August 3, 2025

Rugby : " Le plus simple, c’est de revenir à l’essence de la règle", dans l’intimité des échanges entre arbitres et staffs de Top14 et Pro D2 à Loudenvielle

l’essentiel
Pour la deuxième année consécutive, les entraîneurs de Top 14 et Pro D2 étaient conviés dans les Hautes-Pyrénées pour échanger avec les arbitres sur les nouvelles directives de la saison. Un échange studieux mais ludique.

Ça commence presque à devenir une habitude. Comme l’année dernière, les staffs de Top 14 et de Pro D2 ont afflué vers la vallée du Louron à la demande des arbitres pour échanger sur les nouveaux points d’arbitrage de la saison à venir. Et alors que 26 clubs avaient rallié Loudenvielle en 2024, mercredi et jeudi, ils étaient 29, à l’exception de Nevers, en plus des staffs nationaux U18, U20 et France VII, à avoir répondu à l’appel de Romain Poite et Mathieu Raynal.

Après avoir peaufiné leur discours en début de semaine, les hommes au sifflet ont reçu les clubs pour leur présenter plusieurs points clés, énumérés par l’ancien arbitre catalan : « les zones de rucks, le soutien défensif, les formations de maul, les défenses de ballons portés ». Et si les acteurs du rugby professionnel n’ont pas abordé les constructions de mauls hasardeuses des Sud-Africains en pleine phase de jeu, les sujets ont été légion.

Mais avant de s’épancher sur ces derniers, les arbitres ont fait leur propre autocritique. Si, dans l’ensemble, l’arbitrage français excelle de plus en plus, certains secteurs plafonnent. C’est notamment le cas des arbitres de touche.

« On est comme vous, quand on est nuls, on le dit et on lave le linge sale en famille »

PowerPoint à l’appui, Maxime Chalon, en charge du développement des arbitres de touche, a reconnu la faiblesse des arbitres à ce niveau-là. « Sur les arbitres de touche, on est nuls. Et nous, on est comme vous, quand on est nuls, on le dit et on lave le linge sale en famille. C’est un peu comme quand vous prenez 50 points le week-end et que vous débriefez le lundi ou le mardi matin. Vous êtes les premiers à critiquer les arbitres de touche, à ne pas avoir confiance en eux, et on vous comprend quand on analyse les performances », poursuit l’arbitre en appuyant ses propos avec des clips de décisions incohérentes. « Certes, certains de nos arbitres de touche sont bénévoles, mais bénévole ne veut pas dire amateur, donc on va faire élever le niveau de nos juges de touche sur les prochaines années », conclut le responsable sous les yeux rieurs et les sourires en coin des entraîneurs qui ne s’attendaient sans doute pas à un tel constat et à une telle franchise.

« Ça, c’est une bonne technique quand on joue au Stade Toulousain pour gagner du temps »

Passée la mise en revue des règles « simples », staffs et arbitres ont ensuite planché en commun sur certains axes en particulier. Premier débat : les positions d’ancrage dans les rucks. « Il faut qu’on se donne des observables pour l’arbitre du mieux possible », explique Mathieu Raynal avant de laisser place à la réflexion d’une dizaine de minutes. « Il faut vérifier la position des pieds », pour Pierre Brousset. Pour Ugo Mola (Stade Toulousain), c’est « la position du buste et le contrôle du poids du corps qu’il faut vérifier parce que des fois tu es bien placé et tu finis quand même par te faire n*****. »

Interrogé par l’arbitre rieumois, Benoît Baby (France VII) a, lui, apporté sa vision du VII. « Les Fidjiens, quand ils se placent sur les rucks, ils sont comme des étoiles, très bas sur le sol, et ça en devient impossible de contre-rucker. » Et si, dans ce groupe-là, le consensus a fini par vite arriver, ce n’est pas le cas de tous les groupes. « On n’a pas réussi à se mettre d’accord », répond Sébastien Tillious-Bordes (Montauban) à Mathieu Raynal. Les trois observables trouvés, l’ancien arbitre international a lancé le deuxième débat de l’après-midi : le soutien défensif qui tourne autour du ruck.

Avant de laisser la parole aux entraîneurs, Pierre Brousset a confié que pour les arbitres, « le plus simple, c’est de tout siffler. » Même son de cloche pour Ugo Mola : « Le plus simple, c’est de revenir à l’essence de la règle. » Ou pour Mauricio Reggiardo (Agen) : « Le rugby, c’est un sport de contact, il faut y aller frontalement, dans l’axe et gagner la collision. »

« Mais Mauricio, ça, c’est l’esprit du jeu argentin, pas celui du français », rétorque en riant aux éclats Benoît August (Dax) avant d’ironiser sur la différence entre les clubs. « Faire le tour comme ça des rucks, c’est une bonne technique quand tu joues au Stade Toulousain pour gagner du temps sur la sortie des ballons. »
La fin d’après-midi s’est terminée studieusement avec des débats tous plus technico-tactiques les uns que les autres, avant la traditionnelle photo devant le centre Valgora et en attendant de sûrement revenir l’année prochaine.

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