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Le Nouvel Obs avec AFP
Eric Berton (à gauche), président d’Aix-Marseille Université en compagnie de l’ex-président François Hollande, lors d’une table-ronde sur la création d’un statut de « réfugié scientifique », à Marseille, le 19 juin 2025. ALAIN ROBERT/SIPA / ALAIN ROBERT/SIPA
L’Université d’Aix-Marseille accueillera à la rentrée prochaine 31 chercheurs américains, menacés dans leur liberté académique par la politique de Donald Trump, dans le cadre de son programme « Safe place for science », a annoncé ce vendredi 18 juillet son président Eric Berton sur France-Inter.
Au 31 mars, date-limite des candidatures, Aix-Marseille Université (AMU) avait reçu 300 dossiers, et au total 600 chercheurs américains ont exprimé le souhait de venir travailler au sein de l’université marseillaise, l’une des plus importantes de France en nombre d’étudiants (80 000, dont 12 000 internationaux).
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Les 31 chercheurs sélectionnés « sont des profils seniors, des professeurs de haut niveau », qui travaillent dans les sciences environnementales, dans les domaines des humanités (études de genre, histoire, géographie), de la biologie, la santé, l’épidémiologie, l’immunologie, et « plus surprenant, des collègues qui viennent de la Nasa et vont nous rejoindre dans nos laboratoires d’astrophysique », a ajouté le président d’AMU.
Une « lueur d’espoir »
« Le plus dur dans cet épisode, ce sont les messages poignants des gens qu’on n’a pas pris », a-t-il déclaré, estimant toutefois que « ces collègues vont pouvoir aussi trouver des solutions dans les autres universités françaises et en Europe » grâce au programme « Choose France » et à des bourses européennes.
« Ils ont des pressions, les banques de données des collègues qui travaillent dans le domaine du climat sont parfois effacées, ils ne peuvent plus travailler, mais on leur demande de justifier leur salaire, ce qui est assez cocasse », a affirmé Eric Berton.
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« Ce qui se passe aux Etats-Unis, ça influence le monde entier » : en France, « des programmes sont arrêtés parce qu’aux Etats-Unis c’est arrêté. Il faut se montrer à la hauteur de l’événement. Ce qui se passe aux Etats-Unis, c’est l’antiscience, c’est l’arrivée de l’obscurantisme. C’est l’honneur de l’université française d’amener une lueur d’espoir à ces collègues », a-t-il souligné.
Le président d’AMU, qui défend au côté de l’ancien président François Hollande un statut de « réfugié scientifique », a rappelé que l’université Aix-Marseille accueillait également « 25 collègues qui viennent d’Iran, du Liban, d’Ukraine, de Palestine ».
« Au même titre qu’un opposant politique, le scientifique peut gêner le pouvoir en place, quand (celui-ci) est climatosceptique par exemple », a-t-il souligné.
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