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Le Nouvel Obs avec AFP
Une vue de la ville de Doha, la capitale du Qatar (Illustration). GIUSEPPE CACACE / AFP
Des explosions ont été entendues ce mardi 9 septembre à Doha, la capitale du Qatar, ont rapporté des journalistes de l’AFP, qui ont également vu de la fumée se dégageant dans le ciel. Après les explosions, la police qatarie a bloqué l’accès au lieu visé, un complexe abritant le Hamas, selon un journaliste de l’AFP à Doha. Voici ce que l’on sait.
• Des frappes israéliennes condamnées par le Qatar
Le pays du Golfe a ensuite affirmé qu’il s’agissait de frappes israéliennes visant les domiciles de dirigeants du mouvement islamiste palestinien Hamas. Avant de condamner une attaque « lâche ». « L’Etat du Qatar condamne fermement l’attaque lâche menée par Israël qui a visé des immeubles résidentiels abritant plusieurs membres du bureau politique du Hamas », a écrit le porte-parole du ministère des Affaires étrangères qatari, Majed al-Ansari sur X.
Le Qatar a annoncé qu’un membre de ses forces de sécurité avait été tué, et d’autres blessés. « Selon les premières informations, l’attaque a causé la mort du sous-officier Badr Saad Mohammed Al-Humaidi Al-Dosari, membre des forces de sécurité intérieure (Lekhwiya), alors qu’il était en service sur le site visé, et fait plusieurs blessés parmi les forces de sécurité », a indiqué le ministère qatari de l’Intérieur dans un communiqué.
• Une délégation du Hamas visée
Un responsable du Hamas à Gaza dit à l’AFP que l’équipe de négociations du mouvement avait été « ciblée » à Doha. « Dans un nouveau crime sioniste, la délégation des négociateurs du Hamas a été prise pour cible alors qu’elle était réunie à Doha pour discuter de la proposition du président Trump en vue d’un cessez-le-feu dans la bande de Gaza », a dit ce responsable, qui n’a pas souhaité donner son nom. On ignorait dans l’immédiat si les frappes avaient fait des victimes.
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Dans la foulée, l’armée israélienne a annoncé avoir mené une frappe contre des « hauts responsables » du Hamas. « L’armée et le service de sécurité intérieure [Shin Bet] ont mené une frappe ciblée contre la haute direction de l’organisation terroriste Hamas », indique l’armée dans un communiqué, sans préciser le lieu de l’attaque. « Depuis des années, ces membres de la direction du Hamas dirigent les opérations de l’organisation terroriste, sont directement responsables du massacre brutal du 7-Octobre et ont orchestré et géré la guerre contre l’Etat d’Israël », ajoute ce communiqué.
« Les dirigeants du Hamas ont survécu à cette lâche tentative d’assassinat », y compris le négociateur en chef Khalil al-Hayya, a déclaré un membre du bureau politique du mouvement, Souheil al-Hindi, à la chaîne qatarie Al Jazeera. Mais l’attaque a fait « plusieurs martyrs », dont le fils de Khalil al-Hayya et le directeur de son bureau, a-t-il ajouté.
• Netanyahou admet avoir commandé l’attaque
Le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou, lui, a affirmé qu’Israël a agi « de manière indépendante » « L’action aujourd’hui contre les principaux chefs terroristes du Hamas a été une opération entièrement indépendante menée par Israël. Israël l’a initiée, Israël l’a menée, et Israël en assume l’entière responsabilité », a-t-il dit.
« L’époque où les chefs terroristes pouvaient jouir de l’immunité partout est révolue », a-t-il encore ajouté. Benyamin Netanyahou, qui s’exprimait lors d’un événement organisé par l’ambassade des États-Unis à Jérusalem, a ajouté qu’il avait ordonné cette opération « pour régler les comptes avec les meurtriers, et pour assurer la sécurité future des citoyens d’Israël ».
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Le ministre israélien des Finances, Bezalel Smotrich, lui, a salué la « sage décision » de son pays de frapper de hauts responsables du Hamas. « Les terroristes n’ont et n’auront aucune immunité face au long bras d’Israël, où que ce soit dans le monde », a écrit Bezalel Smotrich sur le réseau social X, ajoutant qu’il « saluait la sage décision et son exécution parfaite par l’armée et le Shin Bet ».
• « Profonde inquiétude » des familles d’otages
Des familles d’otages retenus à Gaza ont dit ce mardi soir leur « inquiétude » après l’attaque israélienne contre des responsables du Hamas, selon un communiqué du Forum des familles d’otages. « Les familles des otages suivent avec une profonde inquiétude et une grande angoisse les développements en cours à Doha. Une crainte grave plane désormais sur le prix que pourraient payer les otages », affirme cette association regroupant la majorité des familles des otages encore retenus dans la bande de Gaza.
