Plus d’un an après la fin de la course, dont les images avaient fait le tour du monde, la jeune femme est revenue sur ce moment déchirant qui a marqué sa carrière.
Paris 2024 restera gravé dans la mémoire d’Elena Congost, mais pas uniquement pour ses performances sportives. La marathonienne malvoyante espagnole de 35 ans avait réalisé une course exceptionnelle, franchissant la ligne d’arrivée en troisième position et s’apprêtant à décrocher sa première médaille paralympique depuis Rio 2016.
Un rêve qui s’est transformé en désillusion quelques mètres avant l’arrivée : son guide a subi une crampe, et pour l’aider, Elena a lâché la corde qui les liait, quelques fractions de seconde. Cette aide instinctive et humaine lui a coûté sa médaille.
“Nous nous voyions déjà avec la médaille”, se souvient-elle, plus d’un an après la course, auprès de nos confrères du Mundo Deportivo. Mais loin de regretter son geste, elle affirme : “Parfois, un geste vaut plus qu’un métal. Ce qui compte, c’est que je vais dormir paisiblement en sachant que j’ai fait ce qu’il fallait.” Pour elle, les valeurs humaines et l’intégrité passent avant les podiums et les récompenses.
Aux côtés d’Elena, son mari Jordi Riera et son entraîneur Roger Esteve ont été des soutiens indéfectibles. “Il n’y avait rien d’autre à faire que de l’embrasser et de rester serein : elle a tout donné”, explique Jordi. Quant à Roger Esteve, il insiste sur la discipline et l’implication de sa protégée, clés de son succès et de son dépassement.
La force d’Elena Congost réside également dans sa capacité à transformer ses limites en moteur de réussite. Malvoyante depuis sa naissance à cause d’une dégénérescence du nerf optique, elle a toujours su que le sport serait son vecteur de confiance et de dépassement. “Pour moi, c’est la seule manière de voir le monde”, confie-t-elle. Le marathon et la compétition sont devenus des moyens de se mesurer à soi-même, et non seulement aux autres.
Sa trajectoire illustre aussi l’importance du soutien et de l’accompagnement : son mari, son entraîneur et sa famille constituent une équipe soudée qui lui permet de relever tous les défis, y compris sa récente lutte contre un cancer. “Nous traversons maintenant un autre marathon : le traitement”, raconte Elena, mais toujours avec la même résilience.
À long terme, la championne se fixe de nouveaux objectifs : la finale des Jeux de Los Angeles 2028 reste en ligne de mire. “Le sport est ma vitamine, et je veux montrer à mes enfants la force de persévérer”, affirme-t-elle.