À court de cash, le spécialiste allemand des biotechnologies est contraint de vendre son site de Toulouse à son principal client.
L’affaire s’est scellée au cœur de l’été entre Evotec et le géant pharmaceutique suisse Sandoz. En jeu, l’usine toulousaine que l’Allemand Evotec a construite et inauguré voilà tout juste un an sur le site de l’oncopole à Toulouse. Spécialisée dans la production de biomédicaments, l’usine de Toulouse est une pépite rare. Elle s’étend sur 15 000 m2, dont 4 000 m2 de salles blanches flambant neuves. Seules deux usines dans le monde sont capables de produire de façon aussi efficace des anticorps thérapeutiques à partir de la biologie et non pas de la chimie. Ces anticorps servent dans la production de thérapies contre le Covid-19, la malaria, l’hépatite B… mais aussi dans le domaine de l’oncologie.
Une vente à 300 M€
Baptisée J.POD, cette usine ultramoderne construite en peine 18 mois (un record) est entrée en service fin 2024 avec 80 salariés recrutés pour l’occasion. Le site devait voir ses effectifs grimper à 150 personnes à terme. Après moins d’un an d’activité, elle sera officiellement cédée d’ici le dernier trimestre 2025 au laboratoire suisse Sandoz (lui-même spin-off de Novartis), pour un montant de 300 M€. Des royalties et des revenus de développement futurs pourraient venir s’ajouter à ce prix final.
À lire aussi :
À Toulouse, Evotec inaugure une usine de biomédicaments unique en Europe
L’Helvétique connaissait déjà bien ce site puisqu’il en était, dès l’origine, le premier et quasiment le seul client afin de produire des médicaments biosimilaires (médicaments génériques biologiques). L’an dernier, cette activité était en forte croissance (+ 29 %) chez Sandoz avec 2,9 milliards d’activité soit près du tiers du chiffre d’affaires total.
Si la direction d’Evotec s’appuie sur cette relation privilégiée avec le génériqueur Sandoz pour expliquer la vente, c’est le besoin rapide de cash qui a motivé la société de biotechnologie allemande à accélérer la vente de l’usine toulousaine.
À lire aussi :
Toulouse : “L’inquiétude” des salariés d’Evotec, après l’annonce de 64 postes supprimés
64 postes avaient été supprimés à Toulouse
“La vente améliorera immédiatement les revenus d’Evotec” a fait savoir la société allemande cotée à la Bourse de Francfort à destination des marchés financiers qui ont salué la vente par une hausse de 4 % de l’action Evotec. Evotec qui a affiché 200 M€ de pertes en 2024 pour 800 M€ de chiffre d’affaires a lancé la suppression de 400 postes dans le monde dont 64 à Toulouse qui employait alors 900 personnes. La consultation des instances du personnel est en cours avant de boucler définitivement la vente. Evotec n’a pas précisé si l’emploi serait affecté par la vente de l’usine toulousaine.
50 M€ d’aides publiques
L’usine a nécessité un investissement de 300 M€ dont 43 M€ de crédits d’État à la réindustrialisation dans le cadre du programme France 2030.
La région Occitanie a apporté 6 M€ d’aides dont 50 % en avances remboursables alors que Toulouse Métropole a apporté une aide foncière de 2 M€.

