September 24, 2025

DIRECT. Procès Jubillar :"Baissez d’un ton", "cela commence à m’agacer"… l’avocate de Cédric malmène le directeur d’enquête, la tension monte

Au troisième jour du procès de Cédric Jubillar, les débats vont devenir plus techniques. Le mari de Delphine Jubillar, portée disparue depuis la nuit du 15 au 16 décembre 2020, est soupçonné d’avoir tué son épouse. Et ce sont les investigations qui mènent les enquêteurs à ces soupçons qui vont être présentées aux jurés ce mercredi. Suivez le troisième jour d’audience en direct.

• Accusé du meurtre de son épouse, Cédric a une nouvelle fois nié toute responsabilité dans la disparition de Delphine. Son étude de personnalité a décrit une personnalité clivante. À l’opposé de celle de son épouse, étudiée mardi matin.

• Aujourd’hui, le directeur d’enquête sera interrogé. La défense pourrait s’en prendre à une enquête qu’elle estime “menée uniquement à charge”.

Le dialogue a du mal à s’établir entre Me Franck et le directeur d’enquête

L’avocate de Cédric Jubillar s’agace des non-réponses de son interlocuteur. “Cela va être compliqué”. Les avocats de la partie civile commencent aussi à manifester leur mécontentement face à ce spectacle. “Baissez d’un ton”, leur lance Me Franck.

La salle s’agite et l’avocate, visiblement tendue, se reprend : “Cela m’agace, je vais m’assoir pour me calmer’. La situation semble faire rire Cédric Jubillar.

Où est passé le boîtier des lentilles de contact ?

Plus les minutes avancent, plus la tension monte. Me Franck reproche au gendarme de répondre à côté. La présidente la rappelle à l’ordre, mais elle conteste. “Ca va être compliquée”, lance-t-elle. “Ca commence à m’agacer”.

Le sujet des lunettes arrive sur la table. Le fils des Jubillar, Louis, a évoqué une boîte de lentilles de contact que possédait sa mère. A-t-elle été cherchée ? “Imaginons que vous ayez trouvé ce boîtier, qu’il n’y ait pas eu de lentille à l’intérieur. On aurait pu se demander si Delphine Jubillar n’avait pas mis ses lentilles pour sortir”, questionne Me Franck. “Vous imaginez l’importance de cet élément ?”. Le gendarme fait mine de ne pas comprendre et l’avocate s’applique à expliquer ce qu’est un boîtier de lentilles de contact à l’assistance.

Le directeur n’arrive pas à rester en place. Il se tourne et recule avant de revenir face au pupitre. Il finit par répondre et donner sa version : Delphine portait ses lunettes le soir de la disparition, selon son fils, et elles ont été retrouvées cassées.

Et si Cédric Jubillar surveillait Delphine pour avoir des éléments pour le divorce ?

Au tour de Me Martin de mettre en difficulté Bernard L. en abordant le sujet de la surveillance faite par son client sur sa femme. L’enquête n’a pas permis de montrer une surveillance particulière de l’accusé les nuits. “Pour un homme qui la flique et qui l’espionne, ne pas vérifier ce qu’elle fait la nuit, vous ne trouvez pas que ce n’est pas très très vigilant ?”, demande l’avocat toulousain, en n’attendant pas vraiment de réponse.

Bernard L. rétorque quand même : “Monsieur Jubillar a l’emploi du temps de son épouse, il sait que la nuit, elle travaille”. La thèse de la défense : et si Cédric Jubillar surveillait Delphine pour avoir des éléments pour le divorce ?

Dans le box des accusés, le principal intéressé est désormais complètement penché contre la vitre. Les coudes posés sur le rebord du box, il observe et écoute attentivement.

Le directeur d’enquête transpire et n’arrive pas à se faire entendre

Toujours malmené par la défense, le gendarme s’essuie le front régulièrement. Il articule de moins en moins, il devient de plus en plus difficile de comprendre les échanges.

Cédric Jubillar, confortablement assis dans son siège, assiste aux échanges et semble détendu. Il jette aussi des regards sur la salle.

Cédric Jubillar avait-il accepté le divorce ?

“Je voudrais vous mettre face à quelques éléments qui peuvent peut-être permettre de considérer que Cédric Jubillar avait accepté le divorce”, déroule Me Franck. Son client va voir un avocat en octobre 2020 et le gendarme confirme. Ce qui vient renforcer le point avancé par la défense.

