Le président américain Donald Trump à la Maison-Blanche, le 22 octobre 2025. SIPA USA/SIPA
Après des mois passés à refuser de trancher sur des sanctions contre Moscou, le président américain Donald Trump a laissé éclater son exaspération envers Vladimir Poutine mercredi 22 octobre. Son administration a finalement annoncé des mesures qualifiées « d’énormes » contre le secteur pétrolier russe dans l’espoir d’amener le Kremlin à mettre fin à la guerre en Ukraine. L’Union européenne devrait suivre ce jeudi 23 octobre.
• Les géants pétroliers russes Rosneft et Lukoil visés
Le ministre américain des Finances Scott Bessent a justifié l’imposition de nouvelles sanctions économiques envers la Russie, en affirmant lors d’une interview à la chaîne Fox Business que « le président Poutine n’a été ni franc, ni honnête à la table des négociations, comme nous l’aurions espéré », ajoutant que Donald Trump était « déçu de l’état actuel des pourparlers » sur la guerre en Ukraine.
Le chef du Trésor américain a annoncé des sanctions contre Rosneft et Lukoil, « les deux plus importantes compagnies pétrolières qui financent la machine de guerre du Kremlin », invoquant le « refus du président Poutine d’arrêter cette guerre insensée ».
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Les sanctions impliquent un gel de tous les actifs de Rosneft et Lukoil aux Etats-Unis ainsi qu’une interdiction à toutes les entreprises américaines de faire des affaires avec les deux géants pétroliers russes. L’annonce de ces mesures a fait bondir jeudi de près de 3 % les cours du pétrole au début des échanges asiatiques, attisant les craintes de tensions sur l’offre d’or noir.
Selon Washington, ces sanctions sont la conséquence de « l’absence de volonté sérieuse de la Russie de s’engager dans un processus de paix afin de mettre fin à la guerre en Ukraine ». Le Trésor américain a dit être « prêt à aller plus loin si cela s’avérait nécessaire ».
• Trump critique des conversations avec Poutine qui ne « vont nulle part »
Donald Trump, qui recevait dans le bureau Ovale de la Maison-Blanche le secrétaire général de l’Otan, Mark Rutte, a qualifié ces sanctions d’« énormes ». « Et nous espérons qu’elles ne dureront pas trop longtemps. Nous espérons qu’un terme sera mis à la guerre », a-t-il ajouté.
Le président américain, qui s’est refusé pendant de longs mois à décider de ces sanctions, a estimé que ses conversations avec le président russe étaient restées stériles, au lendemain du report sine die d’une rencontre entre eux envisagée à Budapest. « A chaque fois que je parle avec Vladimir, nous avons de bonnes conversations mais ensuite elles ne vont nulle part », a-t-il affirmé.
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Vladimir Poutine et Donald Trump avaient convenu lors d’un appel téléphonique de se rencontrer prochainement dans la capitale hongroise, mais le président américain a assuré mardi ne pas vouloir de discussions « pour rien » ou de « perte de temps », laissant entendre que les conditions n’étaient plus réunies pour une rencontre.
Pour autant, les Etats-Unis ne ferment pas la porte à une rencontre avec les Russes, a assuré le secrétaire d’Etat Marco Rubio tard mercredi. « Nous serons toujours intéressés par un dialogue s’il existe une possibilité de parvenir à la paix », a déclaré le chef de la diplomatie américaine à la presse.
• Un 19ᵉ paquet de sanctions bientôt adopté par l’UE
L’annonce de sanctions américaines devrait satisfaire les pays de l’Union européenne (UE), qui ont exprimé à plusieurs reprises ces dernières semaines leurs craintes de voir Washington ne pas maintenir la pression sur la Russie. Les Etats membres de l’UE se sont entendus mercredi en faveur d’un 19e train de sanctions contre Moscou, qui prévoit notamment un arrêt total des importations de gaz naturel liquéfié (GNL) russe et des mesures supplémentaires contre la « flotte fantôme » de pétroliers que Moscou utilise pour contourner les sanctions occidentales. Ce nouveau paquet de sanctions devrait être adopté ce jeudi, juste avant un sommet réunissant les chefs d’Etat et de gouvernement européens et le président ukrainien Volodymyr Zelensky.
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Les Vingt-Sept entendent aussi ancrer leur soutien à l’Ukraine dans la durée. Ils comptent pour ce faire prêter 140 milliards d’euros à Kiev en utilisant les avoirs de la banque centrale russe immobilisés dans l’UE depuis l’invasion russe de février 2022.
• Zelensky salue un « message fort »
Les sanctions contre Moscou sont un « un message fort et nécessaire indiquant que l’agression ne restera pas sans réponse », a réagi le président ukrainien Volodymyr Zelensky. « Nous avons attendu cela. Espérons que cela fonctionne, c’est très important », a-t-il déclaré à son arrivée à Bruxelles pour un sommet européen. « Nous devons ensemble, avec l’Europe et avec les Etats-Unis, augmenter la pression sur Poutine pour qu’il cesse la guerre », a-t-il ajouté.
• La Russie dénonce les sanctions et « se réserve le droit de répondre »
La porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères a dénoncé ce jeudi les nouvelles sanctions américaines contre les groupes pétroliers Rosneft et Lukoil, affirmant que la Russie était « immunisée » contre ces décisions économiques.
« Nous considérons cette démarche comme étant exclusivement contre-productive », a indiqué Maria Zakharova lors de son briefing hebdomadaire. « Notre pays a développé une immunité solide contre les restrictions occidentales et continuera à développer avec assurance son potentiel économique, y compris dans le domaine énergétique », a-t-elle poursuivi.
« Les sanctions de l’UE contre la Russie jouent avant tout contre Bruxelles, les possibilités de leur extension sont en grande partie épuisées », a aussi déclaré Maria Zakharova, ajoutant que « la Russie se réserve le droit de répondre aux sanctions, la réaction sera adéquate et prendra en compte les intérêts de Moscou ».