Plus de 160 personnes se sont rassemblées ce mercredi 24 juillet devant la prison de Lannemezan (Hautes-Pyrénées) en soutien à Georges Ibrahim Abdallah, le plus ancien détenu de France, libérable après 42 ans d’incarcération. Militant communiste libanais engagé pour la cause palestinienne, il doit être reconduit au Liban dans les prochaines heures. Georges Ibrahim Abdallah a quitté la centrale pénitentiaire de Lannemezan aux alentours de 4 heures du matin.
Drapeaux palestiniens au vent, et slogans engagés, ont rythmé le rassemblement organisé devant les grilles de la centrale pénitentiaire de Lannemezan, dans les Hautes-Pyrénées. Dans une ambiance empreinte de joie et de soulagement, plus de 160 personnes se sont réunies ce 24 juillet pour fêter la libération imminente de Georges Ibrahim Abdallah, incarcéré depuis 42 ans.

Des membres du collectif pour la libération de Georges Abdallah des Hautes-Pyrénées, mais aussi des militants de la CGT, du Parti communiste, et diverses organisations politiques de gauche ont pris la parole tour à tour. “Tu seras toujours notre boussole dans le combat”, ont scandé les “camarades”, visiblement émus. Beaucoup ont profité de l’occasion pour dénoncer le sort de la population palestinienne à Gaza, qualifié par la plupart de “génocide.”

La libération de Georges Ibrahim Abdallah a été prononcée la semaine dernière par la cour d’appel de Paris, qui a jugé “disproportionnée” la durée de détention au regard des faits reprochés. Condamné en 1987 à la réclusion criminelle à perpétuité pour complicité dans l’assassinat de deux diplomates américain et israélien à Paris en 1982, le fondateur des FARL (Fractions armées révolutionnaires libanaises) a toujours nié son implication dans ces crimes.
À lire aussi :
Le militant libanais Georges Abdallah, en prison depuis 1984 en France, libéré par la justice
Libérable depuis 1999, Abdallah a vu plus d’une dizaine de demandes de libération refusées au fil des années. Le pourvoi en cassation du parquet général de Paris, annoncé quelques jours après l’arrêt de la cour d’appel de Paris, ne pouvait remettre en cause sa libération. Cependant, le mystère demeurait sur l’heure exacte de sa sortie ce 25 juillet.
Un dispositif au secret
“C’est une victoire de la justice dans notre pays qui se revendique être celui des droits de l’Homme”, a réagi Daniel Larregola, responsable du collectif de soutien bigourdan, qui espérait recevoir un appel de celui qui est encore détenu pour quelques heures.
À lire aussi :
Libération de Georges Abdallah : le parquet général forme un pourvoi, pas d’incidence sur son départ de France
Présent au rassemblement, l’avocat de Georges Abdallah, Me Jean-Louis Chalanset (qui a repris sa défense après le décès de Me Jacques Vergès), s’est dit “profondément soulagé” après plus de 12 ans de combat judiciaire. Mais l’avocat s’est montré également critique envers l’État français : “À ce jour, le ministère de l’Intérieur refuse de me donner des informations concrètes sur les modalités de sa reconduite. Je ne suis en lien qu’avec l’ambassade du Liban.”

Selon lui, Georges Ibrahim Abdallah devrait être transféré à Roissy, par les airs ou la route, pour prendre un vol civil ou militaire à destination de Beyrouth. Probablement samedi, après un passage de quelques heures en centre de rétention administrative. “Cela est tout à fait illégal puisqu’aucun arrêté d’expulsion n’a finalement été pris. Il quitte donc la France de son plein gré. Seulement, tout est fait pour qu’il ne puisse pas apparaître libre en public, ni s’exprimer devant les caméras”, déplore Me Chalanset, qui assure que son client “reste surtout inquiet pour ses proches et la situation au Liban, bien plus que pour son propre sort.”
Georges Ibrahim Abdallah a quitté la centrale pénitentiaire de Lannemezan aux alentours de 4 heures du matin à bord d’un convoi sécurisé à destination de l’aéroport de Tarbes Lourdes Pyrénées, avant Paris et un vol pour Beyrouth.