Ce divorce s’orientait-il vers une procédure à l’amiable ou conflictuelle ? “À l’amiable il me semble”, répond Bernard L.

De plus, il valide le fait qu’une enveloppe a été retrouvée au domicile des Jubillar. Delphine avait pris des notes sur celle-ci, notamment à propos d’une répartition de la garde des enfants qui prouverait une entente entre les deux. “Pourquoi vous ne l’avez pas mentionné ?”, demande Me Franck. Le gendarme est visiblement en difficulté : “Il nous est impossible de dater cet écrit”.

Me Franck interroge le directeur d’enquête, les premières tensions apparaissent 

Me Franck, avocate de Cédric Jubillar, prend le micro et des tensions éclatent déjà. Le gendarme grommelle à une question assez anodine sur les écoutes téléphoniques. “On ne va pas commencer comme ça”, lance l’avocate. On sent que le directeur d’enquête s’est tendu et semble peu enclin à répondre clairement. “Il n’y a aucun reproche dans ce que je vous dis”, lui répète Me Emmanuelle Franck.

Les questions se multiplient, mais les réponses sont de plus en plus compliquées à entendre. L’assistance pourrait croire qu’il souffle dans le micro. Sa grosse voix est étouffée par les bruits de micro.

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Une pause est annoncée par la présidente avant l’intervention de la défense

“Ils sortent à une fréquence terrible ces chiens !”

C’est maintenant Me Laurent Boguet, avocat des enfants Jubillar, qui prend le micro. Le point qu’il souhaite aborder concerne les chiens. Entre 21h30 et 22 heures, Cédric Jubillar est vu par une voisine dans Cagnac-les-Mines, en train de promener les deux chiens, Gnocchi et Oprah. Bernard L. confirme.

Mais l’avocat s’interroge, puisque Cédric a dit aux enquêteurs que Delphine était allée promener les deux animaux 1h plus tard. “Ils sortent à une fréquence terrible ces chiens !”, ironise Me Boguet. Cette remarque provoque l’hilarité de la salle dans une après-midi plutôt tendue.

Le directeur d’enquête a du mal à parler dans le micro

“Parlons des lunettes”, enchaîne l’avocat général Nicolas Ruff. “On sait que Delphine a une vue qui l’oblige à porter des lunettes ou des lentilles. Le 15 décembre, portait-elle des lunettes ?” La réponse du major est brouillée par des bruits désagréables. Il faut tendre l’oreille… le directeur d’enquête bouge trop et ne parle pas dans le micro.

“S’il vous plaît, monsieur, parlez bien face au micro, ne vous tournez pas”, lui lance la présidente. Il reprend hésitant : “On a des photos qui prouvent qu’elle portait des lunettes ce jour-là”. Les propos sont toujours altérés. L’avocat général et la présidente répètent au gendarme de bien parler dans le micro. Celui-ci semble perdre en confiance.

Les mines de Cagnac, une “zone inépuisable si on veut cacher un corps”

L’avocat général Pierre Aurignac est le premier à poser des questions. Il s’intéresse principalement au terrain minier de Cagnac-les-Mines. “Tout au long de l’enquête, on a découvert des endroits dont on ignorait l’existence, cette zone est inépuisable si on veut cacher un corps”, admet le gendarme.

Bernard L. répond désormais aux questions

“Cédric avait la motivation, un mobile et ce soir-là, l’opportunité”

Dès les premiers jours de recherches, le comportement de Cédric intrigue ses proches. Il semble détaché et peu intéressé. “Il cherche le corps de Delphine, mais pas sa femme”, affirme le gendarme. Des témoignages rapportent qu’il pense plus à lui et à ses chiens. Il est très intéressé par les investigations et la médiatisation de l’affaire. Mais il est déçu : “Pourquoi, on parle tout le temps de Delphine et jamais de moi”, aurait-il dit. Il se qualifiait lui-même de “pute à clics”.

Les éléments déroulés pendant 2h par le gendarme ont donc mené les enquêteurs à placer Cédric Jubillar en garde à vue. Il est ensuite mis en examen pour meurtre sur conjoint le 18 juillet 2021. “Cédric avait la motivation, un mobile et, ce soir-là, l’opportunité”, lâche Bernard L. avant de conclure son intervention par un hommage à Delphine.

Comment Cédric a utilisé son téléphone ?

