Consommer local, c’est possible aussi pour l’électricité. Voilà treize mois que 70 foyers et installations de Lacapelle-Cabanac, Mauroux et alentour utilisent l’énergie produite par le petit parc photovoltaïque local. De l’autoconsommation collective.
Entourées d’herbe haute, en contrebas de la route, les rangées de panneaux solaires ondulent dans le petit parc photovoltaïque d’AEP, alias Autonomie énergétique du plateau. Installé à Lacapelle-Cabanac, dans l’ouest du Lot, il alimente partiellement 70 compteurs dans un rayon de 20 km alentour, jusque dans le Lot-et-Garonne voisin.

“Ça me coûte la peau des fesses et pourtant j’ai froid l’hiver”
Ce parc appartient à une société coopérative d’intérêt collectif créée voilà moins de deux ans. Mais l’idée a germé bien plus tôt. La mairie avait décidé d’aider les administrés à déterminer comment mieux gérer l’énergie. “Les gens disaient : ça me coûte la peau des fesses et pourtant j’ai froid l’hiver”, se souvient Thierry Simon, maire de Lacapelle-Cabanac. “Avec Quercy énergies, on a offert un diagnostic qui était vraiment au cas par cas, en tenant compte de l’isolation, des fenêtres…, poursuit l’élu, et ça a très bien marché”. Puis lors de la réunion finale, “Alban Aubert [le directeur de QE, NDLR] nous a dit d’aller plus loin et a proposé l’autonomie énergétique de la commune”. Gros succès.
54 % de l’électricité du parc consommée par les coopérateurs

Mais parce qu’un réseau à l’échelle d’un village de 174 habitants, ça paraissait un peu juste, Lacapelle-Cabanac a invité les communes voisines à une réunion. Mauroux s’est très vite associée au projet. Et l’idée a émergé d’une “autoconsommation collective” qui, pour simplifier, permet à un groupe d’utilisateurs de partager l’énergie qu’ils produisent. D’où la création d’une SCIC. Les étapes se sont enchaînées jusqu’au raccordement au réseau le 17 juillet 2024 et au départ de l’autoconsommation collective le 1er août 2024.
Concrètement, les sociétaires coopérateurs souscrivent deux abonnements : l’un à un fournisseur, l’autre à AEP. Quand le parc ne fournit pas, c’est-à-dire la nuit, ou pas assez comme certains jours d’hiver, le fournisseur prend le relais. Quand le parc fournit trop, le surplus est revendu à Enercoop. Sur les treize derniers mois, 54 % de l’électricité produite par le parc est allée aux coopérateurs, le reste au réseau. “Même ceux qui ne sont pas coopérateurs ont de l’électricité solaire”, s’amuse Florence Leymonie.
“Il ne faut plus raisonner en heures creuses et heures pleines”
Reste qu’adhérer à AEP suppose de petits changements d’habitudes : “Il ne faut plus raisonner en heures creuses et heures pleines” mais en jour et nuit, énergie solaire oblige. Chez les Leymonie, 75 % de l’électricité consommée est fournie par AEP : “On ne consomme rien la nuit”, expliquent-ils. Quant au prix, il est légèrement en dessous du tarif actuel des heures creuses réglementé. Et “garanti pendant quinze ans”, observe Thierry Simon.
Un tarif décidé en réunion collective. Ce sont aussi les coopérateurs qui ont aménagé le terrain, planté la haie, assurent l’entretien du parc et des panneaux, etc. Si la mairie est aux racines du projet, il est bel et bien porté par des habitants. La SCIC compte quelque 80 coopérateurs et fournit 70 compteurs : particuliers, mairies de Lacapelle-Cabanac et Mauroux, écoles de Mauroux et Sérignac, etc. Quand on demande à Thierry Simon les raisons du succès, il répond : “Le collectif et se déclarer incompétent”, c’est-à-dire “faire appel à ceux qui savent”.
