Les agriculteurs des Hautes-Pyrénées ont convergé vers le sanctuaire de Lourdes avec 50 tracteurs. En quête de soutien spirituel face à une crise agricole sévère, ils ont prié pour un miracle. Leur mobilisation se poursuit.
C’est une arrivée pour le moins tonitruante à laquelle ont assisté les visiteurs du sanctuaire de Lourdes, ce dimanche. À l’appel des agriculteurs de la Coordination rurale des Hautes-Pyrénées, plus de 150 personnes, agriculteurs et soutiens, ont quitté ponctuellement le rond-point de Séméac qu’ils occupent depuis une dizaine de jours, pour se rendre à la grotte de Lourdes à bord d’une cinquantaine de tracteurs.

“Nous les accueillons volontiers pour la prière du chapelet afin qu’ils puissent adresser leurs prières à la Vierge Marie, compte tenu des souffrances qu’ils traversent”, a déclaré le recteur du Sanctuaire, le père Michel Daubanes. Ce dernier a accueilli ce cortège singulier sur le parking de la Prairie, habituellement réservé aux bus de pèlerins. “Je comprends que lorsque l’on souffre, il est important de pouvoir l’exprimer. Et lorsque l’on est croyant, cela a du sens de confier ses souffrances et sa colère à celui en qui l’on croit. Je suis pleinement solidaire et je prie aujourd’hui avec eux.”

Une fois les tracteurs stationnés, les agriculteurs se sont dirigés, dans un silence de plomb, en direction de la grotte. De nombreuses prières ont été prononcées en leur nom. “Nous confions à notre Mère du ciel la détresse psychologique et les angoisses de nos sœurs et frères éleveurs et agriculteurs, qui voient leur travail et leurs efforts anéantis par une crise grave. Ô Marie, vois et entends leur souffrance”, a supplié un prêtre du sanctuaire, devant une foule émue et rassemblée sous une pluie battante. Et de s’adresser à eux pour les rassurer : “Gardez l’espérance, car Dieu n’abandonne jamais ceux qui travaillent la terre.”
Au même moment, une opération escargot qui a rassemblé 35 tracteurs, organisée par les Jeunes agriculteurs du 65, était en cours entre Lannemezan et Arreau.
“Vivre de notre métier”

À Lourdes, le cortège de la Coordination rurale s’est ensuite dirigé vers les brûloirs à cierges afin d’y déposer une flamme. “Pour nous, ça a vraiment du sens, car aujourd’hui on attend vraiment un miracle”, confie Christophe Clouté, céréalier et membre de la Coordination rurale. “Je suis mobilisé depuis une dizaine de jours par solidarité avec les éleveurs. On est tous dans le même bateau. Entre les maladies, comme la dermatose, et les contraintes liées au Mercosur, les difficultés s’accumulent et on ne nous entend pas.”

Selon lui, cette initiative est née de la rencontre, dans la semaine, entre un prêtre et plusieurs agriculteurs présents sur le point de blocage de Séméac. “On s’est tous motivés, et tout le monde était partant. Nous sommes environ 150 personnes de la Coordination rurale, rejoints par les Jeunes Agriculteurs des Hautes-Pyrénées. Ce que nous demandons, c’est simplement de pouvoir vivre de notre métier.” À l’issue de la prière, une délégation de la Coordination rurale était attendue à l’hôtel de ville de Lourdes, sur invitation du maire Thierry Lavit.

Avant le départ, le prêtre du sanctuaire a béni chaque tracteur ainsi que les troupeaux des éleveurs de façon symbolique, grâce à une vache factice que les agriculteurs avaient convoyée jusqu’à la grotte. Les engins ont ensuite repris la route du rond-point de Séméac, où les agriculteurs comptent désormais passer le réveillon de Noël.