“Il rallume son téléphone dans l’instant où il reçoit une notification de Badoo, un site de rencontre et la lit”, affirme le directeur d’enquête à propos de Cédric. “Entre 3h 53 et 4h, le podomètre du téléphone ne fait que 47 pas soit une quinzaine de mètres. Dans l’heure qui suit, il doit faire 160 mètres”, continue-t-il.

La nuit du 15 décembre, “au vu de l’intense utilisation que Cédric fait de son téléphone il est évident qu’il a son téléphone en main. Il n’a aucun problème de batterie. Il compose à 188 reprises le numéro de la disparue, le lendemain il ne le fait qu’à deux reprises”.

Du sang sur le pyjama de Cédric ?

Le directeur d’enquête continue son récit : “A l’arrivée des gendarmes, Cédric porte un pyjama panda. Des microtraces de sang de sa femme ont été détectées sur sa manche gauche. De la salive de Mme Jubillar a été retrouvée en plusieurs endroits. Cela peut correspondre à un rapprochement : par exemple un câlin ou un moment de soumission.”

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Le déroulé de la soirée du 15 décembre précisé

Cédric Jubillar est seul à la maison avec ses enfants. Il est énervé par le fait que sa femme soit absente et ne s’intéresse pas à eux. Peu après l’arrivée de Delphine, Cédric sort “prendre l’air” et sort les chiens, la tête baissée. “Il ne répond pas au ‘bonsoir’ de sa voisine”, détaille même Bernard L. Sa femme regarde la télé avec son fils. Avant cela, elle avait envoyé une photo en petite tenue à son amant et les deux continuent de discuter par message. Ils se réjouissent de l’achat d’une caisse de vin, leur premier achat à deux. Cédric, lui, va se coucher et affirme qu’il ne sait rien de plus sur le reste de la soirée puisqu’il a dormi.

Mais Louis a une autre version, selon l’enquêteur, il a entendu et vu une dispute verbale et physique entre ses parents. Ce que Cédric a toujours nié invoquant que son fils “confondait avec une autre soirée”.

Bernard L. continue le déroulé de la soirée en revenant sur la découverte des lunettes cassées de Delphine ainsi que les cris entendus par deux voisines. Ces cris sont entendus peu après 23h. Au même moment : le téléphone de Delphine n’émet plus aucune communication. Des échanges avec son amant étaient soutenus jusque-là. Le téléphone réapparaît sur le réseau un peu moins d’une heure plus tard à 23h48. Puis, plus rien. À 6h52, une manipulation humaine le déverrouille. Puis, il quitte définitivement le réseau à 7h48.

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“Je te jure maman, je vais la tuer, l’enterrer et personne ne la retrouvera”

Bernard L. est bien plus sûr de lui et développe désormais des points cruciaux de l’enquête de façon assurée. Les problèmes financiers, la dépendance économique de Cédric, le fait qu’il refuse la séparation… Ces éléments attirent l’attention des enquêteurs. “L’entourage familial est, de toute façon, la première piste envisagée”, souligne le directeur d’enquête. “Contrairement à ses déclarations, Cédric a effectué de nombreuses manipulations téléphoniques pour espionner sa femme”. Il consulte les comptes bancaires de Delphine et s’aperçoit qu’elle loue des voitures en journée et réserve des hôtels la nuit.

Plusieurs semaines avant sa disparition, Delphine est plus joviale, et même “plus sexy”, comme l’a lui-même noté Cédric, lorsqu’il a été interrogé. Ses soupçons concernant la relation extra-conjugale de Delphine se confirment.

Pour appuyer son propos, le gendarme énumère ensuite toutes les menaces de mort proférées par Cédric à l’encontre de Delphine. “Si Delphine me quitte, je serai capable de la tuer”, a-t-il affirmé à une connaissance à l’été 2020. Par ailleurs, il aurait aussi confié à sa mère : “Je te jure maman, je vais la tuer, l’enterrer et personne ne la retrouvera”. Enfin à un jeune mineur avec qui il jouait à la pétanque : “Ça ne se passe pas bien avec Delphine, j’ai envie de la tuer.”

Bernard L. rentre dans le détail des pistes écartées

“Nous n’avons décelé aucune trace de vie depuis le 15 décembre 2020”, déclare Bernard L. avant de s’attaquer au dossier des pistes écartées.

