Vladimir Poutine lors de sa conférence de presse annuelle, à Moscou, le 19 décembre 2025. ALEXANDER NEMENOV / AFP
Le président russe Vladimir Poutine s’est exprimé lors de sa conférence de presse annuelle retransmise à la télévision, ce vendredi 19 décembre. A cette occasion, il a évoqué un vaste spectre de sujets allant de la géopolitique et l’économie aux préoccupations concrètes de la population et problèmes locaux.
Comme les années précédentes, il était très attendu sur l’offensive russe en Ukraine, commencée en février 2022, mais aussi sur ses relations avec le président américain Donald Trump, ou encore l’escalade des tensions avec les Européens. « Le Nouvel Obs » fait le point.
• L’Occident a « trompé » Moscou
Vladimir Poutine a affirmé que la Russie n’entendait pas lancer d’hostilités contre d’autres pays à condition qu’elle soit « traitée avec respect » et a accusé l’Occident d’avoir « trompé » Moscou en continuant d’élargir l’Otan. « Il n’y aura aucune opération si vous nous traitez avec respect et respectez nos intérêts », a-t-il déclaré, alors qu’on lui demandait s’il y aurait « de nouvelles opérations militaires spéciales », le nom donné par la Russie à son offensive en Ukraine, à l’avenir.
Le président russe a prévenu que l’utilisation des avoirs russes pour financer l’Ukraine pourrait « avoir des conséquences lourdes », après un sommet des 27 jeudi sur le sujet qui n’a pas abouti à un accord. « C’est un braquage. Mais pourquoi ce n’est pas possible de commettre ce braquage ? Parce que les conséquences peuvent être très lourdes », a-t-il lancé.
• Des « avancées » sur le front
Le président russe s’est félicité des récents gains territoriaux de son armée en Ukraine, assurant que les forces russes « avancent sur tout le front », alors que d’intenses efforts diplomatiques menés par les Etats-Unis sont déployés pour mettre fin à la guerre. « Nos troupes avancent sur toute la ligne de contact (…), l’ennemi recule dans toutes les directions », a-t-il déclaré.
« Je suis sûr qu’avant la fin de cette année, nous assisterons encore à de nouveaux succès », a-t-il encore dit pendant cette émission, qui combine conférence de presse et réponse aux questions de la population. Les forces russes ont accéléré cette année leurs avancées en Ukraine, dont elles contrôlent environ 19 % du territoire.
Mercredi, Vladimir Poutine a une nouvelle fois martelé que les objectifs de la Russie en Ukraine seraient « sans aucun doute atteints », que ce soit par la voie diplomatique ou par des moyens militaires. Il a aussi eu un ton très dur envers les dirigeants européens, qu’il a qualifiés de « porcelets » qui ambitionnent de provoquer « l’effondrement » de la Russie.
• La Russie « pas responsable » de la guerre
Interrogé par un journaliste américain sur sa responsabilité personnelle dans le conflit le plus sanglant sur le sol européen depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, Vladimir Poutine a répondu : « Nous ne nous considérons pas responsables de la mort des gens, parce que nous n’avons pas commencé cette guerre. » Avant d’imputer une nouvelle fois sa survenue aux autorités ukrainiennes.
Le chef de l’Etat a jugé que c’était désormais à Kiev et à ses alliés européens d’accepter qu’il soit mis fin aux hostilités, Moscou ayant déjà fait des « compromis » au cours de pourparlers avec les Américains. Pour lui, « la balle est dans le camp » de l’Ukraine et des Occidentaux dans les négociations visant à mettre fin à la guerre. « La balle est entièrement dans le camp de nos adversaires occidentaux, les dirigeants du régime de Kiev et leurs sponsors européens en premier lieu », a-t-il assuré. Il s’est dit prêt « à négocier et à mettre fin au conflit par des moyens pacifiques ».
• La possibilité d’interrompre les frappes en profondeur en cas de présidentielle en Ukraine
Vladimir Poutine a indiqué que la Russie pourrait interrompre ses frappes en profondeur en Ukraine le jour de la présidentielle si Kiev décidait d’organiser ce scrutin. « Nous sommes prêts à réfléchir à la manière d’assurer la sécurité lors des élections en Ukraine, au moins en cessant, en nous abstenant de mener des frappes en profondeur sur le territoire le jour du scrutin », a-t-il déclaré.
• Poutine va « se renseigner » sur l’affaire du prisonnier Laurent Vinatier
Vladimir Poutine a indiqué qu’il allait se pencher sur l’affaire du chercheur français Laurent Vinatier, emprisonné en Russie depuis juin 2024 et qui pourrait être jugé pour « espionnage ». Interrogé lors de sa conférence de presse, il a affirmé « ne rien savoir » de cette affaire et en entendre parler pour la première fois. « Je vous promets que je vais me renseigner. Et s’il y a la moindre chance de résoudre cette question de manière positive, si la loi russe le permet, nous ferons tout notre possible », a-t-il ajouté.
Laurent Vinatier a été condamné en octobre 2024 à trois ans de prison pour ne pas s’être enregistré en tant qu’« agent de l’étranger », alors qu’il collectait des « informations militaires » pouvant être « utilisées contre la sécurité » de la Russie. L’intéressé avait reconnu les faits, mais plaidé l’ignorance. En août, il avait comparu devant un tribunal russe pour des accusations d’« espionnage » qui, si elles étaient confirmées, risqueraient d’alourdir considérablement sa peine. L’enquête a été prolongée et il pourrait connaître un nouveau procès pour espionnage fin février 2026, selon son avocat français.

