Reportage
Pendant la guerre civile qui a déchiré le pays, l’ethnographe Romain Huët a fait plusieurs séjours parmi les combattants. Après la chute de Bachar al-Assad, il est retourné les voir pour comprendre comment la société syrienne peut se tourner de nouveau vers l’avenir.
Il n’existe qu’une seule première fois. Celle où tout paraît neuf, où tous les sens sont saisis par l’inconnu qui se révèle. En mai et juin 2025, treize ans après mes premiers pas dans le tunnel de la guerre syrienne, je retourne en Syrie. Et je m’apprête à une autre première fois : celle du jour d’après. Je retourne en Syrie avec l’espoir de retrouver des combattants croisés lors de mes enquêtes dans le nord du pays entre 2012 et 2018. Je veux comprendre comment ils vivent la chute du régime, ce qu’ils retiennent des années de guerre, ce qu’ils éprouvent en tentant de revenir à la vie civile. Explorer ces parts d’intimité, c’est saisir la Syrie d’aujourd’hui, au bord d’un basculement : entre raidissement religieux, représailles confessionnelles et, peut-être, l’esquisse d’une réconciliation démocratique.
En 2011, je regardais avec fascination les soulèvements en Tunisie et en Egypte. En Syrie, les désirs de liberté se fracassaient contre les blindés du régime. Les révolutionnaires devenaient rebelles. En juillet 2012, je traversais la frontière pour rejoindre l’Armée syrienne libre (ASL) à Azaz, fra…

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