August 6, 2025

"On voit ceux qui sont capables de se surpasser" : pourquoi des footballeurs de Lyon ont choisi un petit village des Pyrénées pour préparer leur saison

l’essentiel
560 habitants et des équipements sportifs hors normes : Auzat est le refuge depuis trois ans des joueurs du Hauts Lyonnais, qui y prennent leurs quartiers en juillet pour préparer leur saison en National 3. Une initiative du président du club, tombé amoureux de la vallée du Vicdessos.

Les joueurs du Hauts Lyonnais au bord du deuxième étang du Picot.
Les joueurs du Hauts Lyonnais au bord du deuxième étang du Picot.
DR Club.

Dans la montée des étangs du Picot, le président souffre. Il marche, s’arrête, souffle, marche, s’arrête. “Devant, vous avez une équipe de foot”, prévient Bruno Lacand, veste du club Hauts Lyonnais sur le dos. L’homme de 58 ans, entrepreneur “né entre Lyon et Saint-Étienne”, sait ce qui lui reste à parcourir : “Mes parents venaient en vacances dans les Pyrénées, à Tarascon-sur-Ariège, puis dans le Vicdessos. Mon père était un passionné de pêche. Quand je viens à Auzat, je me sens chez moi. Je me sens dans mon élément. Les gens, le climat, la simplicité.”

Un attachement intime au point d’y amener, depuis trois ans, son club de National 3 pour préparer la saison, face aux réserves de Dijon, Auxerre et de Saint-Étienne en 2025-2026. “On cherchait des lieux à droite à gauche, ça coûtait très cher. Et puis une fois, j’ai proposé Auzat. Le sport, ce sont des valeurs. L’Ariège, c’est la terre courage. Je pense que quand on a une équipe de foot, ça parle.”

“Pour monter, il faut être unis”

Après une année difficile face à Thonon Évian et la réserve de l’OL ou de Clermont, le club des Monts du Lyonnais, créé en 2012 par la fusion de cinq villages voisins, est venu serrer les rangs à l’ombre du Montcalm fin juillet. Du niveau départemental, l’équipe fanion a progressivement grimpé les échelons pour atteindre le championnat National 3, le cinquième niveau français, équivalent au statut semi-professionnel. Avec, en prime, des parcours remarqués en Coupe de France qui leur a valu d’affronter le TFC l’an passé en 32e de finale [0-0, défaite aux tirs au but] chez le voisin de Feurs, faute d’un stade homologué pour accueillir une équipe de Ligue 1.

“Je pense que pour monter, il faut avoir un peu de courage, il faut être unis, commente Bruno Lacand. Faire des efforts en montagne, c’est les faire ensemble, les uns à côté des autres, sans bruit. L’année dernière, on avait fait du rafting, un peu de vélo et puis de la marche. Certains joueurs n’en ont jamais fait. On voit ceux qui sont capables de se surpasser, ceux qui craquent.”

Les joueurs les plus motivés sont montés jusqu’au dernier étang du Picot, à 2 370 mètres.
Les joueurs les plus motivés sont montés jusqu’au dernier étang du Picot, à 2 370 mètres.
DR Club.

Des équipements sur mesure

Aux troisièmes étangs du Picot, la trentaine de joueurs et le staff commencent à se déshabiller dans une ambiance de colonie de vacances pour ados, avant de se jeter dans l’eau glacée. Le temps pour le président du club d’atteindre enfin le sommet. Les plus courageux monteront jusqu’au dernier étang, à 2 350 mètres, presque amers de devoir faire demi-tour pour rentrer à leur camp de base, la plaine des sports d’Auzat, petit village de 560 âmes au cœur du parc naturel régional des Pyrénées ariégeoises.

“Je suis très surpris qu’il n’y ait pas beaucoup de clubs qui viennent ici faire des stages. Il y a un terrain de foot en synthétique, une salle de sport, une salle de musculation et l’Auberge du Montcalm qui assure toute la prise en charge”, remarque le dirigeant, soulignant également le coût raisonnable de la location des infrastructures.

Le samedi soir, dans le réfectoire, les nouvelles recrues, debout, ont donné de la voix, une chanson a cappella comme bizutage. “Ce sont les joueurs qui m’ont demandé de revenir. Ils étaient même prêts à participer financièrement. Ils adorent l’endroit, à l’opposé du milieu urbain.”

Pour les saisons prochaines, le président rêve déjà d’une ascension du Montcalm (3 077 m). “Il faut y aller crescendo mais je pensais, dans deux ou trois ans peut-être, dormir au Pinet et faire l’ascension le lendemain.” Bruno Lacand pourrait aussi faire appel aux clubs de la région, Castanet, Blagnac, l’US Colomiers ou Luzenac, pour organiser des rencontres amicales de présaison. “Pour l’instant, on n’a jamais osé, mais c’est une idée.” Le premier match des joueurs du Hauts Lyonnais aura lieu le 23 août contre la réserve de l’AJ Auxerre et, à Auzat, certains garderont un œil sur leurs protégés de juillet.

“On n’attire pas beaucoup d’équipes”

La plaine des sports d’Auzat a été inaugurée en 2010.
La plaine des sports d’Auzat a été inaugurée en 2010.
DDM Archives.

Inaugurée en 2010, la plaine des sports d’Auzat a été construite sur le site de l’ancienne usine Péchiney, dédiée à la production d’aluminium, qui employait plus de 200 personnes avant sa fermeture en 2003. Plus de 3 800 000 euros d’investissement ont été nécessaires pour mener à bien ce projet de réemploi qui fait d’Auzat une des communes les mieux équipées du département en termes d’équipement sportif.

Ce site, aujourd’hui largement sous-exploité selon certains habitants, mais qui avait vocation à accueillir des formations sportives, a notamment été le premier en Ariège à acquérir une pelouse synthétique, adaptée aux zones de montagne car utilisable en toute saison, très résistante et facile d’entretien. Il propose également une salle de musculation avec 15 postes d’entraînement, un second terrain de foot engazonné, une salle d’escalade, trois terrains de tennis, une piste d’athlétisme, des vestiaires, des tribunes, une infirmerie, une salle de kinésithérapie, une salle de visionnage vidéo et une salle de réunion.

“On vient de faire une piscine de 25 mètres”, ajoute le maire Abdel El Yacoubi. “C’était un projet économique, mais on n’attire pas beaucoup d’équipes. On manque peut-être de visibilité”, regrette l’élu de 54 ans, peu loquace.

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