Le téléphone de Delphine n’a jamais été retrouvé, mais nous l’avons techniquement recréé, avec un téléphone du même modèle et une carte SIM recréée”, affirme-t-il. “Nous sommes assaillis de messages et d’appels”. Tout le monde a cru que Delphine venait d’allumer son téléphone, mais c’était simplement les enquêteurs. “Cette opération a permis d’établir qu’elle avait une vie sociale riche et une relation solide avec son amant”. Des éléments qui, une fois de plus, écartent la thèse du suicide ou celle de la disparition volontaire.

Le gendarme aborde la piste du rôdeur. Pour celle-ci, la vidéosurveillance n’a rien donné, le secteur était désert, les bornages téléphoniques et l’épluchage des fichiers de délinquants ne dévoilent rien… Les enquêteurs tombent alors sur un mur.

C’est ensuite la piste d’un homme éconduit qui est abordée. Un de ceux-ci aurait pu s’en prendre à Delphine, selon les gendarmes. Plusieurs individus sont suspectés. Mais après des investigations poussées, ils sont tous écartés un à un de la liste des suspects. Encore une piste qui tombe à l’eau… Les télécommunications entre Delphine et son amant Jean M. montrent qu’ils s’aimaient profondément et qu’ils attendaient impatiemment de pouvoir emménager ensemble. La compagne de cet amant est aussi suspectée, d’autant plus qu’elle est entrée en contact avec Delphine en apprenant la relation extraconjugale. Mais les échanges, qui ont lieu quelques jours avant la disparition, sont courtois. “La situation est donc connue et acceptée par la compagne de Jean”. De plus, les deux étaient ensemble le 15 décembre comme le confirme la téléphonie. Les noms sont barrés de la liste des suspects.

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Le directeur d’enquête déroule son récit, Cédric Jubillar l’écoute attentivement

Le major Bernard L. de la section de recherches de Toulouse, directeur d’enquête, entame son propos. Son témoignage est très attendu, car il a dirigé et donné les ordres lors des investigations qui ont mené à mettre en examen Cédric pour meurtre. La défense estime que cette enquête a été menée à charge. D’emblée, il semble hésitant, il bute de nombreuses fois sur des mots et sa diction n’est pas fluide. Il développe le récit de l’intervention des primo-intervenantes sur un rythme haché et les bruits parasites du micro n’arrangent rien. Il reprend toutes les vérifications et actes d’enquêtes réalisés le soir même.

“Nous procédons ensuite à plusieurs auditions de proche”, explique notamment le major. “Cédric aussi est entendu et examiné : il a une trace au bras et sur le torse”. De nombreux éléments d’enquêtes sont abordés : l’amant de Delphine, la relation détériorée du couple, la maison… Lors de la présentation du domicile à travers un diaporama photo, le gendarme présente chaque pièce. Il évoque aussi les pistes rapidement écartées : “L’hypothèse du suicide et celle de la disparition volontaire sont très vite abandonnées”.

Bernard L. conclut cette introduction rapide de l’enquête en rappelant l’ouverture d’une information judiciaire pour enlèvement et séquestration notamment. Sur ces mots, il fait une pause pour boire de l’eau. Silence. De l’autre côté de la salle, dans le box des accusés, Cédric semble extrêmement attentif. Penché en avant, il a la tête posée sur la paume de sa main. Ses jambes croisées, il est comme recroquevillé sur le siège, mais ne détourne jamais ses yeux du major.

La séance reprend avec le témoignage du directeur d’enquête, Bernard L.

Suspension de séance, les débats reprendront à 13h15

Cédric Jubillar questionné sur ses relations avec ses enfants

Cédric Jubillar est désormais interrogé sur les éléments déroulés depuis le début de l’audience. Notamment sur les propos de l’administratrice de ses enfants. Elle a assuré que Louis était sûr que son père était responsable de la mort de Delphine et que ses enfants souhaitaient qu’il dise la vérité.
“Je ne comprends pas ces propos puisque je n’ai pas tué Delphine. Je ne peux rien leur dire, je ne sais rien, comme eux”. Cédric Jubillar dénonce des propos “discriminants” mais admet que la colère de son fils, Louis, pourrait être liée au fait qu’il a refusé de le voir et ne lui a plus envoyé de lettre pendant un an.

Au tour de sa défense de lui poser des questions :
– “Est-ce que vous avez envie que vos enfants viennent vous voir en prison ?”
– “Non, pas en prison”, répond-il sèchement. Il préférerait les voir par visio, ce qui ne lui a jamais été proposé.

