Des débris de drone à Stepnohirsk, en Ukraine le 18 juillet 2025. DMYTRO SMOLIENKO / NURPHOTO VIA AFP
La Lituanie a demandé ce mardi 5 août à l’OTAN de prendre des « mesures immédiates » pour renforcer sa défense aérienne après avoir révélé qu’un drone russe retrouvé sur son territoire la semaine dernière transportait des explosifs. « Le Nouvel Obs » fait le point sur la situation.
• Un drone militaire russe dans l’espace aérien lituanien
Le ministre des Affaires étrangères, Kestutis Budrys, a déclaré que lui et le ministre de la Défense, Dovile Sakaliene, avaient écrit au chef de l’OTAN, Mark Rutte, pour lui demander « des mesures immédiates afin de renforcer les capacités de défense aérienne de la Lituanie ».
A lire aussi
Entretien
Anastasia Chevtchenko : « Poutine n’hésitera pas à attaquer de nouveau et peut-être pas seulement l’Ukraine »
Le 28 juillet, « un drone militaire russe a violé l’espace aérien lituanien », a déclaré Kestutis Budrys sur le site X. Le drone, qui a été repéré par des témoins oculaires au-dessus de certains quartiers de Vilnius, la capitale du pays, a finalement été retrouvé dans une zone d’entraînement militaire le 1er août. « Lors de l’inspection de l’appareil, il a été constaté qu’il transportait un engin explosif, qui a été neutralisé avec succès sur place », a indiqué à la presse la procureure générale lituanienne Nida Grunskiene.
• L’hypothèse de l’accident
« L’une des principales hypothèses de l’enquête est que l’appareil sans pilote a pénétré accidentellement sur le territoire lituanien », a-t-elle dit soulignant que « d’autres théories font l’objet d’une enquête parallèle ». Les autorités lituaniennes pensent qu’il s’agit d’un drone Gerbera de fabrication russe, un type d’appareil habituellement utilisé comme leurre dans les frappes russes contre l’Ukraine.
A lire aussi
Décryptage
Quand la mémoire devient une arme politique, l’Ukraine doit se battre pour écrire son histoire
• Un deuxième incident en moins d’un mois
« Il s’agit du deuxième incident de ce type en moins d’un mois. Des violations similaires de l’espace aérien ont également été signalées récemment par d’autres alliés », a déclaré Kestutis Budrys ajoutant que « la menace est réelle et croissante ». Le ministre a également souligné que la Biélorussie, pays par lequel le drone est arrivé, avait la responsabilité de prévenir de tels incidents. « Si la Biélorussie ne prend pas de mesures pour minimiser les dommages potentiels de notre côté, la Lituanie répondra par des mesures politiques et autres », a-t-il déclaré.
• 1,1 milliard d’euros pour renforcer la protection de la frontière
En mai, la Lituanie avait déjà annoncé prévoir un budget de 1,1 milliard d’euros pour renforcer la protection de sa frontière avec la Russie et la Biélorussie, notamment avec des mines antichars. Ce nouvel effort financier, étalé sur 10 ans, permettra à la Lituanie de « bloquer et de ralentir les actions d’États hostiles », avait alors déclaré le ministère de la Défense dans un communiqué.
En janvier, la Lituanie avait annoncé son intention de consacrer chaque année cinq à six pour cent de son PIB à ses dépenses militaires entre 2026 et 2030. Le ministère a précisé que des « travaux intensifs » étaient en cours pour déterminer comment « assurer l’intégrité de la ligne de défense de la Baltique ». Il a ajouté que 800 millions d’euros, sur l’enveloppe totale de 1,1 milliard d’euros, seraient consacrés aux mines antichars.
A lire aussi
Récit
« Aujourd’hui, il n’y a que les pauvres qui font la guerre » : revenu du front ukrainien, Artem ne croit plus en rien
Dans le cadre des mesures prévues, la Lituanie va stocker des armes antichars et ériger d’autres fortifications près du « couloir de Suwalki », long d’environ 70 kilomètres, qui relie la Biélorussie, un allié de la Russie, à la région russe de Kaliningrad, le long de la frontière entre la Lituanie et la Pologne. La Lituanie prévoit d’approfondir les fossés d’irrigation qui pourraient servir de tranchées, de reboiser les zones frontalières et de planter des arbres sur les principales routes afin de protéger les civils et les militaires. Les mesures supplémentaires comprennent « des capacités de guerre électronique, des systèmes antidrones et le renforcement du système d’observation et d’alerte précoce », a déclaré le ministère.