La fermeture forcée, en juillet 2025, d’un immeuble du centre-ville a laissé deux commerçantes de Castelsarrasin (Tarn-et-Garonne) dans l’attente. Deux mois plus tard, aucune avancée visible, tandis que certains perdent déjà clients et revenus. Jusqu’où cette paralysie peut-elle durer ?
Deux mois après l’évacuation d’un immeuble en plein centre-ville, rue Antoine-Delzers, le temps semble s’être figée pour les habitants et commerçants touchés. Depuis le samedi 10 juillet 2025, date de l’arrêté de péril imminent, rien ne paraît avoir évolué. Les riverains, habitués à passer dans la rue, ne prêtent même plus attention au grillage installé autour du bâtiment, comme s’il faisait désormais partie du décor.
Pourtant, plusieurs affiches rappellent qu’un arrêté municipal est toujours en vigueur. Pour mémoire, des fissures apparentes et des murs bombés ont définitivement condamné cet immeuble de la sous-préfecture.
Sept familles avaient été relogées en urgence et deux commerces ont dû fermer précipitamment leurs portes, après qu’un risque d’effondrement a été signalé. À l’époque, des travaux récents sous les toits et un dégât des eaux étaient évoqués comme causes possibles de la fragilisation du bâtiment.
Sans activité professionnelle depuis plusieurs semaines
Au bout du téléphone, Sylvie Verdier répond avec déception : « Il n’y a rien pour l’instant. » Depuis deux mois, la gérante du Centre de soin capillaire se retrouve sans activité professionnelle, en pleine saison estivale.
Elle tente en vain de joindre les propriétaires de l’immeuble. « Ils font la sourde oreille, assure-t-elle. Je suis obligée de me débrouiller toute seule. C’est un peu lourd. Il ne se passe rien. »

Malgré la colère et l’amertume, la commerçante de 61 ans a décidé d’ouvrir une nouvelle boutique début octobre, sur la route de Toulouse. « J’étais à deux doigts d’arrêter. Mais c’était impossible, car ma clientèle reste fidèle. » En attendant d’éventuelles nouvelles, elle « serre les dents ». Mais jusqu’à quand ?
Comment la commune accompagne les deux commerçantes ?
Contacté, l’un des deux propriétaires, Jules Grégoire, nous a simplement répondu « que nous sommes dedans », sans donner davantage d’explications sur l’immeuble en péril. Située à une centaine de mètres à pied de l’immeuble, la municipalité a quant à elle précisé à La Dépêche du Midi que les deux commerces « ne peuvent réintégrer les locaux tant que les travaux n’ont pas été réalisés ». Avant d’évoquer le cas des deux commerçantes de la rue (1) : « Malgré l’absence d’obligation légale de reloger les commerçants, la commune a mené une démarche proactive pour les accompagner. » Ainsi, la ville s’est investie dans la « recherche de locaux commerciaux disponibles » et dans l’organisation du « déménagement des locaux et le stockage de leurs outils de travail ».
(1) Nous reviendrons prochaienement en détail sur l’état dans lequel se trouve l’immeuble de la rue Antoine-Delzers. Notamment sur l’arrêté municipal, le rapport des experts, les travaux à prévoir ainsi que sur la situation des bâtiments vétustes dans le centre-ville.
« J’ai déjà perdu la moitié de ma clientèle »
Également installée au rez-de-chaussée du bâtiment, le magasin Dietplus subit lui aussi les conséquences. « C’est très compliqué », lâche la responsable du site, Rachel Wellington. Contrairement à sa voisine, elle a pu reprendre son activité en partageant les locaux d’une autre boutique dans la rue de la République.
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« J’ai déjà perdu la moitié de ma clientèle. Cela ne peut pas durer », témoigne-t-elle. Mais comme Sylvie Verdier, elle se sent impuissante : « Je ne peux rien faire. Il n’y a pas de solution. Je suis tributaire d’une situation que je n’ai pas demandée. » Son installation dans le secteur du rééquilibrage alimentaire avait pourtant commencé quelques semaines seulement avant la mise en péril de l’immeuble, au mois de mai.
« Au début, l’arrêté devait durer un mois. Maintenant, il est prolongé jusqu’au 11 octobre. Des travaux devaient démarrer au début du mois, mais je ne vois rien depuis quinze jours », explique-t-elle, inquiète.
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Elle évoque toutefois, avec prudence, des premiers coups de pioche prochainement, sans savoir ce qui va réellement suivre : « Et ensuite, comment ça va se passer ? »