Face à la question de la difficulté de communiquer avec ses enfants, Cédric Jubillar dit avoir “fait quelques démarches” avant de renoncer. En sous-texte, il considère que les conditions dictées par les services pénitentiaires ne permettaient pas une bonne communication. Il lui est opposé qu’il disposait d’une assistante sociale pour faciliter ces échanges, mais qu’il n’a pas beaucoup fait appel à elle. Cédric choisit de ne pas réagir.

Nouvelle escarmouche lors d’une prise de parole de Me Rongier

L’avocate parisienne de la partie civile fait à nouveau réagir la cour en protestant après une remarque de la présidente. Celle-ci, avant de lui donner la parole, la met en garde sur le fait que sa question ne doit pas reprendre des éléments déjà abordés. “Vous n’allez pas me le préciser à chaque fois que je parle”, lui rétorque l’avocate.

“Comment passe-t-on d’une enquête pour disparition à une enquête pour meurtre ?”

Me Franck pose cette question après le récit de Jérôme G. sur les recherches de terrain. L’homme est décontenancé et semble ne pas comprendre ce qui lui est demandé. “Je ne peux pas vous parler de ce qui ne relève pas de ma responsabilité”, répond-il, hésitant.

De son côté, Me Martin loue les moyens mis en place par les enquêteurs pour retrouver Delphine avant de demander des détails sur l’étendue des recherches. Notamment dans les mines au nord de Cagnac.
– “Avez-vous fait une liste des crevasses en question ?” demande Me Martin
– “Oui, nous avons même fait appel à des spéléologues”, répond l’enquêteur qui commence à choisir ses mots avec prudence.
Me Martin passe la seconde : “Pourquoi n’avez-vous pas étendu la zone de recherches au-delà du rayon de 35 km cité ?”. Jérôme G. n’arrive pas à formuler de réponse précise et renvoie vers sa hiérarchie.

Même réponse à la question de savoir comment l’enquête a pu déterminer que Delphine était morte le soir de sa disparition. “Le directeur d’enquête vous détaillera tous ces éléments”, finit par dire le gendarme.

La section de recherches de Toulouse sur le gril

Après les 7 premiers jours d’enquête dirigée par Sophie L., l’affaire est prise main par la section de recherches de Toulouse. C’est donc l’adjoint de ce service, Jérôme G., qui passe à la barre, il est désormais en poste à Marseille. Saisi, il a été le directeur des opérations de recherches dans l’enquête sur la disparition de Delphine Jubillar. Le gendarme était alors responsable des recherches de terrain. “Mon supérieur était le major Bernard L., directeur d’enquête”, précise-t-il. Ce dernier passera à la barre après lui. Son témoignage est très attendu.

Après le déroulé des constatations déjà énoncées par les premiers gendarmes, il passe au crible l’enquête qui a mené à la mise en examen et à l’incarcération de Cédric Jubillar. Les fouilles ont été élargies et plus précises à la suite de témoignages. Des recherches ont été lancées dans une ferme incendiée proche du domicile du couple Jubillar après des déclarations de Séverine, l’ex-compagne de Cédric. Le signalement d’un codétenu de Cédric, Marco, a aussi amené la section à lancer la fouille d’un secteur précis près de Cagnac. “Cédric Jubillar lui aurait demandé si la pluie pouvait faire couler la boue et révéler un corps”, détaille Jérôme G. D’autre part, “nous avons appris au cours des investigations que le mis en cause avait déjà confié vouloir tuer sa femme auprès de proches”, se souvient-il. Et notamment à sa mère, Nadine.

Le gendarme termine son propos en expliquant avoir rencontré des difficultés lors de ces recherches infructueuses. Des terrains et notamment les mines n’ont pas pu être fouillées. “Ce n’était pas responsable d’engager des recherches sur ce type de secteur”. Sur ces paroles, la présidente lance la séquence de questions.

Retrouvez le récit de la journée d’hier ⬇

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L’attitude de Cédric Jubillar scrutée par tous

L’accusé est à nouveau enfoncé dans son siège. Cette position semble être celle qu’il prend lorsqu’il n’est pas intéressé par les témoignages. Le long récit des moyens de recherche mis en place pour retrouver sa femme ne le fait pas réagir aussi nerveusement que lorsque l’on parle de ses enfants.

