September 17, 2025

"On s’en sort plutôt bien" : malgré la canicule puis les intempéries, ce domaine du Frontonnais débute des vendanges prometteuses

l’essentiel
Depuis mercredi 10 septembre, les vendanges ont débuté au château Bouissel, sur la commune de Campsas, en Tarn-et-Garonne. La récolte s’annonce plutôt bonne, malgré la sécheresse de juillet et les intempéries de la fin du mois d’août. “On a eu énormément de chance”, résume le responsable technique.

Le soleil se lève à peine sur la campagne tarn-et-garonnaise. Il est 7h15 lorsque les premiers rayons viennent caresser les 25 hectares cultivés du château Bouissel. Arnaud Giambra, le responsable technique du domaine installé à Campsas, en Tarn-et-Garonne, n’a pas attendu l’aube pour se mettre au travail.

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Depuis plus d’une heure, il est au volant de la vendangeuse et s’attaque à ramasser les grappes de Négrette, le cépage emblématique des vins rouges du Frontonnais. “C’est la variété la plus sensible. S’il pleut, elle se gorge d’eau et finit par éclater. On ne veut prendre aucun risque”, explique l’adjoint d’Arnaud, Benjamin Dubois, embauché l’an passé après avoir validé son apprentissage à Campsas.

“On a eu énormément de chance”

Autre raison de ce ramassage précoce du cépage rouge, les expérimentations que souhaite mener Émilie Larnicol, l’apprentie qui a succédé à Benjamin. “Elle teste différentes souches de levure pour de la bioprotection”, détaille Arnaud Giambra. À peine le raisin déversé de la vendangeuse vers la remorque du tracteur, Émilie asperge donc les fruits avec le produit nécessaire et ce, afin d’éviter un traitement au soufre.

Au château Bouissel, les rangées de ceps les plus jeunes, ici de trois ans, sont vendangées à la main.
Au château Bouissel, les rangées de ceps les plus jeunes, ici de trois ans, sont vendangées à la main.
DDM – FLORENT DUPRAT

“On a eu énormément de chance cet été, savoure Arnaud Giambra. On a eu des épisodes à 40 degrés qui ont desséché une partie de la récolte, c’est vrai. On a été un peu impacté avec des grappes qui sont tombées. Mais il a plu au moment où il le fallait, après le 15 août, et les niveaux sont restés relativement faibles : 10 à 15 millimètres maximum, de manière relativement espacée. On s’en sort très bien”, rassure Arnaud Giambra.

Une récolte de “plutôt bonne qualité”

Certains de ses collègues, sur les coteaux du Quercy par exemple, “ont enregistré jusqu’à 40 mm sur un seul épisode. Là, c’est beaucoup plus difficile de s’en sortir”, décrypte le technicien. Avant les orages et la sécheresse, c’est la maladie qui a pointé le bout de son nez. “Il y a eu une grosse pression en début de saison. Mais avec la faible pluviométrie, on a réussi à maîtriser la menace.”

Les raisons Rolle, brillants lorsqu’ils sont léchés par les rayons du soleil.
Les raisons Rolle, brillants lorsqu’ils sont léchés par les rayons du soleil.
DDM – FLORENT DUPRAT

Au moment de débuter les vendanges, le moral est donc plutôt bon. “La récolte sera de plutôt bonne qualité. En tout cas, certains viticulteurs seront beaucoup plus sinistrés”, croit-il. Dans les rangées de vignes, une équipe de quatre personne se prépare au ramassage à la main. “Ces pieds, plantés il y a trois ans, entrent à peine en production. Ils sont encore jeunes et la machine pourrait les abîmer. C’est pour ça qu’on le fait manuellement”, note Arnaud Giambra.

Le Rolle ramassé à la main

8h10 pétantes. Le tracteur conduit par Arnaud amène à Paola et ses comparses les seaux et les cagettes en plastique qui permettront de ramasser les grappes de Rolle, le nom français du cépage Vermentino. Le soleil les illumine d’un grain doré qui tranche avec les feuilles des ceps. Un petit bonbon lumineux qu’Arnaud ne résiste pas à goûter…

Arnaud Giambra, le responsable technique et maître de chai, conduit les caisses de grappes vers le pressoir.
Arnaud Giambra, le responsable technique et maître de chai, conduit les caisses de grappes vers le pressoir.
DDM – FLORENT DUPRAT

Deux personnes d’un côté de la rangée, deux de l’autre. L’équipe en a, au moins, pour la journée. Heureusement, l’ambiance est au beau fixe et les quelques éclaircies qui percent les nuages bas de cette matinée de septembre remettent du baume au cœur des ouvriers agricoles du jour.

Des gestes précis

Les gestes sont précis. La main vient en contrebas de la grappe, le sécateur permet de détacher le raisin du pied avant qu’il ne soit déposé dans le seau. Une fois le seau rempli, direction la cagette. Une fois la cagette remplie, elle est mise sur le côté. Arnaud viendra la ramasser avec le tracteur pour l’amener au pressoir. Le ballet est rondement mené.

Une main en dessous de la grappe, une main occupée avec le sécateur, le seau sous le cep et le tour est joué.
Une main en dessous de la grappe, une main occupée avec le sécateur, le seau sous le cep et le tour est joué.
DDM – FLORENT DUPRAT

La remorque pleine, le technicien rejoint le devant de l’exploitation où l’attendent Benjamin, Émilie et Sérafim. Ils sont chargés de s’occuper de la mise sous pressoir. La machine sépare dans un premier temps la grappe et les grains avant, comme son nom l’indique, de les presser.

Une stabulation pendant 4 à 5 jours

Une fois l’action de presse terminée, les vins vont ensuite être mis au froid pendant quatre à cinq jours “C’est ce qu’on appelle la stabulation”, précise Arnaud Giambra. Ce jour-là, le compte à rebours est lancé jusqu’à lundi. “Après, on lance la fermentation, que ce soit pour les blancs ou les rosés, en même temps.”

Une technique qui a fait ses preuves. La cuvée rosée Emma 2024 du château Bouissel a en effet été récompensée de la médaille d’or du Salon international de l’agriculture. Une récompense qui sonne comme une reconnaissance du travail de toute une équipe, attachée à faire parler son terroir, millésime après millésime.

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