes-Pyrénées) puis agricultrice aux côtés de son mari, aujourd’hui décédé, elle commence sa carrière de sculptrice avec une commande d’une vierge à l’enfant effectuée par la commune de Rozès.

C’est lors de l’inauguration d’une de ses statues d’envergure à Lourdes qu’elle fera la connaissance de l’entreprise Seral Lourdes, spécialisée dans la fabrication de médailles religieuses. Le directeur recherche alors un sculpteur pour réaliser une médaille de la Madeleine. Anne Kirkpatrick accepte. Sans le savoir, son destin vient de basculer.
Les collaborations qui vont suivre seront couronnées de succès. “C’est un carton. Elle réalisait alors plus de ventes que l’entreprise Arthus Bertrand, qui représente environ 50 % du marché de la médaille”, précise Bruce Kirkpatrick.
Machines anciennes
Après avoir essuyé plusieurs refus d’autres maisons, Anne finira par fonder sa propre société en 2014, dans le Gers, encouragée par son fils, qui lance à l’époque des entreprises d’e-commerce. L’entreprise Anne. K a d’abord recours à des sous-traitants avant de voler de ses propres ailes. “Dans un premier temps, on a pu se payer les machines et après, on a commencé à voir les salariés arriver à partir de 2020”, relate Bruce Kirkpatrick.
L’entreprise finit alors par maîtriser toute la chaîne de fabrication, de la matière première à la médaille finie. Un processus qui se déroule en trois grandes étapes : la sculpture, réalisée par Anne Kirkpatrick sur des disques d’environ 20 cm de diamètre ; l’outillage de frappe, effectué à l’aide de machines anciennes, “quasiment les plus précises sur le marché”, dixit Bruce ; et enfin l’estampage, étape finale de fabrication.

Après avoir fait l’objet d’un contrôle qualité rigoureux (une vingtaine de contrôles au total), les médailles en or, argent ou vermeille sont ensuite proposées en vente directe aux particuliers, suivant une large gamme de matières (or, argent ou vermeille) et de tailles. “Au bas mot, un salarié passe 30 minutes par médaille. On va corriger les micro-imperfections”, souligne Bruce Kirkpatrick. Une fabrication “haut de gamme” récompensée au printemps dernier par le label “Entreprise du patrimoine vivant”.
“Important de redynamiser le territoire”
Forte de ce bel essor, la société Anne. K s’apprête à recevoir son dixième salarié. “La personne qui arrive la semaine prochaine vient de Bordeaux. Tous les autres salariés sont nés dans le coin et sont pour la plupart enfants de paysans. C’est très important parce qu’ils ont le sens du travail”, assure Bruce Kirkpatrick, fier de l’ancrage local de l’entreprise familiale et artisanale. “C’est important de redynamiser le territoire et garder cette activité.”
Pas question toutefois de se reposer sur ses acquis. Anne. K évolue et veut aujourd’hui étendre son activité “aux accessoires directs”, à commencer par les chaînes. Tout cela sans perdre de vue sa quête d’excellence. “Une marque, quand elle va se développer, elle perd souvent en qualité avec le volume. Nous, on a réussi à inverser cette tendance : on a augmenté la qualité des médailles avec le volume”, conclut Bruce Kirkpatrick.