Le public s’interroge d’ailleurs sur Cédric Jubillar. “Il doit en avoir plein le casque”, ironise un jeune homme. “De toute façon, il est détesté ou adoré”, souffle une autre personne. Le plaquiste est résolument scruté par tout le monde.

Le récit détaillé de Sophie L., la gendarme qui a dirigé les premiers temps de l’enquête

Cette gendarme, en poste à Albi, va appuyer le récit des militaires déjà questionnés, mais surtout détailler les moyens mis en place pour retrouver Delphine. “J’étais alors la directrice des opérations”, précise-t-elle. Concrètement, elle était chargée de mettre en place tous les moyens, dont elle dispose, lors des 7 premiers jours de l’enquête. “J’ai engagé la moitié de ma compagnie sur le terrain”.

“Dans ce cadre, le gendarme Sébastien E. m’a contactée pour me communiquer la disparition” de Delphine, raconte la gendarme. Elle déroule alors le même récit que les trois militaires interrogés la veille, tout en rappelant le contexte lié au couvre-feu. Delphine “avait déjà acheté les cadeaux de Noël, elle avait prévu de boire un café avec des copines les jours suivants…”, énumère-t-elle avant d’assurer : “Nous avons donc rapidement trouvé cette disparition incompréhensible et inquiétante”. Elle a alors pris la décision de faire appel à la section de recherches qui peut étendre l’enquête au point de vue territorial. Le service intègre alors l’enquête dès le 16 décembre.

Sophie L. décrit les moyens engagés : ils sont considérables. En tout, chaque jour, 25 personnes participaient aux recherches. “Nous avons effectué les premiers ‘porte-à-porte’ dans le voisinage”, dit-elle. Des ratissages, aidés par l’intervention d’un chien de recherche, dans les bois qui se trouvent autour de Cagnac. Elle a déterminé 16 secteurs autour de la maison Jubillar qui devaient être fouillés, pour un total de 35 km2. L’exploitation de la vidéo n’a pas permis d’orienter l’enquête vers quelconque piste. Une nouvelle battue est organisée le 23 décembre rassemblant plus de 1 500 personnes.

Un hélicoptère est aussi engagé dès le 16 décembre, pour survoler les zones de recherche. Ce tour aérien est à nouveau effectué le 18 décembre. Plusieurs brigades nautiques de la région ont fouillé les différents points d’eau environnants. Malgré tous ces moyens mis en place, Delphine n’a pas été retrouvée. Le 23 décembre, elle n’est plus en charge des opérations, l’enquête prend un premier tournant : la section de recherches de Toulouse prend le relais.

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Déborah D., collègue de Sébastien V., à la barre

Après Sébastien V., une de ses collègues confirme avoir vu la voiture garée au bord de la route et près d’un pont vers 5h30 la nuit de la disparition. “Je ne sais même pourquoi j’ai été convoquée aujourd’hui”, dit-elle, tendue par les questions de la présidente. La jeune femme a du mal à confirmer le fait que la voiture ait pu être allumée.

“Je n’ai pas contacté les gendarmes, c’est mon collègue qui a appelé”, répond-elle à l’avocat général. Ses réponses sont lacunaires et on voit clairement qu’elle n’a pas envie d’être là. La présidente la rappelle à l’ordre. La partie civile n’a pas de questions. Me Franck, avocate de la défense, s’empare du micro. Elle lui fait confirmer des détails autour du véhicule aperçu. Fin du témoignage, qui a été poussif.

Sébastien V., le témoin spontané qui a vu une Peugeot

Après le taxi, c’est au tour de ce quadragénaire d’apporter son témoignage. Ce témoin s’est présenté spontanément à la gendarmerie pour parler de ce qu’il a vu au moment des faits. Le quadragénaire allait au travail le 16 décembre, vers 5h-5h15 dans le secteur de Cagnac. “Je suis formel, j’ai vu une Peugeot noire ou bleue sombre garée au bord d’un chemin, près d’un pont”, rapporte-t-il sûr de lui.

“Je ne suis pas le seul à avoir vu la voiture”, ajoute-t-il, “au travail, des collègues l’ont vue aussi”. Il confirme aussi avoir vu un individu courir aux abords du véhicule. “Une scène qui sortait de l’ordinaire”, interpelle Me Martin, avocat de Cédric Jubillar. Ce que confirme le témoin, qui au fur et à mesure des questions, semble de plus en plus hésitant.

