September 8, 2025

Vote de confiance à François Bayrou : chômage, croissance… quel impact la chute du gouvernement aura-t-elle sur l’économie française ?

l’essentiel
Sauf surprise, le gouvernement de François Bayrou va vraisemblablement tomber ce lundi 8 septembre, après un vote de confiance à l’Assemblée nationale. La France s’apprête à nouveau à plonger dans l’incertitude : les conséquences seront multiples pour l’économie du pays.

Comme une forme de résignation : sauf coup de théâtre, François Bayrou va devenir le premier chef de gouvernement de la Ve République à tomber sur un vote de confiance, ce lundi 8 septembre. Un scénario qu’il a lui même provoqué et qui ouvre une nouvelle période d’incertitudes, au moins jusqu’à la nomination de son successeur. Tous les regards se tournent déjà vers Emmanuel Macron, de nouveau à la recherche d’un Premier ministre : le troisième depuis qu’aucune majorité ne s’est dégagée à l’Assemblée nationale après la dissolution, il y a plus d’un an.

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Reste que l’instabilité politique – persistante – va vraisemblablement porter préjudice à l’économie française. “L’instabilité fait partie des éléments qui enlève de la visibilité, commente Christian Parisot, conseiller économique chez Aurel BGC, auprès de nos confrères de Ouest-France. C’est donc quelque chose qui a un impact négatif sur la croissance”. D’abord en ce qui concerne les investissements et l’embauche. À la fin du mois d’août, Hélène Garner, directrice du département données et études de l’Association pour l’emploi des cadres (Apec), notait une “baisse des intentions de recrutement” de l’ordre de 13 % “pour les entreprises de taille intermédiaire et les grandes entreprises”.

Plus d’épargne, moins de croissance

Cette incertitude – et la perspective d’un mouvement de blocage ce mercredi 10 septembre – ont aussi de lourdes conséquences sur le moral des ménages, les poussant à l’épargne. Dans un contexte où les taux d’épargne atteignent déjà des records (18,9 % du revenu disponible). Pas de quoi donc galvaniser les prévisions de croissance pour le pays.

“Le risque, c’est d’avoir ni croissance, ni baisse du déficit”, commente Mathieu Plane, auprès des Échos. Dans un rapport publié au mois de juin dernier, l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), avait revu à la baisse sa prévision de croissance pour la France en 2025, à 0,6 % pour l’année 2025. L’organisme anticipait déjà une “hausse de l’incertitude” et un regain de “tensions commerciales”. Pour 2026, le “rebond” tant espéré de l’économie pourrait lui aussi battre de l’aile : la croissance est estimée à 1,1 % pour 2026, mais elle ne tient pas compte du “coût de l’incertitude”. Bercy pourrait donc être amené à revoir ses plans.

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Sur le front de la dette, la chute du gouvernement Bayrou laisse présager une dégradation de la note souveraine de la France. Cet indice permet d’évaluer la capacité et la volonté du souverain à honorer ses engagements en devises. L’agence de notation Fitch doit se prononcer sur cette question ce vendredi 12 septembre. Il y a un an tout juste, l’organisme avait maintenu la note française à “AA- “, menaçant d’une nouvelle dégradation de la note – en “A +” – si la France était en “incapacité à mettre en œuvre un plan crédible de consolidation budgétaire à moyen terme”. Les conséquences pourraient être lourdes pour le pays : une dégradation de la note souveraine entraîne une certaine défiance de la part des investisseurs et un alourdissement de la charge de la dette.

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C’est en se basant sur ces indicateurs que l’an dernier, l’Office français des conjonctures économiques (OFCE) avait estimé que la dissolution de l’Assemblée Nationale et la chute du gouvernement Barnier avaient coûté près de 12 milliards d’euros à la France. Pour l’heure, “personne n’est capable de dire quels vont être les effets macroéconomiques” de la chute du gouvernement Bayrou, reprend Mathieu Plane. Cela va entre autres dépendre de la suite politique : Emmanuel Macron va-t-il annoncer une nouvelle dissolution ? Un tel scénario plongerait encore plus la France dans l’incertitude.

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