La réhabilitation d’une ancienne abbaye à Saint-Pé-de-Bigorre par les chrétiens d’Orient prend forme. Un projet ambitieux de 15 à 20 millions d’euros, déjà partiellement réalisé, doit donner une nouvelle vie à ce site historique.
Au cœur du village de Saint-Pé-de-Bigorre, juste derrière l’église, se trouve un site gigantesque de 30 000 m2, tombé à l’abandon depuis le début du siècle. La plupart le nomment le petit séminaire, d’autres l’institution Saint-Pierre, tandis que les plus connaisseurs rappellent qu’il s’agit d’une ancienne abbaye fondée il y a plus de 1 000 ans… Un lieu millénaire, devenu une véritable ruine, que les chrétiens d’Orient ont décidé de réhabiliter afin de lui donner une nouvelle vie.
“C’est le premier bien acquis par les maronites en France, sur décision de notre évêque, présente Michel Rahmé, responsable du projet de rénovation. Nous sommes tombés amoureux de ce lieu et de la région. Le restaurer à l’identique, c’est notre manière de respecter l’histoire et de dire merci à la France de nous avoir accueillis il y a plus de 100 ans maintenant.”
Un peu d’histoire
À l’origine, ce site est l’abbaye bénédictine autour de laquelle s’est construit le village de Saint-Pé-de-Bigorre dès le XIe siècle. Puis, au XIXe siècle, le lieu a été racheté et transformé en un petit séminaire afin d’y préformer des prêtres. Lorsque le petit séminaire a été délocalisé dans les années 1950, il ne restait alors plus que le pensionnat, à savoir l’institution (ou lycée) Saint-Pierre, qui a elle-même migré à Tarbes en 1999. Depuis, l’ancienne abbaye était à l’abandon, livrée aux affres du temps… Jusqu’en 2017 où les chrétiens d’Orient se sont positionnés pour acheter le site avant de commencer, lentement mais sûrement, à le réhabiliter depuis 2021 par l’intermédiaire de l’association “Authenticité et Mission”.
“L’objectif initial du projet était d’avoir un centre de rassemblement pour les maronites en France, souligne Michel Rahmé. Mais, progressivement, l’idée s’est élargie… Il a notamment été décidé de créer une hôtellerie sur place et de développer un projet agro-alimentaire, avec une cuisine centrale alimentée en grande partie par les produits cultivés sur les 30 000 m2 de terrain.”
Déjà cinq emplois créés
Il s’agit ici de la première phase de réhabilitation, chiffrée à 2,50 M€ et intégralement financée par un don d’un “amoureux du lieu”. Les travaux de l’hôtel (équivalent trois étoiles) seront achevés pour le mois de mars et ses douze chambres seront alors ouvertes aux touristes ou aux pèlerins de passage dans la région.

Concernant la cuisine professionnelle, celle-ci est déjà opérationnelle depuis plus de deux ans : c’est le chef libanais Marc Ghaoui qui en assure la gestion avec sa société “Ô Fil des Cèdres”, qui propose notamment des prestations traiteur pour des mariages et autres évènements. Dernièrement, un partenariat a même été noué avec l’usine Seb de Lourdes afin de faire la cuisine du restaurant d’entreprise. “Cette activité de restauration a déjà permis de créer cinq emplois. Et on pense passer à dix employés l’an prochain”, note Michel Rahmé.
Encore beaucoup à faire
Voilà pour ce qui est de la première phase du projet, désormais bientôt achevé. Mais il y a encore beaucoup à faire pour rénover l’ensemble des bâtiments de l’ancien petit séminaire (13 000 m2 de bâti). À plus long terme, l’association “Authenticité et Mission” prévoit notamment de créer un espace pour les jeunes chrétiens d’Orient qui fuient leur pays ; de concevoir des habitats intergénérationnels à destination de familles et seniors aux moyens limités ; ou encore de concevoir un centre culturel composé d’un musée (sur l’histoire du site et celle des maronites), d’une bibliothèque et d’un amphithéâtre.

“C’est un projet très ambitieux pour Saint-Pé, chiffré entre 15 et 20 M€, dévoile Michel Rahmé. On pourra le mener à bien si on arrive à le financer… Pour cela, il va falloir convaincre des banques, en plus des fonds privés et des dons que nous percevons. Le projet peut paraître fou mais, aujourd’hui, il prend forme avec un hôtel et la cuisine centrale, alors que personne n’y croyait au départ. Finalement, ce n’est peut-être si fou que ça…”

