Employeurs, collègues, clients… L’entourage professionnel de Cédric Jubillar a été passé au crible après la disparition de son épouse Delphine en décembre 2020. Les témoignages recueillis par les enquêteurs sont peu flatteurs pour le peintre plaquiste de 38 ans, qui va être jugé à partir du 22 septembre prochain par la cour d’assises du Tarn.
Dans les mois qui ont suivi la disparition de Delphine Jubillar en décembre 2020 à Cagnac-les-Mines, les enquêteurs se sont intéressés à la vie professionnelle de son mari Cédric, mis en examen pour meurtre sur conjoint en juin 2021 et dont le procès devant la cour d’assises du Tarn doit s’ouvrir le 22 septembre prochain.
Peintre plaquiste de formation, le jeune père de famille, qui clame son innocence dans cette affaire, a longtemps enchaîné les chantiers sur le bassin albigeois, en tant que salarié, intérimaire ou autoentrepreneur. Avec une activité – et des revenus – en dents de scie, ce qui constituait une source de tensions récurrentes au sein de son couple.
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Les témoignages de ses anciens employeurs, collègues ou clients recueillis au cours de l’enquête sont peu flatteurs pour Cédric Jubillar : manque de rigueur, problème de ponctualité, addiction…
“Il fumait trop de cannabis”
Dès son apprentissage, commencé en 2006 alors qu’il était tout juste majeur, son ancien employeur de l’époque se rappelle de “difficultés au niveau de son comportement”. Des retards, des absences et une consommation de “joints” sur les chantiers qui ont poussé le patron à le renvoyer.
Cette situation semble avoir peu évolué au fil des ans. Même un ancien employeur qui l’appréciait et qui le qualifiait de “vaillant” a souligné son problème de drogue. “Il fumait trop de cannabis, d’ailleurs on s’engueulait à cause de ça car il en fumait même sur les chantiers”.
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Autre point soulevé par la majorité des personnes entendues : son manque de rigueur et d’application. Un artisan “pas très rapide ni très attentif dans son travail”, selon le témoignage d’un ancien client chez qui Cédric Jubillar avait fait des travaux de peinture à l’automne 2020, quelques mois avant la disparition de son épouse Delphine. L’homme qualifie néanmoins le peintre plaquiste de “serviable et de “plutôt agréable”.
D’autres employeurs le décrivent comme “peu sérieux” et “pas fiable”. “Au niveau des horaires, c’était catastrophique”, selon ce patron qui l’avait fait travailler début 2019. “Un coup il venait, un coup il venait pas. Il trouvait toujours des excuses avec sa voiture, avec son vélo. J’avais de gros doutes sur le fait qu’il avait encore son permis. C’est pour ça que je ne l’ai plus embauché par la suite.”
“Je sais ce que je vaux dans mon travail”
Cédric Jubillar a parfois été confronté à ces anciens employeurs qui pointaient la faible qualité de son travail. Comme cet artisan qui l’a fait travailler entre 2018 et 2019 avant de mettre un terme à leur relation. “Pour lui ce n’était pas si grave que ça. Il veut aller trop vite […] Moi ça n’était pas possible que j’intervienne autant de fois sur un chantier pour rattraper ses erreurs. Mes clients commençaient à me faire des reproches.”
En avril 2021, 5 mois après la disparition de son épouse, lors de sa première audition de partie civile, le peintre plaquiste a fait le point sur sa situation professionnelle et semblait plutôt sûr de lui. “Je suis chez mon patron depuis 1 mois et demi, mon CDD va jusqu’à ses congés et en septembre si tout va bien je suis censé signer un CDI. Je sais ce que je vaux au niveau du travail, c’est pour ça qu’il m’a fait un CDD direct.”
Mais ce CDI tant espéré n’arrivera pas. Deux mois plus tard, Cédric Jubillar a été interpellé sur un chantier dans le quartier de la Madeleine à Albi et placé en garde à vue, avant d’être mis en examen pour le meurtre de sa femme et écroué à la maison d’arrêt de Seysses en Haute-Garonne.