Reportage
Au ballet de l’Opéra de Kiev, malgré les missiles, on continue de danser sur scène, devant un public parsemé. Mais il n’est plus question de jouer « le Lac des cygnes » ni aucun classique russe
C’est un éclat de beauté pure qui, même capturé sur le minuscule écran du téléphone, vous perce le cœur. Sur la scène de l’Opéra national, à Kiev, la danseuse étoile Olga Kifyak-Fon-Kraimer, tout en noir, déploie les voiles de son costume. Elle s’envole, frôlant le sol de ses pointes. Derrière elle, un écran géant nimbant le plateau d’une lumière phosphorescente affiche la photo d’un homme souriant. C’est son frère Dmytro, mort à Bakhmout, le 8 août 2022, à 42 ans. Fondu enchaîné, la photo de Dmytro laisse place à celle d’Oleksander Shapoval, 48 ans, un des piliers de la troupe du ballet de l’Opéra. Mort au front également, un mois après Dmytro. Dmytro avait un enfant, Oleksandr Shapoval, deux. Ils n’avaient aucune expérience des armes, mais s’étaient enrôlés dès le début de l’invasion russe. D’autres images défilent. Encore d’autres hommes souriants.
« Après sa mort, j’ai rêvé de Dmytro, il me faisait promettre de danser pour lui. Je suis allée voir l’un des chorégraphes de l’Opéra, on a travaillé d’arrache-pied ensemble pour créer cette pièce. Je dansais tout le temps. C’est cela qui m’a permis de rester debout. » Olga essuie ses larmes, puis s…
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