September 19, 2025

"Il faut une prise de conscience de cette réalité" : drogue, alcool, tabac… Quand le milieu du sport devient une proie aux addictions

l’essentiel
Le colloque “Sport et addiction” organisé à Foix par le comité de rugby de l’Ariège a rassemblé un nombreux public. Une soirée qui a permis une prise de conscience face à la dure réalité et ouvert quelques pistes pour éradiquer le problème des addictions dans le sport.

« Le sport est une formidable école de la vie, mais il n’est pas à l’abri des dérives. » En ouverture du colloque « Sport et addictions », organisé jeudi soir à L’Estive par le comité départemental de rugby de l’Ariège, avec le soutien d’Harmonie Mutuelle, la maire de Foix plante le décor. « Le sport ne peut être considéré comme une zone de non-droit », poursuit Frédérick Dedieu, président du CD09 de rugby. « On veut passer de la prise de conscience à l’action. »

Pendant près de trois heures, témoins, responsables de la gendarmerie, présidents de clubs, un médecin… se succèdent à la tribune pour dresser un constat unanime : les addictions sont désormais généralisées faut une prise de conscience de cette réalité, constate Philippe Calléja, maire de Saverdun et médecin. Les addictions nous entourent partout. C’est un fait sociétal. Il faut prendre conscience de la situation et agir. Mais comment ? Il y a bien sûr le gendarme, mais cela ne sert à rien sans prévention, sans accompagnement. Il faut être attentif à la souffrance de l’autre, être à l’écoute. »

Libérer la parole

Deux témoignages sont venus bouleverser l’assistance. Ancien joueur professionnel, Sébastien Descons a parlé sans détour de sa dépression post-carrière : « Couper avec le monde pro n’a pas été évident. J’ai perdu toute confiance en moi, mais je suis content d’être passé par là. »

Président de VAL XV, David Daraux a lui aussi eu des mots forts : « Face à certains fléaux, je pense que la guerre est perdue d’avance. Mais on se doit d’informer. Chez nous, après un problème, on a créé deux groupes de parole pour libérer la parole. Et tout le monde devait être là. J’ai pris un coup derrière la tête, mais depuis ce jour-là, dans le cadre du rugby, si j’en chope un qui dérape, il dégage. »

Au fil des échanges et des débats, la discussion apparaît comme l’élément indispensable au traitement des addictions. « On fait de la prévention, mais l’idée est également de réduire les risques, explique Camille Jarry, de l’association Addiction France. J’espère planter des graines tout au long de mes interventions. » La prise de conscience du danger est générale. Les addictions peuvent avoir de graves conséquences. « Certaines addictions ont des conséquences légales et sanctionnables », insiste Guillaume Ricard, commandant adjoint à la Maison de Protection des Familles de l’Ariège. « Si un jeune veut travailler plus tard dans le domaine du sport, il doit savoir qu’il lui faut un casier judiciaire vierge, » ajoute Romain Rambaud (Jeunesse et Sport).

“On doit rêver que demain soit meilleur”

Un constat donc, mais aussi quelques pistes pour éviter que ces addictions ne tournent parfois au drame. « Le milieu associatif est un lieu de vie, il faut capitaliser dessus, précise Mylène Bacon, de l’association EPESS. Le groupe est important. C’est lui qui peut donner l’alerte. »

Sylvain Deroeux, secrétaire général de la Fédération Française de Rugby, n’a pas caché son admiration devant l’organisation d’un tel colloque : « Félicitations. Le rugby des villages est propice aux dérives et aux addictions. Il faut accepter de voir, d’affronter les problèmes. C’est déjà faire une partie du chemin. Ensuite, il faut agir. Nous sommes tous responsables. On doit rêver que demain soit meilleur. » Dans la salle, chacun est reparti informé de l’urgence de la situation. Informé aussi que la bataille peut, malgré tout, être gagnée.

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