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Le Nouvel Obs avec AFP
Des touristes visitant le parc Imjingak, site commémoratif dédié à la réunification de la Corée, dans la zone démilitarisée coréenne de Paju, le 16 octobre 2024. IMAGO/MATRIX IMAGES/SIPA
Kim Yo-jong, l’influente sœur du dirigeant nord-coréen Kim Jong-un, a réfuté ce jeudi 14 août des rapports de l’armée sud-coréenne selon lesquels la Corée du Nord aurait retiré ses haut-parleurs de propagande à sa frontière avec la Corée du Sud. « Nous n’avons jamais retiré les haut-parleurs installés dans la zone frontalière et nous ne sommes pas disposés à les retirer », a-t-elle affirmé, dans une déclaration diffusée par l’agence officielle nord-coréenne KCNA.
Cette déclaration écarte toute idée de détente avec Séoul. La frontière entre les deux Corées est le théâtre d’une guerre par haut-parleurs interposés, Séoul diffusant de la K-pop et des bulletins d’information vers le Nord, tandis que Pyongyang émet des bruits inquiétants. La diffusion de propagande par haut-parleurs remonte à la guerre de Corée (1950-1953), qui a entraîné la rupture entre les deux pays. Cette tactique avait déjà poussé Pyongyang à menacer de frappes d’artillerie les unités de haut-parleurs en Corée du Sud.
Arrivé au pouvoir début juin, le président sud-coréen Lee Jae-myung a promis de tendre la main à la Corée du Nord, arguant que « quel qu’en soit le coût, la paix est préférable à la guerre ». Le 5 août, Séoul avait annoncé avoir commencé à retirer ses haut-parleurs comme « mesure pratique visant à aider à apaiser les tensions avec le Nord ».
Quelques jours plus tard, l’état-major sud-coréen a affirmé que l’armée nord-coréenne avait commencé à en faire autant.
« Aucune volonté d’améliorer les relations »
Mais Kim Yo-jong a rejeté en bloc ces allégations : « Récemment, la République de Corée a tenté d’induire l’opinion publique en erreur en affirmant que ses “mesures de bonne volonté” et sa “politique d’apaisement” trouvent un écho, et de faire croire à l’opinion selon laquelle les relations entre la RPDC et la République de Corée sont en train de se “restaurer” », a-t-elle déclaré, en se référant aux deux Corées par leurs noms officiels.
« Nous avons précisé à plusieurs occasions que nous n’avons aucune volonté d’améliorer les relations avec la République de Corée… et cette position et ce point de vue définitifs seront inscrits dans notre Constitution à l’avenir », a indiqué Kim Yo-jong dans sa déclaration.
Celle-ci intervient alors que la Corée du Sud et les Etats-Unis se préparent à mener des exercices militaires conjoints annuels visant à contenir le Nord, du 18 au 28 août. Le gouvernement sud-coréen a répondu jeudi qu’il continuerait à « poursuivre des mesures de normalisation et de stabilisation » avec le Nord.
« Au cours des trois dernières années, les relations intercoréennes ont été enfermées dans une impasse intransigeante. Pour transformer cela en une période de dialogue et d’engagement, nous devons aborder la situation avec calme et une perspective à long terme », a déclaré un responsable du ministère de l’unification sud-coréen aux journalistes.
Les deux pays demeurent techniquement en guerre, car la guerre de Corée s’est terminée par un armistice et non par un traité de paix. Alors que la perspective d’une « réunification pacifique » des deux pays est inscrite dans la Constitution sud-coréenne, ce nouvel épisode illustre la prise de distance de Pyongyang vis-à-vis d’une résolution pacifique du conflit.