December 17, 2025

Colère des agriculteurs : "On nous prend pour des guignols…" opération nocturne coup de poing dans les Pyrénées

l’essentiel
La grogne paysanne grandit en Ariège. En réaction à un discours jugé insuffisant de la ministre de l’Agriculture, les agriculteurs ont mené une opération coup de poing à Saint-Girons dans la nuit de mardi à mercredi 17 décembre 2025. Déterminés, ils promettent de maintenir la pression tant que leurs revendications resteront sans réponse.

La mobilisation des agriculteurs a franchi un nouveau seuil en Ariège. Déjà engagés depuis plusieurs jours dans un bras de fer avec l’État, les paysans ont durci leur action après un discours de la ministre de l’agriculture qui n’a pas répondu, selon eux, à leurs revendications. Dans la nuit du mardi 16 au mercredi 17 décembre, une opération coup de poing menée à Saint-Girons est venue illustrer cette montée de tension.

Depuis vendredi soir, le blocage de la route nationale 20 se poursuit au niveau du rond-point de Sabart, à Tarascon-sur-Ariège. Mais c’est à plusieurs dizaines de kilomètres de là, dans le Couserans, que la colère s’est exprimée avec le plus de vigueur ce mardi 16 décembre 2025. Entre 22 heures et 3 heures du matin, une centaine d’agriculteurs, mobilisant une cinquantaine de tracteurs et une quarantaine de bennes, ont sillonné Saint-Girons pour déverser du fumier sur des axes jugés stratégiques : ronds-points, sorties de la ville et voies principales.

Ils étaient plus d’une centaine d’agriculteurs à Saint-Girons en Ariège.
Ils étaient plus d’une centaine d’agriculteurs à Saint-Girons en Ariège.
B.P

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“Ça s’est organisé au dernier moment”

“Ça s’est organisé au dernier moment, personne n’était informé, ni même les autorités”, explique Baptiste Pujol, président des Jeunes agriculteurs (JA) du canton du Couserans et vice-président départemental. Selon lui, l’action visait à renforcer la mobilisation en cours à Tarascon, alors que les manifestants redoutent une évacuation imminente du site bloqué. “L’idée n’était pas de refaire la même chose, mais de faire bouger les troupes et de dire aux gens de se mobiliser encore plus là-bas, car on promet de nous faire dégager sans rien nous donner de plus”, ajoute-t-il.

Si la mobilisation s’intensifie, c’est aussi en réaction à une rencontre jugée décevante avec la ministre. Alexis Cabanié, secrétaire général des JA de l’Ariège, a tenté de porter les revendications du terrain directement auprès d’Annie Genevard, la ministre de l’Agriculture. Une démarche qui n’aurait pas trouvé l’écho espéré. “On nous a presque envoyés promener. Ce ne sont pas les réponses qu’on attendait, on nous prend pour des guignols”, s’emporte Baptiste Pujol. Et de résumer un sentiment largement partagé dans les rangs agricoles : “Aujourd’hui, on nourrit la France, et demain, on va crever.”

“Cette fois, on a le soutien de l’opinion publique”

Malgré les perturbations causées par les blocages routiers, les agriculteurs semblent bénéficier d’un soutien massif de la population locale. “Cette fois, on a le soutien de l’opinion publique. Les gens s’arrêtaient pour nous demander de quoi nous avions besoin. Des restaurateurs nous ont proposé des pizzas”, raconte le responsable syndical, évoquant une solidarité qui contribue à maintenir la mobilisation.

Un cercueil offert par les pompes funèbres.
Un cercueil offert par les pompes funèbres.
B.P

Certains soutiens ont pris une dimension plus symbolique encore. Des pompes funèbres ont ainsi fourni un cercueil, accroché par les manifestants sur un tracteur. “Si ça continue, on va crever”, résume Baptiste Pujol, dans une mise en scène destinée à alerter sur la situation économique jugée intenable du monde agricole.

Alors que le gouvernement appelle à l’apaisement, les agriculteurs ariégeois, eux, semblent déterminés à poursuivre le mouvement tant que des réponses concrètes ne seront pas apportées à leurs revendications.

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