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Le Nouvel Obs avec AFP
L’influenceur trumpiste Charlie Kirk, à Phoenix (Arizona), le 22 décembre 2024. JOSH EDELSON / AFP
D’Eric Ciotti à Marion Maréchal, de Jordan Bardella à Sarah Knafo, jusqu’à Marine Le Pen, l’extrême droite française s’est émue à l’unisson de l’assassinat du militant conservateur américain Charlie Kirk, au-delà de ses profondes divergences et inimitiés.
La plupart des figures du camp nationaliste ont très vite réagi ce jeudi 11 septembre au soir, avant même l’annonce du décès du jeune influenceur trumpiste, tué par balle lors d’une réunion publique sur le campus d’une université de l’Utah.
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Parmi les premiers, le président de Reconquête Eric Zemmour a déploré que « chaque jour, des militants risquent leur vie pour faire gagner la vérité en Occident ». Assimilation revendiquée à ce fidèle soutien de Donald Trump, que le président américain a plus tard qualifié de « martyr ».
« La gauche radicale veut la guerre civile »
A l’instar du locataire de la Maison Blanche, les leaders de l’extrême droite française ont aussitôt désigné le coupable, alors que le tireur n’avait été ni arrêté ni seulement identifié. « Ici comme aux États-Unis, la gauche radicale veut la guerre civile. Et va maintenant jusqu’à recourir de nouveau aux assassinats politiques. Mais nous ne reculerons pas », s’est enflammée Marion Maréchal – toujours en froid avec Eric Zemmour depuis leur rupture post-européenne, mais tout aussi prompte ici à soutenir la cause.
D’autres se sont contentés de quatre mots pour exprimer la même pensée : « L’extrême gauche tue », ont affirmé d’une seule voix le vice-président du Rassemblement national David Rachline, le député du parti à la flamme Matthias Renault et leur allié Eric Ciotti, à la tête de l’Union des droites pour la République (UDR).
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Au terme d’une journée marquée dans l’Hexagone par le mouvement « Bloquons tout » et des manifestations émaillées de tensions, un autre vice-président du RN, Louis Aliot, en a déduit que « comme en France dans nos rues la violence politique n’est jamais justifiée » et que « l’extrême gauche est une menace pour la démocratie ».
Cette convergence de vues s’est encore illustrée ce jeudi dans l’enceinte du Parlement européen, où l’extrême droite a réclamé une minute de silence à Charlie Kirk. Hommage refusé, réactions outragées : « Scandaleux », s’est offusqué l’eurodéputé RN Aleksandar Nikolic ; « Quelle honte ! », a renchéri l’élue Reconquête Sarah Knafo. La compagne d’Eric Zemmour s’est toutefois distinguée en proposant « Charlie Kirk pour le prix Sakharov, qui distingue les grands défenseurs de la liberté de pensée ».
« Une horreur »
Proposition non reprise par Jordan Bardella, qui s’est contenté de saluer cet « influent militant de droite américain » et de dénoncer « la rhétorique déshumanisante de la gauche et son intolérance (qui) alimentent la violence politique ». Mêmes termes, mêmes arguments, preuve d’un socle commun de valeurs en dépit de rancunes tenaces. Il y a dix jours, Sarah Knafo accusait encore le RN d’incarner « un socialisme habillé d’un drapeau tricolore ».
Oubliée aussi, la brouille de Washington, où Jordan Bardella avait renoncé au dernier moment, en février dernier, à un discours devant la grande convention conservatrice CPAC, après « un geste faisant référence à l’idéologie nazie » de l’influent Steve Bannon. L’ex-conseiller de Donald Trump l’avait alors traité de « petit garçon » qui « se fait pipi dessus » et « ne dirigera jamais la France ».
Pas de quoi pour autant rompre les liens transatlantiques. En attestent les messages de soutien à Charlie Kirk du vice-président américain JD Vance, relayés par le député RN Philippe Ballard, ou encore par Marie-Caroline Le Pen, sœur de la cheffe de file du parti.
Prudente, Marine Le Pen a attendu la mi-journée jeudi pour regretter « l’assassinat d’un jeune père de famille au seul motif de son engagement politique ». Evénement qui lui inspire « une horreur, dans un monde marqué par une violence contre les politiques de plus en plus décomplexée ».