August 6, 2025

REPORTAGE. "Je suis seul donc je dois anticiper" : à 19 ans, il cueille déjà ses premières prunes

l’essentiel
À seulement 19 ans, Martin récolte déjà ses prunes sur son terrain de 13 hectares. Le jeune exploitant a commencé la cueillette début août, alors qu’elle est habituellement prévue pour le milieu ou la fin du mois. Avec le manque de main-d’œuvre et le dérèglement climatique, pour certains producteurs, la récolte commence désormais plus tôt qu’habituellement.

Dans les vergers du Tarn-et-Garonne, la récolte des prunes a déjà commencé, marquée d’un rythme dicté par le soleil et les moyens disponibles. À Cazes-Mondenard, à une trentaine de kilomètres de Montauban, Martin, 19 ans, fait partie de ces jeunes agriculteurs déjà sur le qui-vive pour la récolte.

Seul aux commandes de son exploitation, il assure l’organisation et prend toutes les décisions liées à la cueillette. Levé dès 5 heures, il doit programmer chaque étape. “Je suis seul donc je dois anticiper. Si je prends du retard, je perds la récolte”, explique-t-il, entre deux rangées de pruniers. Pour l’aider, huit saisonniers marocains et espagnols l’épaulent lors de la cueillette des fruits.

Une des premières récoltes de prunes, conservée à l’abri dans une chambre froide.
Une des premières récoltes de prunes, conservée à l’abri dans une chambre froide.
/ DDM-VINCENT DELLAUX

 

Comme les années précédentes, la canicule reste un adversaire redoutable. Pourtant, cette année, les nuits fraîches ont accéléré la maturation des fruits. Une bonne surprise pour Martin, qui y voit un coup de pouce. “Le froid nocturne colore les prunes”, sourit-il, en désignant la palette de couleurs qui s’étend du jaune au rouge sur sa variété américano-japonaise. Une variété qu’il décrit comme, “rouge et assez sucrée, mais plus fragile”, comparée aux variétés européennes comme la reine-claude ou la mirabelle.

Une variété bien choisie… et plus encore

Ces fruits, très demandés, nécessitent un tri par calibre. Plus ils sont gros, plus leur valeur augmente. Un vrai enjeu pour la rentabilité.

 

Mais Martin ne compte pas s’arrêter là. Avec 13 hectares sur son exploitation, dont 6 plantés de pruniers, le jeune arboriculteur avance pas à pas. “Je préfère faire progressivement et finir de planter sur toute la superficie”, explique-t-il. À terme, il souhaite aussi se diversifier, notamment avec de la vigne et du raisin sans pépins, plus prisé par les consommateurs actuels. “Il faut faire en fonction des acheteurs. Maintenant, le chasselas, ça ne se vend presque plus”, commente-t-il en désignant une parcelle voisine de vignes, bientôt rattachée à son exploitation.

Des difficultés qui forgent l’expérience

Au quotidien, Martin et ses salariés doivent surmonter plusieurs difficultés. Le terrain, en partie en pente, représente déjà un premier défi. Il complique le travail, en particulier la cueillette, effectuée entièrement à la main.

À cela s’ajoute un climat instable, avec de forts changements de température, ce qui accélère la maturation des fruits. Pour faire face, l’irrigation est devenue indispensable. “J’arrose un jour sur deux par aspersion”, précise-t-il.

Panorama de vignes sous filet anti grêle à Cazes-Mondenard
Panorama de vignes sous filet anti grêle à Cazes-Mondenard
/ DDM-VINCENT DELLAUX

Autre souci de taille, les maladies du verger. La présence de l’une d’elles le contraint à supprimer une parcelle d’arbres. Cette infection attaque les troncs et menace une partie de son verger. Silencieuse mais redoutable, elle met en péril la pérennité de l’exploitation. “Je vais faire arracher cette partie dans cinq ans, parce qu’ils sont en train de mourir, mais ils continuent à me rapporter”, explique-t-il, lucide sur les enjeux. Malgré les difficultés qui marquent ses débuts, ce jeune agriculteur cazéen affiche une ambition solide et une organisation déjà bien rodée pour sa première année.

Martin est un nom d’emprunt, pour garder l’anonymat du producteur de prunes.

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