Quelques mois avant la disparition de Delphine, l’entourage du couple alertait sur la brutalité verbale de Cédric Jubillar. Insultes répétées, dénigrements, menaces explicites… autant de propos glaçants rapportés par plusieurs témoins et désormais versés au dossier.
Insultes, menaces, sarcasmes… À mesure que la relation entre Delphine et Cédric Jubillar se dégradait, le mari de l’infirmière disparue laissait paraître une violence verbale que de nombreux témoins qualifieront de glaçante. Dans l’enquête sur la disparition de l’infirmière tarnaise, ces propos reviennent sans cesse, dessinant le portrait d’un homme brutal, incapable d’accepter la séparation. Un mobile brandi par l’accusation devant la cour d’assises du Tarn, qui doit juger Cédric Jubillar avant le 17 octobre prochain.
À l’automne 2020, alors que Delphine a entamé une procédure de divorce, Cédric multiplie les paroles menaçantes. Selon plusieurs témoins, il aurait déclaré à sa mère et à un ami, moins d’une semaine avant la disparition : “J’en peux plus, je vais la buter, je vais la tuer”. Sa mère, Nadine Fabre, confirmera devant les enquêteurs qu’il lui a dit vouloir “l’enterrer pour que personne ne la retrouve”. D’autres proches – amis, voisins, connaissances – rapportent les mêmes éclats. Le 12 décembre, trois jours avant que Delphine ne s’évapore, un ami se souvient : “Elle m’énerve, je vais la crever” aurait déclaré le peintre plaquiste à propos de sa femme.
“L’autre”, “la connasse”
Au quotidien, Delphine essuie insultes et humiliations. Devant les juges d’instruction, Cédric ne prononce presque jamais le prénom de son épouse disparue. Il préfère dire “elle” ou “l’autre”. Devant leurs enfants, il l’aurait traitée de “connasse”. Lors des disputes, il emploie des mots crus – “pute”, “salope”, assortis d’un “ferme ta gueule” lancé sans retenue. Le travail même de Delphine, infirmière de nuit, est dénigré : “C’est la belle vie, ce n’était pas vraiment du travail”, aurait-il dit. L’un de ses proches le décrit comme “vulgaire, sans-gêne”, rabaissant constamment sa compagne jusqu’à la réduire au silence.
Après la disparition de Delphine, la parole de Cédric ne se radoucit pas, au contraire. Il parle d’elle comme de “l’autre” ou de “madame”, de façon condescendante. À une amie venue au domicile, il lâche cette phrase étrange : “Il ne faudrait pas que tu disparaisses toi aussi”. Devant sa demi-sœur, il se présente en riant comme “le meurtrier parfait”. À des codétenus, il aurait confié : “Moi, je sais comment faire disparaître une personne”.
Pour les enquêteurs, ces mots comptent. L’ex-procureur de la République de Toulouse, Dominique Alzéari (2018-2021), a décrit Cédric Jubillar comme un homme “brutal, grossier, agressif”. Ses menaces, ses insultes et son comportement désinvolte après la disparition de Delphine apparaissent comme autant de signaux d’alarme qui ont consolidé, aux yeux des enquêteurs, son statut de suspect numéro un.