À la veille de recevoir les représentants des partis et à 7 jours du vite de confiance qu’il va demander à l’Assemblée, François Bayrou a accordé hier une interview aux chaînes d’infos, convaincu de pouvoir rester, seul contre tous…
Alors que toute la classe politique se projette dans l’après François Bayrou, alors que toutes les oppositions ont dit qu’elles voteraient contre la confiance qu’il réclamera de l’Assemblée nationale le 8 septembre, alors qu’Emmanuel Macron réfléchit lui-même à son futur Premier ministre, l’hôte de Matignon continue de croire qu’il pourra renverser la table et, tel Henri IV dont il a été le biographe, rallier à son panache ses opposants.
Après des interventions à l’université de rentrée de la CFDT puis celle du Medef, François Bayrou a accordé ce dimanche une interview d’une heure trente aux quatre chaînes d’information en continu BFMTV, Cnews, Franceinfo et LCI, en maintenant mordicus cette ligne.
“Pas un au revoir” aux Français
Entre méthode Coué et réponses longues et brouillonnes, le Premier ministre a tenté de conjurer sa chute annoncée alors que les sondages de ces derniers jours montrent que les Français non seulement ont intégré son départ, mais réclament une nouvelle dissolution de l’Assemblée.
La “question” en jeu lors du vote de confiance du 8 septembre n’est pas “le destin du Premier ministre” mais celle du “destin de la France”, selon François Bayrou qui assure que son interview n’est “sûrement pas un au revoir” aux Français. “Si le gouvernement tombe, comme (les oppositions) le souhaitent, comme ils l’annoncent […] eh bien ça veut dire qu’on changera de politique. On abandonnera ou on abandonnerait la politique pour moi vitale pour le pays” pour une “autre” politique “plus laxiste”, “plus à la dérive”, a-t-il plaidé, refusant d’admettre qu’il aurait dû d’abord négocier avec les oppositions avant de demander un vote de confiance et non l’inverse.
Peu convaincant lorsqu’il a tenté de dégonfler les polémiques de ces derniers jours sur ses non-réponses aux oppositions “en vacance” – “le seul qui n’était pas en vacances, c’est moi” dit-il – ou sur les Boomers responsables par confort de la dette – “je n’ai jamais dit qu’il fallait cibler les boomers” – François Bayrou a expliqué vouloir tendre la main… tout en fustigeant les propositions du PS, qui a présenté samedi un contre-budget dont l’effort serait moitié moindre que les 44 milliards d’économies qu’il réclame – “ça veut dire qu’on ne fait rien” pour réduire la dette, dit-il.
“Je suis sous le feu continu des adversaires parce que j’ai osé dire qu’il y avait un problème vital avec la question de la dette, qu’il fallait résoudre maintenant”, a lancé le maire de Pau. “Aucune politique courageuse possible” sans “accord minimal” sur le “diagnostic”, a-t-il martelé, oubliant que personne ne contestait son diagnostic… mais ses solutions.
Un jour férié supprimé plutôt que deux ?
Toujours persuadé que “ça peut bouger” d’ici le 8 septembre en sa faveur et accusant les oppositions de “chercher le chaos”, le Premier ministre a tenté de faire des gestes. Ou plutôt un seul sur les deux jours fériés qu’il propose de supprimer. Il se dit “prêt à la discussion” ; il pourrait n’y en avoir qu’un “sans difficulté”. “Je veux réveiller les aînés”, affirme-t-il au sujet de la suppression de l’abattement fiscal de 10 % pour les retraités.
Pour le reste, en restant sur ses positions, François Bayrou, dramatisant la situation, a redit l’urgence de résorber la dette, notamment face au risque de la réaction des marchés et, un jour, de “mise sous tutelle”.
Seul contre tous, persuadé d’avoir raison contre toutes autres propositions alternatives aux siennes, le Premier ministre reste persuadé de pouvoir convaincre, mais il semble de plus en plus être le seul à le croire…