Me Franck prend le relais : “Est-ce que vous trouvez normal d’appeler la gendarmerie 48h plus tard et d’être auditionné 15 jours après ?”. “Honnêtement, je n’en sais rien, je voulais juste apporter mon témoignage”, répond-il péniblement. “Ne vous inquiétez pas, vous n’y êtes pour rien monsieur”, rassure l’avocate de Cédric. Le témoignage prend fin.

Qui est Olivier L. ?

L’homme de 66 ans est un chauffeur de taxi qui circulait dans le secteur de Cagnac-les-Mines à 6h du matin dans la nuit du 15 au 16 décembre. Le soir de la disparition de Delphine donc, il a vu une silhouette “adolescente ou féminine” habillée d’une “doudoune beige” circuler au bord de la route.

“Cette personne n’était pas en détresse”, dit-il, “comme il n’y avait personne dehors à cause du confinement, ça m’a marqué”. L’homme, à la longue barbe blanche, confirme l’horodatage des faits et semble sûr de ses propos. Son témoignage prend fin très rapidement.

Il est 9h09, l’audience reprend

Olivier L., un chauffeur de taxi, est le premier à témoigner.

Les avocats de la Défense, Me Martin et Me Franck, avant cette troisième journée d’audience

Me Franck et Me Martin sont installés dans la salle d’audience avant la 3e journée du procès.

Me Franck et Me Martin sont installés dans la salle d’audience avant la 3e journée du procès.
Me Franck et Me Martin sont installés dans la salle d’audience avant la 3e journée du procès.
DDM Marie-Pierre Volle

Cédric Jubillar : “Il ne veut plus le voir”… quelles sont les relations avec ses enfants, qui réclament la vérité à leur père ?

Confiés à leur tante maternelle, Louis et Elyah, 11 et 6 ans, les enfants de Cédric et Delphine Jubillar, sont au cœur du procès Jubillar. Leurs témoignages révèlent une relation brisée avec leur père, accusé du meurtre de leur mère.

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Qu’est-il prévu ce mercredi ? 

Après une deuxième journée réservée à la personnalité de Delphine et aux premiers enquêteurs, ce troisième jour d’audience sera également consacré à la dissection de l’enquête. Dès 9 heures , la matinée verra défiler des témoins aperçus dans le secteur de la maison des Jubillar la nuit du 15 décembre 2020. Dans un second temps, à partir de 14h , ce sera au tour du directeur d’enquête, le gendarme Bernard Lorvellec de témoigner. Son audition interviendra en point d’orgue après que tous les enquêteurs ont été entendus avant lui.

Une camionnette blanche devant la maison ? L’un des indices majeurs de l’accusation fragilisé

Devant la cour d’assises d’Albi, la défense a semé le doute sur un indice central : la Peugeot 207 du couple Jubillar. Appelés à la barre, trois gendarmes primo intervenants ont affirmé, ce mardi 23 septembre, ne pas se souvenir de la présence d’une camionnette blanche pourtant décrite comme garée à côté du véhicule le soir de la disparition de Delphine. Une contradiction qui fragilise le témoignage du voisin et de l’accusation.

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Quelques personnes attendent l’ouverture des portes du tribunal d’Albi, sous la pluie, ce mercredi matin

Malgré la pluie, quelques personnes attendent tôt ce mercredi matin, devant les portes du tribunal d’Albi. “Je ne le connaissais pas (NDLR : Cédric), je n’étais pas à Albi, mais les commerçants ici savaient qui c’était”, raconte une commerçante. “Ce n’était pas un mec gentil apparemment, reprend cette dernière. Moi, je pense surtout aux enfants qui doivent avoir la vérité”.

Plusieurs personnes ont fait le déplacement pour ce troisième jour d’audience.
Plusieurs personnes ont fait le déplacement pour ce troisième jour d’audience.
DDM Marie-Pierre Volle

Des gendarmes attendus à la barre dont le directeur d’enquête

Deuxième jour du procès de Cédric Jubillar ce mardi avec, notamment, l’audition des premiers gendarmes arrivés au domicile du couple le 16 décembre 2020 au matin. Leurs observations détaillent linge lavé, maison en désordre et lunettes brisées.

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Bonjour et bienvenue dans ce direct

La Dépêche du Midi vous propose de suivre la 3e journée d’audience du procès de Cédric Jubillar dans ce direct.

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