De la fumée s’élève au-dessus de la bande de Gaza après un bombardement israélien, le 16 septembre 2025. MENAHEM KAHANA / AFP
L’armée israélienne a annoncé mardi 16 septembre avoir lancé une offensive terrestre à Gaza-Ville, qu’elle considère comme le « principal bastion du Hamas », le mouvement islamiste palestinien à l’origine de l’attaque du 7 octobre 2023 contre Israël. Tandis que les troupes israéliennes avancent dans une ville dévastée, l’ONU a demandé la fin du « carnage » que subissent les civils palestiniens. Les familles des otages du Hamas s’en sont de leur côté pris à Benyamin Netanyahou. On fait le point sur la situation.
A lire aussi
Récap
« Une fenêtre très courte » pour un accord de trêve, intensification des attaques… Ce qu’il faut savoir de la nuit de bombardements à Gaza
• La « phase principale » de l’assaut commencée dans la nuit
Les troupes israéliennes, selon un responsable militaire auprès de l’AFP, avancent « vers le centre » de la ville de Gaza, la plus grande agglomération du territoire qu’Israël considère comme le principal bastion du Hamas. « La phase principale de l’offensive a commencé pendant la nuit », a-t-il dit en estimant à « 2 000 à 3 000 » le nombre de combattants du Hamas opérant dans la ville. Selon lui, environ 40 % des habitants de la ville de Gaza et ses environs, estimés à un million par l’ONU, ont fui.
A lire aussi
Interview
Israël accusé de « génocide » à Gaza par une commission indépendante de l’ONU : « Un geste politique destiné à mobiliser l’opinion publique internationale »
D’après des témoignages d’habitants recueillis par l’AFP, les véhicules de l’armée se trouvent principalement dans le nord de la ville, ainsi que dans le sud, dans le quartier de Tel al-Hawa.
Le Hamas a qualifié cette offensive de « nettoyage ethnique systématique visant notre peuple à Gaza ». L’armée israélienne « frappe d’une main de fer les infrastructures terroristes […] pour créer les conditions nécessaires à la libération des otages et à la défaite du Hamas. Gaza brûle ! », a applaudi de son côté le ministre de la Défense Israël Katz.
• Des habitants témoignent de scènes d’horreur
Des témoins ont fait état de bombardements intenses sur la ville, déjà en grande partie détruite par l’offensive israélienne lancée il y a deux ans. « On peut entendre leurs cris », a raconté un habitant, Ahmed Ghazal, en allusion « aux nombreuses personnes bloquées sous les décombres à Gaza-Ville », située dans le nord du territoire. « Nous avons retiré des enfants déchiquetés », a dit un autre témoin, Abou Abd Zaqout, alors que des habitants fouillaient sous des blocs de béton.
A lire aussi
Reportage
« Global Sumud Flotilla » pour Gaza : au cœur de l’organisation du plus grand convoi humanitaire maritime de l’histoire
A la frontière avec le territoire palestinien, un photographe de l’AFP qui se trouvait du côté israélien a vu de gigantesques nuages de fumée s’élever autour de paysages dévastés par les bombardements. Dans l’ouest de la ville de Gaza, lundi, la tour al-Ghafri a également été détruite par l’armée israélienne. « Ils nous ont informés de leur intention de démolir la tour, alors nous sommes sortis », a raconté Ossama Abou Hassira, qui rejette les déclarations de l’armée affirmant que des bâtiments sont visés car ils servent à des « terroristes ». « Le seul objectif de Netanyahou, c’est nous pousser vers le sud », ajoute-t-il.
Les autorités israéliennes ont dit préparer l’accueil de Palestiniens fuyant le nord de la bande de Gaza vers le sud, dans une zone qu’elles qualifient « d’humanitaire », ce que contestent de nombreuses ONG opérant dans le territoire assiégé.
• Les familles des otages du Hamas « terrifiées »
Le Forum des familles des otages a déclaré que celles-ci étaient « terrifiées » pour leurs proches après l’intensification des frappes à Gaza. Le Premier ministre Benyamin Netanyahou « fait tout pour qu’il n’y ait pas d’accord et pour ne pas les ramener », a-t-il dit.
• Trump menace le Hamas de « gros problèmes » s’il utilise des boucliers humains
Le président américain Donald Trump a mis en garde le Hamas contre l’utilisation de boucliers humains, accusation récurrente contre le groupe islamiste depuis ses attaques du 7-Octobre en Israël. « On va attendre de voir ce qu’il se passe, car j’entends dire que le Hamas essaie d’utiliser la vieille méthode du bouclier humain, et s’ils le font ils vont avoir de gros problèmes », a-t-il déclaré devant des journalistes.
A lire aussi
Chronique
Comment Donald Trump veut transformer Gaza en entreprise lucrative sous tutelle américaine
Lundi, le secrétaire d’Etat américain Marco Rubio, qui a qualifié de « groupe de sauvages » le Hamas, a promis le « soutien indéfectible » de Washington à Israël pour éliminer le groupe. « Les Israéliens ont commencé à mener des opérations là-bas [dans la ville de Gaza]. Nous avons une petite fenêtre pour qu’un accord [de cessez-le-feu] puisse être conclu » avec le Hamas, a-t-il affirmé avant son départ d’Israël mardi, en évoquant « probablement quelques jours, peut-être quelques semaines ». Ce déplacement dans la région est intervenu après une attaque israélienne inédite le 9 septembre à Doha au Qatar contre des chefs du Hamas.
• Le chef des droits de l’homme de l’ONU demande la fin du « carnage »
Cette offensive terrestre a été condamnée par l’ONU, l’Union européenne et Londres, alors que la Défense civile a fait état de 37 morts mardi à travers le territoire palestinien.
Auprès de Reuters et de l’AFP, le Haut-Commissaire aux droits de l’homme de l’ONU Volker Türk a vivement dénoncé l’attaque : « Le monde entier crie pour la paix. Les Palestiniens, les Israéliens crient pour la paix. Tout le monde veut que ça s’arrête, et ce qu’on voit, c’est une escalade continue qui est totalement et parfaitement inacceptable », a-t-il déclaré avant d’ajouter : « C’est absolument clair que ce carnage doit cesser. »
A lire aussi
Décryptage
Contestation contre la guerre à Gaza : les 500 000 manifestants israéliens peuvent-ils faire fléchir Netanyahou ?
Le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres a également déploré la position jusqu’au-boutiste de l’Etat hébreu : « A l’heure actuelle, il semble qu’Israël soit déterminé à aller jusqu’au bout [de sa guerre à Gaza] et ne pas être ouvert à des négociations sérieuses pour un cessez-le-feu », a-t-il déclaré à la presse, dénonçant une situation « moralement, politiquement et légalement intolérable » dans l’enclave palestinienne.
Ces nouvelles condamnations interviennent alors que, pour la première fois mardi, une commission d’enquête internationale mandatée par l’ONU – mais qui ne s’exprime pas en son nom – a accusé Israël de commettre un « génocide » à Gaza depuis octobre 2023 avec l’intention de « détruire » les Palestiniens, mettant en cause le Premier ministre et d’autres responsables israéliens. En réponse, Israël a « rejeté catégoriquement » ce « rapport biaisé et mensonger » et appelle à la « dissolution immédiate » de cette commission.