Le président ukrainien Volodymyr Zelensky lors d’un Conseil de défense spécial de l’Union européenne, le 6 mars 2025. NICOLAS TUCAT / AFP
Plusieurs dirigeants européens et le président ukrainien Volodymyr Zelensky s’apprêtent à rencontrer ce week-end des 13 et 14 décembre l’émissaire américain Steve Witkoff à Berlin. Avec un sujet brûlant : la question d’une éventuellement cession de territoires ukrainiens à la Russie.
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L’idée figure dans le plan de paix imaginé par les Américains pour régler le conflit déclenché par l’invasion russe à grande échelle de février 2022. Depuis plusieurs semaines, Kiev et ses alliés tentent d’amender ce plan favorable à Moscou. Un timing qui commence à agacer le président américain Donald Trump qui pousse l’Ukraine à faire des concessions majeures.
Selon Volodymyr Zelensky, Washington veut que les forces ukrainiennes se retirent de la partie de la région de Donetsk, située à l’est de l’Ukraine, qu’elles contrôlent encore et qui est censée devenir une « zone économique libre » démilitarisée, sans demander la même chose aux troupes d’occupation.
Une DMZ le long de la ligne de front ?
En échange, l’armée russe se retirerait de toutes petites zones conquises par elle dans les régions de Soumy au nord, celle de Kharkiv au nord-est et celle de Dnipropetrovsk au centre-est du pays mais conserverait des territoires plus larges dans celles de Kherson et de Zaporojia, situés au sud.
Jeudi, un conseiller du président Volodymyr Zelensky, Mikhaïlo Podoliak a déclaré au journal « Le Monde » qu’« une zone démilitarisée devra exister de part et d’autre de la ligne » de front et qu’une partie du territoire « restera malheureusement sous occupation de facto de la Russie ». « C’est un format naturel de fin de conflit », se résignait Mikhaïlo Podoliak. Et de poursuivre : « Il faut définir clairement et précisément quels volumes et quelles missions seront confiés aux tiers »
Des déclarations contredites quelques heures plus tard par la présidence française. « Les Ukrainiens n’ont pas fait de deal sur les territoires, n’envisagent pas aujourd’hui de deal sur les territoires, n’envisagent pas de DMZ (zone démilitarisée) », a insisté un conseiller du président Emmanuel Macron.
Des garanties de sécurité demandées par les Européens
Avant toute négociation territoriale, les Européens et Ukrainiens ont demandé aux Américains des « garanties de sécurité » qui seraient prévues en cas de nouvelle offensive russe, a déclaré la présidence française.
Un haut responsable a pour sa part dit à l’Agence France presse (AFP) qu’une adhésion de l’Ukraine à l’Union européenne dès 2027 était envisagée dans le plan américain. Une telle adhésion, en à peine plus d’un an, semble cependant peu probable du fait de la possible opposition, entre autres, d’Etats membres de l’UE aux relations tendues avec l’Ukraine, comme la Hongrie.
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Les Européens et Ukrainiens demandent aux Américains de leur apporter des « garanties de sécurité » avant toute négociation avec les Russes sur les questions territoriales, a déclaré vendredi soir la présidence française. « Il faut une pleine visibilité sur les garanties de sécurité que peuvent donner les Européens et les Américains aux Ukrainiens avant tout aménagement sur les questions territoriales contentieuses », a fait valoir l’Elysée.
« Les attentes des Européens à l’égard des Américains […] ça peut ressembler à ce qu’on appelle un peu facilement une sorte d’“article cinq” [comme à l’Otan, NDLR], c’est-à-dire une garantie américaine pour ceux qui participent à la coalition des volontaires », a souligné un conseiller du président français Emmanuel Macron.
La coalition des volontaires réunit une trentaine de pays prêts à aider l’armée ukrainienne à se renforcer et, pour certains d’entre eux, à participer à une force de « réassurance » en Ukraine, une fois un cessez-le-feu conclu, pour prévenir toute nouvelle offensive russe.
Cette garantie américaine devra apporter « toute (la) clarté, toute (la) visibilité pour les Russes que s’ils envisagent d’agresser à nouveau l’Ukraine, ils devront faire face aux Européens et aux Ukrainiens mais aux Américains aussi », a martelé le conseiller.

