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Le Nouvel Obs avec AFP
Le 8 février 2022, Emmanuel Macron et Vladimir Poutine en conférence de presse après leur rencontre au Kremlin SERGEY GUNEEV/SPUTNIK/SIPA
La présidence française a jugé « bienvenu » ce dimanche 21 décembre que Vladimir Poutine se dise « prêt » à dialoguer avec son homologue Emmanuel Macron, ajoutant qu’elle aviserait « dans les prochains jours » selon quelles modalités cela pourrait se faire.
« Il est bienvenu que le Kremlin donne un accord public à cette démarche. Nous aviserons dans les prochains jours sur la meilleure manière de procéder », a indiqué l’Elysée.
La présidence française a toutefois aussi souligné que toute discussion avec Moscou se ferait « en toute transparence » avec le président ukrainien Volodymyr Zelensky et les Européens et que son objectif restait d’obtenir une « paix solide et durable » pour les Ukrainiens.
Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a déclaré dans la nuit de samedi à dimanche que Vladimir Poutine était « prêt au dialogue » avec son homologue français, qui avait lui-même fait un pas en ce sens vendredi à l’issue d’un sommet européen à Bruxelles.
Ne pas laisser les Etats-Unis négocier seuls avec la Russie
« L’invasion de l’Ukraine et l’obstination du président Poutine ont mis fin à toute possibilité de dialogue » ces trois dernières années, a relevé l’Elysée. « Dès lors que la perspective d’un cessez-le-feu et d’une négociation de paix se précise, il redevient utile de parler à Poutine », a-t-elle toutefois ajouté.
Emmanuel Macron a jugé vendredi qu’il allait « redevenir utile » pour les Européens de parler à Vladimir Poutine, plutôt que de laisser seuls les Etats-Unis à la manœuvre dans les négociations pour mettre fin au conflit en Ukraine.
« Je pense que nous, Européens et Ukrainiens, on a intérêt à trouver le cadre pour réengager cette discussion en bonne et due forme. Sinon, on discute entre nous avec des négociateurs qui vont seuls discuter avec les Russes, ce qui n’est pas optimal », a-t-il insisté.
Emmanuel Macron et Vladimir Poutine avaient eu un échange téléphonique le 1ᵉʳ juillet dernier, le premier en près de trois ans. Mais ils n’avaient alors pu que constater leurs divergences.
Des pourparlers menés par Steve Witkoff, l’envoyé spécial de Donald Trump, et Jared Kushner, le gendre du président américain, ont lieu ce week-end en Floride avec les envoyés ukrainiens et européens d’une part, et l’émissaire russe Kirill Dmitriev, arrivé samedi, d’autre part.
Le Kremlin a toutefois affirmé ce dimanche qu’une rencontre commune des émissaires américains, ukrainiens et russes n’était « pas en préparation ». « Pour l’instant, personne n’a parlé sérieusement de cette initiative, et elle n’est pas en cours de préparation, à ma connaissance », a déclaré à la presse le conseiller diplomatique de la présidence russe, Iouri Ouchakov, cité par des agences de presse russes.
Pas de rencontre trilatérale
Volodymyr Zelensky avait affirmé samedi que Washington avait proposé d’organiser une rencontre trilatérale, citant Roustem Oumerov, l’un des négociateurs clé de Kiev qui s’est rendu vendredi à Miami.
Kirill Dmitriev a affirmé que « les discussions se déroulent de manière constructive » avec Witkoff et Kushner et continueront dimanche, selon les agences de presse russe.
Si une table ronde réunissant toutes ces parties n’était pas initialement prévue, le président ukrainien a évoqué samedi la possibilité de négociations directes entre l’Ukraine et la Russie, proposées selon lui par les États-Unis. Il s’agirait d’une première depuis six mois.
Il a cependant ajouté qu’il n’était « pas sûr que quoi que ce soit de nouveau n’en émerge », alors que de précédentes rencontres en Turquie cet été n’avaient abouti qu’à des échanges de prisonniers.
L’inclusion directe des Européens constitue une nouveauté par rapport aux précédentes réunions qui avaient eu lieu récemment entre Ukrainiens et Américains à Genève, Miami et Berlin. Samedi, Volodymyr Zelensky avait appelé Washington à accentuer la pression sur la Russie. « Les États-Unis doivent dire clairement : s’il n’y a pas de voie diplomatique, alors il y aura une pression totale », a-t-il déclaré à la presse à Kiev.
Des « progrès » selon Zelensky
Vladimir « Poutine ne sent pas encore le genre de pression qui devrait être mise en œuvre », a-t-il poursuivi, jugeant que seuls les Américains étaient capables de persuader la Russie d’arrêter le conflit en Ukraine, qui dure depuis près de quatre ans. « Je pense que les États-Unis et le président Trump ont cette force. Et je pense que nous ne devrions pas chercher d’alternatives aux États-Unis », a martelé Volodymyr Zelensky.
Les pourparlers pour mettre fin au conflit se sont accélérés ces dernières semaines.
Volodymyr Zelensky a à cet égard mentionné des « progrès » dans les discussions entre Kiev et Washington sur le plan proposé il y a plus d’un mois par les États-Unis. Ce texte initial, perçu comme étant largement favorable au Kremlin, a depuis été remanié à la suite de consultations avec les Ukrainiens.
Les détails de la nouvelle mouture ne sont pas connus mais, selon le président ukrainien, elle implique des concessions territoriales de la part de l’Ukraine en échange de garanties de sécurité occidentales.
Le chef de la diplomatie américaine Marco Rubio a promis qu’aucun accord ne serait imposé aux Ukrainiens ni aux Russes.
Les frappes russes continuent
Tandis que les tractations diplomatiques se poursuivent, l’armée russe continue de frapper l’Ukraine, où elle a provoqué samedi un important incendie dans le plus grand terminal d’huile végétale du pays, à Odessa, faisant un mort. « Au cours de la semaine dernière, la Russie a lancé environ 1 300 drones d’attaque, près de 1 200 bombes aériennes guidées et 9 missiles de différents types contre l’Ukraine », la région d’Odessa et le sud du pays ayant été « particulièrement touchés », a précisé ce dimanche sur X Volodymyr Zelensky.
Samedi, Moscou a affirmé avoir pris deux villages dans les régions de Soumy (nord) et Donetsk (est). L’Ukraine a quant à elle fait état de la destruction de deux avions de combat russes sur un aérodrome situé dans la péninsule de Crimée occupée.