• L’ambassade américaine rappelle ses ressortissants
De son côté, l’ambassade des Etats-Unis au Qatar a appelé ses ressortissants dans le pays à « rester à l’abri ». « Nous avons vu des informations faisant état de frappes de missiles à Doha. L’ambassade des Etats-Unis a ordonné à son personnel de rester à l’abri dans ses locaux. Il est conseillé aux citoyens américains de rester à l’abri et de suivre les mises à jour », a-t-elle écrit sur son compte X. Selon une haute responsable de la Maison-Blanche, les Etats-Unis avaient été prévenus « à l’avance » par Israël des frappes aériennes menées contre des responsables du Hamas au Qatar.
La Maison Blanche a réagi plus tard dans la soirée, affirmant que l’attaque à Doha « ne promeut pas les objectifs d’Israël ni de l’Amérique ».
• Macron condamne des frappes « inacceptables »…
Emmanuel Macron a déclaré que les frappes étaient « inacceptables quel qu’en soit le motif ». « La guerre ne doit en aucun cas s’étendre dans la région », a réagi le président français sur le réseau X, exprimant sa « solidarité au Qatar et à son émir, cheikh Tamim Al-Thani ».
•… Tout comme le reste de la communauté internationale
Le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres a condamné la « violation flagrante » de la souveraineté territoriale du Qatar. « Nous venons d’apprendre les attaques israéliennes au Qatar, un pays qui joue un rôle positif pour parvenir à un cessez-le-feu [à Gaza] et à la libération des otages. Je condamne cette violation flagrante de la souveraineté et de l’intégrité territoriale du Qatar », a-t-il déclaré à la presse. « Toutes les parties doivent travailler pour permettre un cessez-le-feu permanent, pas pour le détruire », a-t-il ajouté.
Le Premier ministre britannique Keir Starmer a pour sa part estimé que les frappes risquent « d’intensifier l’escalade dans toute la région ». Ces frappes « violent la souveraineté du Qatar », a ajouté le dirigeant sur son compte X, renouvelant son appel pour un « cessez-le-feu immédiat, la libération des otages et un afflux d’aide massif à Gaza ».
Le Djihad islamique, deuxième groupe armé palestinien de la bande de Gaza, a pour sa part dénoncé dans un communiqué « un acte criminel flagrant qui viole toutes les normes et valeurs humaines ainsi que les lois et règles internationales les plus élémentaires ».
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L’Iran, principal soutien du Hamas, a également condamné ces frappes. « Cet acte extrêmement dangereux et criminel constitue une violation flagrante de toutes les règles et réglementations internationales, une atteinte à la souveraineté nationale et à l’intégrité territoriale du Qatar », a déclaré à la télévision d’Etat le porte-parole de la diplomatie iranienne, Esmaïl Baghaï.
Le prince héritier et dirigeant de facto d’Arabie saoudite, Mohammed ben Salmane, a lui aussi dénoncé un « acte criminel » et une « violation du droit international », durant un appel avec l’émir du Qatar, cheikh Tamim ben Hamad Al-Thani. « Le prince héritier a affirmé la pleine solidarité du Royaume avec le Qatar et sa condamnation de l’attaque israélienne flagrante contre l’Etat du Qatar, laquelle constitue un acte criminel et une violation manifeste des lois et normes internationales », a-t-il indiqué selon un communiqué publié par l’agence de presse officielle saoudienne SPA.
• Des négociations en vue
Fin août, le chef de l’armée israélienne Eyal Zamir avait affirmé que son pays « atteindrait » les dirigeants du Hamas se trouvant à l’étranger. La semaine dernière, Benyamin Netanyahou a ordonné l’ouverture de négociations pour libérer tous les otages, quelques jours après l’aval donné par le Hamas à une nouvelle proposition de cessez-le-feu présentée par les médiateurs (Egypte, Qatar et Etats Unis).
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Selon des sources palestiniennes, elle prévoit la libération échelonnée des otages pendant une trêve initiale de soixante jours, en échange de prisonniers palestiniens détenus par Israël. Parallèlement, Benyamin Netanyahou a donné son feu vert à une nouvelle offensive militaire pour prendre le contrôle de la ville de Gaza, considéré comme un des derniers bastions du mouvement islamiste palestinien.
Le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou, a affirmé ce mardi que la guerre à Gaza pourrait prendre fin « immédiatement » si le Hamas acceptait un plan de trêve proposé par le président américain Donald Trump. « Israël a accepté les principes, la proposition avancée par le président Trump pour mettre fin à la guerre, à commencer par la libération immédiate de tous nos otages », a-t-il déclaré, assurant que « si la proposition du président Trump est acceptée, la guerre peut prendre fin immédiatement. »